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12 mai 2015 2 12 /05 /mai /2015 22:13

Autant l'avouer tout de go, on aime bien Cannes. Pas sûr qu'on verra tous les films dont on parle mais le bruit qui est fait autour d'eux est une douce chanson de mai. Et puis la Croisette, au bout de son tapis coquelicot, c'est un peu la métaphore de l'été à venir, avec rêveries de farniente et désirs d'évasion. Moteur(s)! Le palmarès, on s'en fiche un peu. C'est une affaire trop sérieuse pour être confiée aux dilettantes que nous sommes.

Au juste, qui fut couronné d'or l'année dernière? Il est bien possible qu'on ne s'en souvienne déjà plus. C'est que l'invention des frères Lumière, celle qui jadis nous fascina tant, se décline désormais à tous les niveaux, à l'heure de l'image omniprésente. Et tant pis si de la dernière superproduction franco-cubaine qu'on vient de nous projeter nous ne retiendrons qu'une seule scène. Un homme bien mis et tout sourire serrant la main d'un vieillard en survêtement Adidas sur chemise à carreaux. Il y a de l'abbé Pierre dans ce barbu qui salue son hôte. Champ, contrechamp, zoom avant. Godard avait raison: "Le cinéma c'est vingt-quatre fois la vérité par seconde".

François Hollande maîtrise à fond la technique. Quand il force le destin pour rencontrer Fidel Castro, il sait bien que cela porte un nom. Du cinéma. Et pareil pour son interlocuteur avec sa réplique sur les articulations du genou et de l'épaule. Qu'on le veuille ou non, c'est comme ça. Cannes ou pas, le monde est devenu un perpétuel tournage. Et comme on dit là-bas, dans l'île caribéenne, entre deux volutes de cigares de magnats de la mise en scèn, à chacun son Raul! D.P.

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10 mai 2015 7 10 /05 /mai /2015 23:20

C'est un joli coup que s'apprête à réaliser François Hollande, au lendemain de l'inauguration en Guadeloupe du vaste mémorial consacré à l'esclavage. En grillant la politesse à Barack Obama, il sera, en effet, ce lundi, le premier chef d'Etat d'Europe de l'Ouest - à l'exception de Jean Paul II - à effectuer une visite officielle à Cuba. Et a fortiori le premier français. Certes, François Mitterrand, qui, par l'entremise de sa femme Danielle, avait reçu à l'Elysée le lider Maximo à la fin de son second mandat, s'était bien rendu là-bas mais c'était en 1974 et il n'était alors que premier secrétaire du PS. Si le but du président français, à l'heure de la normalisation en marche à La Havane, se veut essentiellement économique, il s'inscrit aussi, et peut-être en priorité, dans une vaste démarche diplomatique qu'il est difficile de ne pas considérer comme une façon de masquer les échecs nationaux. Et il est peu probable que les sondages soient dupes d'une telle initiative. En cédant à cette tentation d'une île - et pas n'importe laquelle -, François Hollande désire d'abord, c'est une évidence, graver ce déplacement dans l'histoire. Et c'est sans doute à cette fin qu'il espère aussi rencontrer Fidel Castro, scène qui s'imposerait symboliquement face à l'image de la poignée de main entre Obama et Raul, successeur de son frère depuis 2008, le 11 avril dernier à Panama. D.P.

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6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 22:39
Chapeau, Philippe Varin!

Le scandale, on s'en souvient, avait fait la une de l'actualité. Le projet de retraite chapeau de Philippe Varin choquait la France. C'était le 27 novembre 2013. Le patron de PSA, qui quittait son entreprise en crise en demandant aux ouvriers de faire des efforts, s'apprêtait à toucher la bagatelle de 21 millions d'euros. Face à cette histoire de chapeau envolée jusqu'à la tête de l'État, celui qui allait devenir président du Conseil de surveillance d'Areva annonçait finalement son intention de renoncer à ses privilèges qui, pour être légaux, n'en paraissaient pas moins immoraux.

L'indignation générale avait donc eu raison d'une de ces situations personnelles qui ne paraissaient plus admissibles en temps de restriction. Une vraie victoire? En apparence du moins. Car selon le site spécialisé dans la déontologie financière "Deontofi", Varin a bien berné l'opinion publique. Voilà en effet qu'on apprend, qu'il va, comme si de rien n'était, empocher, à quelques euros près, son pactole. Et qu'il a de surcroît, pour cela, été embauché en CDD par Peugeot-Citroën afin d'atteindre les cinq ans de présence requis pour l'occasion.

Philippe Varin pensait avoir inventé la retraite feutre, celle qui ne fait pas de bruit. Pas de chance, décidément. Reste à savoir quel subterfuge notre magicien de la pension entend cette fois-ci sortir... de son chapeau. D.P.

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3 mai 2015 7 03 /05 /mai /2015 23:13
Nommer ce qui n'a pas de nom

C'est beau un prénom. Rien qu'à le prononcer, on tend la main, on se tourne vers l'autre, on s'immisce dans une intimité qu'on ne soupçonnait pas. La personne dont on connaît soudain les quelques syllabes accolées à son patronyme nous paraît déjà un peu plus familière. À une condition toutefois. C'est que la quête identitaire ne tourne pas à l'hystérie. Or, c'est bien le cas pour le "Royal baby two" qui a vu ce week-end son futur "first name" devenir le jouet fou des bookmakers de Grande-Bretagne. Inconcevable chez nous, bien sûr, même si l'on n'a pas manqué, ici ou là, histoire de déjouer le mauvais temps, de s'adonner aussi à ce très ludique divertissement du "Comment s'appellera-t-elle?" Là-bas, de l'autre côté du Channel, le rite fait à sa manière partie des joyaux de la couronne, nous aurions sans doute tort d'ironiser.

D'autant plus que c'est beau un prénom. Un nom aussi, d'ailleurs. On ne connaît pas les leurs même s'ils en avaient un. La presse people ne s'en soucie pas, ce n'est pas son rôle, mais mis bout à bout ils forment une liste de cent mètres de long. Le député vert autrichien Michel Reimon a répercuté sur twitter la vertigineuse litanie récemment déposée devant le Parlement européen de Strasbourg afin que tous les élus foulent du pied le martyre de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants sacrifiés par des passeurs sur un autel de fortune arrimé à l'Eldorado de l'Europe. Eux? Les migrants victimes du chavirement de leurs rafiots en Méditerranée. Une litanie de 17000 noms - et prénoms - qui, si loin de la monarchie et des parieurs, n'ont ému presque personne. Affaire de points de vue et de naufrage du monde. D.P.

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30 avril 2015 4 30 /04 /avril /2015 21:15

Ce serait particulièrement cynique et déplacé de dire que cette affaire tombe mal. Il n'y a évidemment pas d'opportunité favorable à un forfait de cette nature. Mais n'empêche. Apprendre, au lendemain de la sanctuarisation de notre armée par François Hollande que des soupçons de viols sur enfants pèsent sur des soldats français en Centrafrique ne peut qu'ajouter du malaise à la nausée. Quoi, ce serait eux qui commettraient "ça"? Eux, porteurs de nos espoirs de paix et de dignité dans les lointains pays en guerre? Eux, ces représentants de l'ordre et de la sécurité que, dans un autre contexte, on n'hésitait pas embrasser en pleine rue lors du rassemblement historique du 11 janvier?

On aimerait ne pas le croire. Mais le scandale paraît hélas plus que probable. Et si jamais il s'avérait qu'on ait voulu, d'abord cacher les accusations, puis retarder la procédure, ce serait alors bien les mots de "honte nationale" qui s'abattraient sur nous. Sans doute ne manquera-t-on pas de faire valoir, si le crime collectif se confirme, que les auteurs ne sont "que" quelques brebis galeuses au sein d'une troupe vaillante et irréprochable. Sauf que, non, pas d'accord, cette sous-arithmétique-là, pour autant qu'elle soit vérifiée, ne console (presque) de rien. Un penseur chinois l'a dit, il y a quelques siècles déjà: "Ce n'est pas parce qu'un soldat félon quitte le rang que la confiance rejoint son unité". Rompez! D.P.

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24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 22:12
Bisons futés d'Ardèche

La dernière fois que ça s'est bousculé là-bas, c'était au printemps 2010. Tout un pays de ferveur chorale, de camping-cars et de cœurs gros comme ça était allé rendre hommage à Jean Ferrat qui venait de disparaître. À deux pas d'Antraigues, six pieds sous terre dans leur grotte Chauvet découverte seize ans auparavant, nos ancêtres de l'Aurignacien n'avaient pas bronché. Or, voilà qu'aujourd'hui c'est pour eux qu'on se déplace. En s'ouvrant aujourd'hui au public, la caverne du Pont d'Arc, comme on l'appelle désormais, suscite un bel engouement et c'est tant mieux. Avec ses griffures d'ours, ses empreintes de mammouths et sa geste au fusain, elle dit ce que nous fûmes, elle dit ce que nous sommes, femmes et hommes d'un paléolithique contemporain préfigurateur de nos si fragiles lendemains. On ne sait pas si ça bouchonnera ce samedi de vacances sur les routes d'Ardèche pour accéder à la fameuse réplique. Mais si c'est le cas, peu importe. Il y a 36000 ans que les bisons sont futés dans ce rude pays d'eaux et d'os, de genêts et de gènes, de roches et d'aurochs. Et la voix a cappella de Francesca Solleville saluant son ami Jeannot le 16 mars 2010 sur les paroles de Ma France n'a pas fini de résonner dans cette nuit des temps qui recommence chaque matin. Non, "ils n'en finissent pas tes artistes prophètes / de dire qu'il est temps que le malheur succombe". D.P.

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8 avril 2015 3 08 /04 /avril /2015 21:13

À première vue, ce conflit de générations paraît sincère. La fille, qui a repris la boîte, ne supporte plus celui qui l'a installée aux manettes. Vieux, un peu gaga, balançant n'importe quoi. Allez ouste, à l'hospice! "Tu verras, tu sera bien là-bas", comme dans la chanson de Ferrat. Et les nouveaux actionnaires - Florian, Gilbert et les autres - qui en rajoutent dans le répertoire offusqué: "Des décisions seront prises". Le ton est donné, on va voir ce qu'on va voir, chez ces gens-là, monsieur, on ne badine pas avec l'honneur. Sauf qu'il faudrait pas beaucoup nous pousser pour suspecter dans ce règlement de compte à OK Collard un scénario cousu de fil plus brun que blanc. Réfléchissons un instant. À qui profite le crime du patriarche qui en rajoute sur les chambres à gaz, sur Pétain, bref sur tous ses sales thèmes de prédilection? À sa descendante, pardi, laquelle entend bien capitaliser progressivement sa différence jusqu'à l'échéance de 2017. Plus Papy Rivarol aura l'air radotant, plus Marine-la-redresseuse-d'image apparaîtra fréquentable. Méfions-nous des trop hâtives interprétations freudiennes de ces "Scènes de ménage" à épisodes. Tout, dans cette famille où l'on s'appelle avec insistance par ses nom et prénoms, est d'abord politique. Y compris les menaces de bannissement définitif de la "figure historique" portant haut son masque de provocateur sénile? Voilà qui est, en effet, moins exclu qu'on ne présage qu'il le sera. D.P.

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7 avril 2015 2 07 /04 /avril /2015 21:39

Il y a bien sûr entre la mort de Jean Germain et celle de Pierre Bérégovoy vingt-deux ans plus tôt des similitudes frappantes. Les circonstances de leurs décès, le contexte judiciaire, l'appartenance à la gauche des deux disparus. Ce n'est donc pas un hasard si l'avocat de l'ex-maire de Tours a dénoncé "les chiens" qui se sont acharnés sur son client, ceux-là même que François Mitterrand stigmatisa lors de son poignant hommage aux obsèques de son ex-Premier ministre, le 4 mai 1993 (pour lequel on avait déjà, rappelons-le, évoqué Roger Salengro): "Toutes les explications du monde ne justifieront pas que l’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et finalement sa vie au prix d’un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité de chacun d'entre nous".

Les mots du président socialiste de l'époque n'ont rien perdu de leur force et de leur "actualité". Ni, sans doute, de cette partialité surfant sur l'émotion collective que l'on retrouve, hypocrisie comprise, dans le cas de Jean Germain poursuivi dans une affaire de mariage chinois. Un suicide doit nous inciter à une dignité que ne peuvent qu'écorner les dénonciations hâtives et les comparaisons trop "évidentes". Dans sa lettre, le désespéré a dit ne pas pouvoir supporter l'injustice et le déshonneur. De grâce, n'en rajoutons pas aujourd'hui de façon posthume en caricaturant à outrance ce qu'est devenue la fonction politique, une rôle certes de plus en plus exposé, mais que ceux qui l'exercent ont choisie en en connaissant tout à la fois la lumière vive et les ombres parfois desctructrices. D.P.

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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 13:16

Heureusement que, pour François Hollande, en ce dimanche 29 mars, il y avait la Tunisie! Parce que, chez nous, le concernant, ce fut plutôt une sale journée. Peut-être pas une débâcle générale, recourons au moins à cet euphémisme, mais une sanction sans appel marquée par une écrasante victoire de la droite et de ses alliés au second tour des élections départementales. Avec, double humiliation symbolique, le basculement dans l'opposition tout à la fois de la Corrèze et de l'Essonne, fief de Manuel Valls. Voilà pour ce qui s'est passé ici. Mais là-bas, de l'autre côté de la Méditerranée où le président français s'était rendu pour participer à la grande marche contre le terrorisme après l'attentat du Musée du Bardo, il en alla tout autrement. Non seulement il fut bien accueilli - ce qui était, il est vrai, la moindre des choses -, mais il y eut, surtout, le lapsus de son homologue tunisien. En le remerciant pour sa présence, Béji Caïd Essebi l'a en effet appelé... François Mitterrand. Autant dire que l'autre François peut dire merci à son hôte gaffeur. Le fait de se voir ainsi assimilé, fût-ce brièvement, à une figure du socialisme triomphant, lui procura assurément, en plus d'une bise de son interlocuteur soucieux de se faire pardonner,sa seule occasion de sourire. La seule ou presque, ne soyons pas injuste. La Lozère, traditionnellement à droite, s'est, on ne sait pas trop comment, retrouvée à gauche. Un résultat qui, à notre connaissance, n'a pas été commenté du côté de Carthage. D.P.

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26 mars 2015 4 26 /03 /mars /2015 22:14

   andreas-lubitz.jpg   On la reverra longtemps, sans doute, cette photo. Celle d'un garçon, tout sourire, blouson et jean sombres, baskets marron, écharpe rayée, assis sur une murette près d'un pont métallique suspendu. Un instantané de vacances. Aux États-Unis probablement. Une photo des jours heureux, comme on dit souvent. Un visage radieux que l'on scrute intensément, avec un mélange de fascination et d'effroi. Comment croire que celui que l'on voit ici soit devenu le copilote qui, profitant de l'absence momentanée du commandant de bord, a précipité l'Airbus de la Germanwings et ses 150 passagers - dont lui-même donc -, contre la paroi d'une montagne des Alpes du Sud? Comment est-il possible que ce touriste paisible et ordinaire puisse s'être mué en forcené qui n'a pas hésité à entraîner dans une mort effroyable des femmes, des hommes, des enfants, des bébés dont il avait probablement vu les visages lors de leur installation dans l'appareil? L'incroyable résolution d'Andréas Lubitz, telle qu'elle est diaboliquement révélée par le décryptage de la première boîte noire, nous glace d'horreur. Ce passionné d'aviation de 28 ans était, aux dires de tous ceux qui le connaissaient, "un jeune plutôt normal, toujours poli et amical, bien dans sa vie". Un suicide, dit-on. Oui, mais peut-on donner ce nom à l'acte qui consiste à semer ainsi le chaos dans de telles proportions? En attendant d'en savoir un peu plus sur le Docteur Andréas et Mister Lubitz du vol 4U 9525, un mot ne cesse de tourner dans les têtes: "Warum?". En français: Pourquoi? D.P.

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Présentation

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Texte Libre

Ces révolutions que

nous n'avons pas vu venir

   De retour à Bény, en ce bel hiver de givre, je relis cette carte postale que mon père garde, avec celles des étés précédents, sur le buffet de la cuisine. "Sous le ciel encore chaud de la Tunisie, nous pensons bien à toi. Ici, on ne se croirait pas à la veille de la Toussaint. À bientôt. On t'embrasse". Des mots tout simples, écrits comme toujours à la hâte, au moment de reprendre l'avion. 

   C'était à peine trois mois plus tôt. Du Cap Bon où nous faisions halte, nous avions effectué de cahotants trajets à travers le pays. Le Temple des eaux au pied du djebel Zaghouan. Le site romain de Dougga, pur poème de pierre, de vent et d'oliviers, où Abdallah, notre guide, nous avait imposé une visite pour le moins exhaustive. Les villages poussiéreux où la population s'ennuie sous les palmiers flétris. Les charrettes, les bourricots, les antiques mobylettes. La pauvreté, la dignité et, pensions-nous, la résignation.

     La résignation? Eh oui, même lorsqu'on est le témoin d'un régime sans ambiguïtés, il n'est pas toujours si simple de pressentir l'histoire en marche. Avec le recul, pourtant, il y avait eu des scènes éloquentes. Ces barrages de police un peu partout, justifiés alors par un enlèvement d'enfant. Ce jeune diplômé quêtant quelques dinars dans les majestueuses ruines de Thuburbo Majus et qui se cachait pour aborder les "nantis" que nous étions à ses yeux. Un feu couvait en lui, c'est sûr. Il n'aurait peut-être pas fallu grand-chose pour qu'il parle. Mais nous étions pressés, comme souvent.

     Et, disons-le aussi, la méfiance nous gagnait. Un soir, du côté de la cité viticole de Grombalia, un 4X4 aux vitres fumées avait rattrapé notre "Symbol" de location. Une impression se confirmait: nous étions suivis. Sans doute vaut-il mieux ne pas écrire "journaliste" à la rubrique "profession" sur les fiches de douanes à l'arrivée lorsque, quelques mois plus tôt, on a utilisé le mot "dictature" pour rendre compte de la dernière parodie de réélection présidentielle au palais de Carthage.

     Les touristes européens flânaient dans les souks. Les cornes de gazelles étaient sucrées, le vin gris de Mornag montait à la tête, octobre avait de superbes rousseurs de désert et la tiédeur des plages invitait à fermer à demi les yeux. Que voulez-vous, c'est comme ça: exportées sur place, les plus solides notions de droits de l'homme se dissolvent parfois dans le bleu de la mer...

     Pour notre part, nous aurions dû prêter davantage attention aux ardents regards noirs de toute une jeunesse rivés aux téléphones portables. La "génération Ben Ali dégage!" préparait, dans la retenue, le grand soir arabe. Le fantoche président de fer était encore omniprésent. Piètre sosie d'un acteur de série B aux cheveux teints, posant, la main sur le cœur à chaque coin de rue, dans chaque lieu public, à côté des pubs pour les biscuits "Tigato" et pour les firmes corrompues se partageant le gâteau.

     Et voilà. Maintenant nous sommes au début 2011. Dans l'odeur du jasmin et de la poudre, dans le bruit des youyous et des balles, la Tunisie a fait sa "Révolution Facebook". Bonheur de découvrir ces incroyables images à la télévision qui en rappellent d'autres. À Berlin non plus, nous n'avions rien vu venir en novembre 1989. Pas plus qu'à Bucarest le mois suivant. Pas plus qu'au Caire ces dernières semaines...

     Nous parlons de tout cela, ce soir, dans cette ferme de Bresse où, depuis plus de trois ans, mon père veille seul avec son chien et ses cartes postales. Celle-ci, un peu plus ancienne, a été postée de Louxor: "Le printemps égyptien est doux. De part et d'autre du Nil, des merveilles nous attendent. À bientôt. On t'embrasse". Tout à l'heure, il nous rappellera comment lui aussi a retrouvé un jour la liberté. C'était en janvier 1945. L'armée russe avançait. Les portes du stalag de Silésie où il venait de passer plus de cinq ans s'ouvraient. Il allait encore mettre plus de quatre mois pour traverser, à pied et la faim au ventre, un no man's land de charniers, de ruines et de spectres hagards.

     Mais ceci est une autre histoire, direz-vous. Bien sûr. N'empêche, la Liberté, d'où qu'elle vienne, d'où qu'elle revienne, est la même. Au Nord ou à l'Est hier. Au Sud aujourd'hui. Dans nos sursauts collectifs. Dans nos émois partagés. Par l'étroite fenêtre aussi, parfois, de nos petites perceptions occidentales. D.P.

(Cette chronique a été publiée

dans l'hebdomadaire "Voix de l'Ain",

n° 3433, semaine du 11 au 18 février 2011). 

  

La carte de la gloire,

le territoire de l'oubli

   Le triomphe de Michel Houellebecq nous réjouit. Nous fûmes suffisamment déçus par ses échecs au Goncourt en 1998, avec Les Particules élémentaires, et en 2005, avec La Possibilité d'une île, pour ne pas nous féliciter de sa victoire, lundi dernier, à la troisième "tentative". Et cela d'autant plus que La Carte et le territoire (Flammarion) est un roman, à la fois désenchanté et jubilatoire, qui s'inscrit à merveille dans l'air du temps de ce mois de novembre 2010 où, sous la résignation apparente, se profile une très énergique "extension du domaine de la lutte".
   Le lendemain du prix, nous écoutions l'"heureux"  lauréat, sur France Inter, exhorter les auditeurs à ne jamais baisser les bras. "Ne vous laissez pas emmerder, soyez libres!", clamait-il. Magnifique, Michel! comme dirait Drucker qui ne va sans doute pas tarder à programmer un"Vivement dimanche"  houellebecquien. Il faut dire que ce matin-là, le malicieux écrivain à la paupière lasse comme ses anoraks réussissait une sacrée performance. Il volait carrément la vedette au général de Gaulle dont on célébrait pourtant, un peu partout ailleurs, le quarantième anniversaire de la disparition. Et lorsque l'invité déclara un brin péremptoire: "On n'a pas de devoirs envers son pays, on est des individus, c'est tout!", on a bien cru entendre, en bruit de fond radiophonique, le héros de Colombey se retourner dans sa tombe, pour autant que sa gigantesque stature posthume le lui en laissait le loisir.
   Tant pis pour "l'homme du 18 juin", c'est celui du 8 novembre qui était ici à l'honneur! La gloire est ainsi faite. L'enthousiasme du moment peut balayer d'un insolent revers de manche de parka fripée la majestuosité d'un uniforme. Voilà bien à quoi nous songions en écoutant ce drôle de fan de Jean-Pierre Pernaud et de Julien Lepers nous rappeler que "la France est un hôtel, pas plus".
   Injustice? Affaire de circonstances, c'est tout, évitons les grands mots. D'ailleurs, s'il y en a un qui est déjà rompu aux fatals soubresauts de la renommée, c'est à l'évidence Michel Houellebecq lui-même. "C'est curieux comme les choses changent..." fait-il dire au père de son double, à la page 217 de son opus désormais ceint de la prestigieuse bande rouge. Oui, les choses changent vite et bien malin qui pourrait évaluer la durée du rayonnement de celui qui, il n'y a pas si longtemps encore, était conspué à l'unanimité, ou presque.
   Comment pouvait-on, dans un contexte analogue, ne pas penser, au moment de l'attribution du prix, à un lauréat précédent qui vient de disparaître dans une assez scandaleuse indifférence? Lorsqu'il fut sacré, en 1968, pour Les Fruits de l'hiver, lui aussi capta tous les regards. Lui aussi éclipsa momentanément de Gaulle, avant que la chienlit ne déferle. Lui aussi fit des déclarations brutes de décoffrage. Lui aussi pesta contre les travers de la société du moment. Lui aussi réhabilita l'âme des provinces et des bourgades. Lui aussi fut traité de populiste. Lui aussi aimait les chiens. Lui aussi lorgnait vers l'Irlande. Lui? Il s'appelait Bernard Clavel et il a signé plus de quatre-vingts ouvrages dévorés, loin des chapelles, sinon celles du Jura aux toits de pierre et de bois, par des millions de gens.
  Comprenons-nous bien: il ne s'agit pas de comparer les mérites respectifs du "dépressif" du Gâtinais et du bûcheron franc-comtois. Leurs oeuvres, pas plus que leurs démarches, leurs postures et leurs convictions - quoi que... - n'offrent de vraies similitudes. Qu'on nous permette simplement d'y mieux mesurer, parfois jusqu'au vertige, l'indécent grand écart auquel sont soumises, au fil des ans, ces notions floues que sont, en art, le goût et la reconnaissance, l'emballement et la postérité, le lâchage et la fidélité.
   Allez, terminons par une hypothèse. Et si, un de ces quatre, Michel Houellebecq rédigeait un vibrant éloge de Bernard Clavel? Dans La Carte et le territoire, il rend bien un hommage aussi inattendu sous sa plume que mérité pour l'intéressé, à un autre laissé-pour-compte de l'ingrat monde des Lettres: Jean-Louis Curtis (1917-1995). Curtis avait lui aussi obtenu le Goncourt. C'était en 1947 pour Les Forêts de la nuit. Ces forêts où il rôde aujourd'hui, si loin des splendeurs de chez Drouant, avec Clavel et tant d'autres, avant que l'histoire littéraire ne rende son jugement dernier. Au minimum dans un siècle ou deux, "particules élémentaires" comprises. D.P.
(Cette chronique a été publiée,

dans une version légèrement modifiée,

dans l'hebdomadaire "Voix du Jura",

n° 3452, semaine du 20 au 26 janvier 2011). 

 

Ferrat, Chabrol:

l'émotion consolatrice
   Drôles d'hommages, quand on y pense. Il y a quelques mois, la France, larme printanière à l'oeil et lyrisme aragonien aux lèvres, n'en finissait plus de saluer Jean Ferrat. La télévision nationale, on s'en souvient, n'hésita pas à retransmettre en direct les obsèques de l'"échappé"  ardéchois, un peu à la façon d'une étape de la "Grande boucle" dans un col cévenol. Et les foules bigarrées ne cessent, depuis, de se bousculer dans l'étroit cimetière basaltique, lors d'un fervent ballet qui ne manquerait pas d'agacer le discret compagnon des petites routes et des pensées rebelles.
   C'était en mars dernier, entre les deux tours d'une élection que les "bonnes gens"  boudèrent en une obstination inversement proportionnelle à celle qu'ils insufflèrent dans leur "au revoir" au chantre de La Montagne. Et voici donc qu'un semestre plus tard disparaît Claude Chabrol, sous un concert de louanges et face une émotion, certes pas tout à fait de la dimension de la précédente, mais néanmoins étonnante par son impact à la fois médiatique et intimiste.
   Holà, que se passe-t-il donc pour qu'un pays peu réputé pour aimer ses artistes - c'est un euphémisme - manifeste ainsi, coup sur coup, sa sympathie et son chagrin? Un tel engouement se justifie évidemment, au-delà de la force des couplets ou des films des deux créateurs, par la somme d'admiration et de proximité qu'ils inspiraient, chacun de son côté. Le premier par son insolente tendresse et ses engagements jamais feints. Le second par son observation espiègle et grinçante de la société. Mais sans doute faut-il voir également, dans ces effets conjugués de complicité populaire, des éléments d'ordre plus circonstantiels. L'interprète de Ma Môme et le cinéaste du Boucher, dans des registres répétons-le fort différents, n'en incarnaient pas moins l'un et l'autre, y compris sans doute jusque dans les propres limites de certaines de leurs oeuvres, une honnêteté, un goût du travail bien fait, un attachement à la mémoire et un indéfectible respect des individus. Autant de valeurs, faut-il le rappeler, qui font particulièrement défaut en une époque de cynisme roi, de politique dévoyée, de chasse aux minorités ethniques, de charters vrombissant d'indécence sur le tarmac glissant des campagnes électorales...
   Impossible de réécouter une chanson de Ferrat ou de se "repasser" un film de Chabrol sans s'imprégner des bénéfiques célébrations de la patience, de la malice, de la tolérance et de la liberté. Et puis, avons-le, nous ressentions une vraie consolation à les voir l'un et l'autre, moustache frémissante ou pipe en bouche, parler soupes d'autrefois, vins de terroir et pourfendre en se marrant "les cons qui n'arrêtent pas de voler et les autres de les regarder", cela en une époque où la fumée conviviale, le verre entre amis et l'humour décapant tombent sous le coup de la loi, alors que la "bêtise d'Etat" entache le pays du droit de Roms. 
   Entre "ombre faite humaine" et "oeil de Vichy", entre "amour cerise"  et adultères provinciales, Jean Ferrat et Claude Chabrol étaient tous deux, à leur manière, d'Antraigues à Sardent, d'éloquents refrains en travellings suggestifs, inscrits à l'inventaire de nos monuments historiques familiers. Continuons à nous précipiter pour la visite en groupes de leurs battements de coeur, de leurs ricanements, de leurs univers, de leur exemplarité. Alléluia et Moteur! D.P.

   

 La rentrée littéraire,

quelle vacherie!
 Elle est retrouvée. Quoi? La rentrée littéraire qui n'a, avouons-le, pas grand'chose à voir avec l'éternité rimbaldienne. Les libraires transpirent. Les attachées de presse s'enfièvrent. Les chroniqueurs frottent leurs lunettes et affûtent leur sens critique. Un peu partout on compte, on compare, on spécule. Au juste, 701 romans, dont 497 français, ça fait combien de plus, de moins ou de pile poil pareil que l'année dernière qui, elle-même, etc. Drôle de phénomène bien de chez nous que cette espèce de foire d'automne où l'on remplace les bestiaux par des bouquins et les viriles clameurs des enchères par des maquignonnages autour des prix. Palpez un peu cette Nothomb, vous m'en direz des nouvelles. Et le dernier fleuron de la race Houellebecq, visez-moi cette encolure. 
   S'il y en a une qui ne risque pas de s'offusquer de la métaphore bovine, c'est bien Claudie Gallay. La petite femme aux yeux bleu pervenche, propulsée directement de ses terreuses origines nord-iséroises aux "déferlantes" du succès, a écrit son nouvel opus, L'Amour est une île, (Actes Sud), dans sa bergerie du Charolais. Avec des broutards crème meuglant sous sa fenêtre. Avec un ciel pluvieux comme vache qui pisse. La-bas, du côté de La Clayette et de Semur, il y a les prés sans Saint-Germain. Et les éleveurs, qui tordent leurs casquettes à l'heure d'écorner leurs troupeaux, se fichent de l'embouche romanesque comme de la première litière de leur stabulation.
   Ils ne dévoreront ni Despentes, ni Forest, ni Volodine. Ni Linda Lê, ni Adam, ni Claudel. Et encore moins Breat Easton Ellis et J.M. Cootzee. Pas le temps. Propos un brin savants. Bref, un monde qui n'est pas le leur. Claudie, ce n'est pas pareil. Elle est presque d'ici. Elle cause comme l'ultime épicière du coin qui fait dépôt de pain et de journaux. Pas mince, le compliment.
    Cette fois-ci, c'est vrai, elle s'est embarquée du côté du festival d'Avignon l'année de la grève des intermittents. Evidemment, on s'en fiche un peu sur les rives de la Grosne, de la Guye ou du Grison. Mais sûr, la prochaine fois, elle parlera des gens du cru. A commencer, peut-être, par les habitants de Saint-Ythaire. Saint-Ythaire, c'est entre Bonnay et Curtil-sous-Burnand. 122 âmes en colère contre le projet d'implantation de cinq éoliennes. Un super sujet pour l'écrivain qu'on a même aperçue l'autre soir au "Vingt heures" de TF1.
    Les révoltés de Saint-Ythaire? A moins que ce ne soient les Don Quichotte de Bény. Bény, c'est au coeur de la Bresse, de l'autre côté de la Saône. Là, c'est contre la future Ligne à grande vitesse qu'on se mobilise à coups de calicots et de banderoles accrochés aux barrières des fermes et des villas avec, parfois, des slogans en patois: "LGV, to ka t'nallo!" ("LGV, tu n'as qu'à t'en aller"!).
   Des hélices géantes bientôt essaimées dans le paysage si cher jadis aux abbés de Cluny ou des trains fous écrasant prochainement l'AOC des célèbres volailles aux pattes bleues. Fichue alternative, quand on y pense. D'autant plus que, dans ce décor de pseudo-polar rural, on ne discerne pas la moindre librairie à l'horizon. Alors, dites, où c'est qu'on va les trouver, à Saint-Ythaire, à Bény ou ailleurs, les 701 titres annoncés? Houellebecq a raison: il convient de revoir de toute urgence "La carte et le territoire". Ah! quelle vacherie, par ici, la rentrée littéraire. (Fin août 2010). D.P.

 

Quelques nouvelles de par ici
 
 
    Je vais vous donner un peu des nouvelles de par ici. C'est où par ici? C'est chez moi. Enfin, je veux dire pas loin. A la rigueur juste à côté. Le décor, vous le connaissez. Il y a un village avec son clocher vaguement roman. Le presbytère transformé en gîte rural. L'épicerie où l'on vend des caramels pour les gosses et des asticots pour la pêche. Le calme règne jusqu'au milieu de l'après-midi. C'est à ce moment-là que les tracteurs ramènent les voitures de foin dans les fermes. Les travaux agricoles, cette année, quelle galère: on est passé directement de l'hiver du mois de mai à la canicule du solstice! Vers dix-huit heures, dix-huit heure trente, les gosses font des pirouettes à bécane et les ados, sur la placette, gloussent dans leurs téléphones portables sans jamais déclarer forfait. Ensuite, le boulodrome de fortune prend  doucement des allures de petit G20 provincial.
    Imperturbable, l'employé municipal arrose les fleurs. Ou ce qu'il en reste. Le week-end dernier, des dadais en goguette ont piétiné les terre-pleins. "Saloperie de désoeuvrés!" maugrée Jean en lisant l'entrefilet dans la chronique locale. Jean, c'est le facteur. Après sa tournée, il aime bien prendre un verre. Le seul café qui n'a pas encore baissé rideau aligne trois tables sur le trottoir. Les autres troquets ont tous fermé. Trop de travaux pour se mettre aux normes. En sirotant son panaché, le préposé s'attarde sur le journal du coin. Les décès, les mariages, les naissances, les accidents... Il lit aussi le billet, en haut à gauche de la page 2. Il y a même la photo du chroniqueur qui tient un bouquin dans ses mains. En regardant de près, on découvre le titre et l'auteur. C'est Après beaucoup d'années de Philippe Jaccottet.
    Jaccottet est un immense poète qui vit dans les parages. Mais personne ne le connaît vraiment. Jean s'en fiche. Lui, ce qu'il recherche dans son canard, ce sont les infos pratiques. Ou les échos du conseil municipal. L'annonce des fêtes d'été. Les vide-greniers des alentours. Mais à la Une, il y a cette photo. Un ministre et sa femme "dans la tourmente". Eric et Florence Woerth, ils s'appellent. Pierrot, le patron du café, qui vient faire un brin de causette à Jean, prononce ce nom à sa façon. Il dit "Voerte" et ça sonne un peu comme un hommage aux absinthes verlainiennes d'autrefois. "Tous pareils, hein, y'en a pas un pour racheter l'autre!". Jean, le regard rivé aux résultats du "Mondial" de foot et au classement général du Tour de France, ne répond rien. Ou alors il fait "hum hum" et bien malin qui pourrait comprendre si c'est une approbation ou l'inverse. 
  Rien ne bouge, ou presque. Il y a juste un soupçon d'électricité dans l'air. La grêle est annoncée pour le soir mais, c'est bien connu, "à la météo, ils se trompent tout le temps...". N'empêche, il faut hâter la fenaison. Demain à l'aube, les fourches hydrauliques des colossaux Renault ou John Deere payés à crédit planteront leurs dents dans ces rouleaux herbeux qui, au mitan des parcelles de la PAC, ressemblent aux chignons lavande des aïeules de ce "pays". Ce "pays" qui pleure et qui rit, qui meurt et qui vit. Ce "pays" qui attend les touristes. Ce "pays" en jachère où, dans les villas des lotissements en extension, Internet remplace désormais l'épicier qui faisait jadis sa tournée en klaxonnant à travers des hameaux pleins de vieux taiseux et de chiens tout en gueule. 
  Voilà, ça se passe par ici un jour brûlant de juillet. Plus tard, peut-être, je vous donnerai des nouvelles de par là-bas. C'est où par là-bas? C'est du côté de par ici. Si jamais, un de ces quatre, vous avez l'occasion, arrêtez vous quelques instants, on parlera un peu de Jaccottet. "Faites passer, disait la terre elle-même, ce matin-là, de sa voix qui n'en est pas une. Mais quoi encore? Quelle consigne?" (Juillet 2010). D.P.
 

    

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