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6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 21:34


   Là, il n'y a pas de parfum de jasmin. Ni de calicots en forme de papyrus modernes. Non, on n'est pas en Tunisie ou en Egypte et il ne faut évidemment pas tout mélanger. N'empêche, si ce qui s'amorce en France n'est pas encore tout à fait la Révolution du glaive et de la balance, cela pourrait bien le devenir avec les journées nationales de grève de jeudi et de vendredi.

    En surfant, menaces précises à l'appui, sur l'émotion populaire liée au meurtre horrible d'une jeune fille, Nicolas Sarkozy a mis le feu aux tribunaux où les suspensions d'audience se multiplient. Et un pays qui a mal à sa justice n'est pas un pays qui a juste un peu mal.

   Sans compter que ce bras de fer surgit à un très mauvais moment. Alors que la ministre des Affaires étrangères se confond en loopings médiatiques pour tenter d'expliquer ses vols privés, cela fait pour le moins désordre de voir le chef de l'Etat s'en prendre, non pas à elle, mais à ceux qui s'efforcent de maintenir le cap avec les moyens limités du bord.

   Pas question, répétons-le, d'assimiler notre patrie des droits de l'homme à l'ex-régime de Carthage. Ni de confondre les roses pourpres du Caire avec les robes noires de France. Mais il y a, cependant, une chose que le président de la République ne doit pas oublier. De ce côté-ci de la Méditerranée aussi, la "génération Dégage" se tient prête. D.P. 

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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 21:52

   Décidément, en Egypte, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Après le très massif défilé de la veille, au calme si impressionnant, Le Caire a vécu ce mardi une journée d'effroi et d'affrontements sanglants. A croire que la pourtant très anesthésiante allocution d'un président affaibli a réveillé ses partisans. C'est une véritable horde d'un autre âge qui a déferlé sur la place Tahrir. Echappés d'un effarant péplum, des guerriers nationalistes, juchés sur des chevaux et des dromadaires, ont joué du fouet et de la matraque contre les pacifistes. Choc des cultures, choc des civilisations, choc de la génération Facebook contre celle des pires réseaux asociaux. A tel point que le pays, que l'on croyait, quelques heures plus tôt, tout entier voué à "sa" révolution, s'est retrouvé soudain coupé en deux. Deux forces. Deux époques. Deux idéaux. Deux mots d'ordre - ou de désordre. Non, le choc frontal entre les "Dégage Moubarak!" et les "Ne t'en va pas vieux raïs!"  n'a pas dit son dernier mot. Ni sans doute, hélas, fait son dernier mort. D.P.

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 22:26

   Imaginons quelqu'un qui se serait absenté à peine quelques semaines dans une contrée coupée du monde. Jadis, on aurait évoqué Tataouine mais non, on ne peut plus, Tatouine c'est en Tunisie. Disons plutôt Pétaouchnok ou ses environs. Alors donc, il vient de poser sa valise et il allume son téléviseur à l'heure des informations. Et là qu'est-ce qu'il voit? Un péplum surjoué ou quelque chose dans le genre, il n'en doute pas.

   L'action se passe sur une terre arabe qui vit depuis trente ans sous la férule d'un président de fer. On surplombe une foule immense rassemblée sur la grande place de la capitale. Des figurants, à coup sûr. Ils sont des centaines de milliers à lever les poings et hurler des slogans hostiles à leur vieux raïs. Certains vont jusqu'à frapper son effigie avec une chaussure. Un scénario pour le moins sidérant. Mais, plus surréaliste encore, on voit aussi des militaires, ceux-là mêmes qui ont toujours contribué au verrouillage de la société protéger les manifestants en transformant leurs chars en points de ralliement.

   Et puis, il y a soudain le chef au visage de momie qui dit qu'il ne partira pas et qu'il "mourra dans son pays". A l'évidence, notre téléspectateur pense qu'il s'est trompé de chaîne. Il zappe. Incroyable: le canal voisin diffuse le même programme. Il faudra alors expliquer à l'ébahi que ce à quoi il assiste, ce n'est pas de l'histoire-fiction, mais, contre toute attente, la réalité. Quelque chose comme la version égyptienne d'un "Il était une fois la Révolution" interprété en direct par des acteurs en chair, en os et en ébullition.

   Des événements qui se passent au Caire, un 31 janvier 2011, peu de temps après des faits analogues en Tunisie, en attendant peut-être une propagation - et non pas une contagion - à la Jordanie. Invraisemblable, on vous l'avait bien dit. D.P.

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 23:13

   Après la Tunisie, l'Egypte. Et demain? Nul ne peut dire où s'arrêtera ce qu'il convient désormais d'appeler dans le monde arabe - et peut-être dans le monde tout court - une révolution pyramidale. Ce qu'il y a de sûr, en tout cas, c'est que ce qui se passe actuellement au Caire, sous la poussée du vent de démocratie qui a balayé le régime de Ben Ali, nous ouvre une nouvelle fois les yeux. Car là non plus, nous n'avons rien pressenti. A croire que nous sommes d'inguérissables malvoyants géopolitiques et que la perception que nous avions de chacun de ces pays se limitait à la "dimension" touristique.

   L'Egypte n'était donc, pas plus que la Tunisie, une simple carte postale ornée de merveilles universelles. Là où nous n'imaginions souvent qu'une région de nécropoles et de tombeaux - fussent-ils dynastiques -, il y avait (il y a) un peuple roi. Avec une soif d'émancipation et de dignité que nous n'avons pas su - ou pas voulu - soupçonner. Là où nous ne pensions, au fil des croisières, que tourner les pages d'un roman de Christian Jacq, il y avait (il y a) ces déesses et ces dieux modernes que sont les hommes et les femmes lorsqu'ils s'érigent contre le mépris et la soumission.

   Non, nous n'en sommes plus, en ce début d'année 2011, à l'Egypte de Ramsès, mais à celle d'une momie nommée Moubarak. Retirons nos propres bandelettes idéologiques. La situation insurectionnelle de ces dernières heures en Egypte est une sorte de pierre de Rosette sans laquelle nous n'aurions probablement jamais su déchiffrer les hiéroglyphes contemporaines d'un pharaonique désir de liberté. D.P.

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 15:07

 


 

 

   Il faisait sacrément frisquet en ce début d'année-là. La météo, qui ne parlait pas encore de "variables saisonnières", se souvenait qu'on n'avait pas vu ça depuis janvier 40. On frissonnait dans les chaumières. On patinait sur les rivières. Le vent soufflait glacé et même la Guerre était Froide. Depuis deux ans et demi, à Berlin, un Mur séparait le monde en deux. La France, au cours de l'été 1962, avait vécu une visite aussi discrète que déterminante. Konrad Adenauer, le chancelier fédéral de notre pays "ennemi héréditaire", était venu rencontrer son homologue français. Chuchotements à Colombey. Te Deum à la cathédrale de Reims. Main tendue par-dessus les ombres.
   Deux mois plus tard, du 4 au 9 septembre, Paris programma le voyage inverse. De Gaulle fut acclamé à Bonn. L'élan était réel. Un pas supplémentaire s'imposait. Il eut donc lieu le 22 janvier 1963. Quarante-huit ans ce samedi! Ce qu'il en reste aujourd'hui, c'est une image en noir et blanc sous un lustre ancestral. Deux visionnaires, aux allures de siècle passé, s'appliquaient à parapher un document, juste avant une accolade embarrassée que les rares témoins de l'époque dDSCN8076étaillent comme une scène d'un héroïque film muet. Le "Traité de l'Elysée"  venait de voir le jour. Il "scellait la réconciliation"  franco-allemande. Il pariait sur l'avenir, la jeunesse et l'Europe.
   Impossible aujourd'hui de se repasser la séquence, sans que s'y mêlent, en superposition, d'autres plans fixes d'anthologie. Parfois crispés quand Pompidou et Brandt s'opposent sur l'"Ostpolitik"  le 3 juillet 1970 à Bonn. Souvent chaleureux, que ce soit le 1er juin 1974 lors d'une promenade nocturne de Giscard et Schmidt dans Paris. Ou, de façon plus emblématique encore lorsque Mitterrand et Kohl se figent, main dans la main à Douaumont, le 22 septembre 1984. Sans oublier Chirac et Schröder entrechoquant leurs chopes de bière ou Sarkozy claquant une bise incongrue à Angela Merkel.
   Mémorable album qui ne serait pas complet sans cet émouvant contrepoint. On est en 2003. C'est la commémoration du quarantième anniversaire du"Traité". Le chancelier Gerhard Schröder, qui vient d'évoquer Madame de Staël, Stefan Zweig, Romain Rolland ou Heinrich Mann, ne veut pas terminer son allocution sans la ponctuer de ces quelques voeux mélodieux qui l'ont à jamais marqué: "Oh! faites que jamais ne revienne / le temps du sang et de la haine...". Une incantation que De Gaulle et Adenauer ne pouvaient pas avoir prévue. La magnifique chanson de Barbara n'était pas écrite en 1963. N'empêche, c'est bien joli tout de même, Göttingen, Göttingen. D.P.

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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 21:56

   Il y a quand même, par-ci par-là, quelques volutes de bonnes nouvelles en ce bas monde qui sent le tabac froid. Tenez, en voilà une. Monsieur Hulot va récupérer sa pipe. Vous vous souvenez? C'était il y a un an et demi. La régie publicitaire de la RATP avait fait remplacer, sur les panneaux 4X3 installés dans les couloirs du métro, la fameuse bouffarde du nonchalant héros de Tati par un grotesque moulinet à vent. Une stupide décision consécutive à une application un peu fumeuse de la loi Evin. D'ailleurs, l'ex-ministre socialiste à l'origine de la lutte contre la publicité en faveur de l'herbe à Nicot, n'avait pas manqué lui-même de toussoter.

  Ouf! Fini tout cela. Proposée par le député PS de Saône-et-Loire, Didier Mathus - c'est "chique" de sa part -, la proposition d'assouplissement de ce "diktat" a été adoptée ce jeudi 17 janvier, en commission à l'Assemblée nationale, au profit de la "liberté culturelle et artistique". La volte-face ne concerne pas seulement Hulot qui, soit dit en passant, n'allumait jamais son "fourneau". Non, il y a aussi Malraux qui, privé de son mégot en 1996 sur un timbre, va pouvoir retrouver sa vraie valeur faciale. Et Sartre dont les doigts jaunis avaient, malgré eux, lâché sa sempiternelle Boyard sur le catalogue de la Bibliothèque nationale en 2005. Et Gainsbourg au cinéma. Et Coco Chanel...

   Certes, il y a plus brûlant dans l'actualité, on l'admettra, surtout en matière de censure, mais c'est toujours bien de voir une liberté renaître de ses cendres, non? C'est, en tout cas, comme ça que les choses avancent. Clopin-clopant. D.P.

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 21:06

   Vous êtes de quelle France, vous? C'est vrai, la question a l'air bête comme ça. Mais, qu'on le veuille ou non, il y en a au moins deux, sinon plus. Il y a la France championne du monde de la morosité. Celle qui ne veut plus payer ses billets de train. Celle qui est prête à s'indigner avec Séphane Hessel. Celle qui n'a pas digéré la réforme des retraites. Celle des usagers très usagés qui pestent dès qu'il neige. Celle qui ne croit plus en ses médicaments. Celle qui dénonce sa ministre  des Affaires étrangères qui a pourtant si gentiment offert le "savoir-faire" de notre police pour souffler sur les derniers feux de la Tunisie de Ben Ali.
   Et puis y'a l'autre. Celle que l'Insee regarde chaque année au fond des yeux, du coeur et du ventre. Rien à voir avec la précédente. C'est la France qui rit de se voir si belle dans le miroir des statistiques nationales. Celle qui a gagné quatre mois d'espérance de vie pour tous ses citoyens. Celle qui fait triompher le pacs. Celle qui, avec ses 2,01 enfants par femme - et accoucher d'une décimale, ce n'est pas facile -, affiche le taux de fécondité le plus élevé depuis le "baby-boom" et l'un des meilleurs d'Europe.

   Une France aux deux mamelles impossibles à réconcilier? On mesure mieux en tout cas, à travers ce paradoxe, la tâche d'un(e) prochain(e) président(e) de la République. De Gaulle soupirait déjà: comment voulez-vous gouverner un pays d'une telle diversité? Il parlait, lui, de nos spécialités laitières locales. Pas de celles et ceux qui, biberon à la main, font un fromage de tout. D.P.

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 21:22

   Doc, Doc, Doc! Qui est là? C'est "Bébé"! Mais faites-le donc entrer. Ils n'ont vraiment pas de bol, les Haïtiens, quand on y pense. Les rescapés du terrible séisme, abandonnés depuis un an entre ruines et choléra, ont en effet reçu dimanche, sur leur sol maudit, un visiteur dont ils se seraient bien passé. L'île dévastée ne sait toujours pas où est allée l'aide internationale pour la reconstruction, mais elle a retrouvé Jean-Claude Duvalier, alias "Bébé Doc". Après 25 ans d'exil doré en France, l'ex-tyran joufflu, nommé président à vie à l'âge de 19 ans en 1971, a resurgi, chaudement accueilli par quelques nostagiques, là même où ses "Tontons Macoutes" ont semé terreur et désastre. Son but? "Aider son peuple". Que n'y a-t-il songé plus tôt, le sinistre "bienfaiteur"!

  Et ce qui frappe, bien sûr, c'est cette affligeante coïncidence. Au moment où Ben Ali est contraint à la fuite, voilà que son ex-homologue de Port-au-Prince réapparaît. A se demander si le perpétuel mouvement des dictateurs n'est pas réglé sur le mécanisme de précision des coucous suisses. L'un sort, l'autre rentre. Courant alternatif du despotisme. Chassé-croisé de la ricanante barbarie. Les portes claquent. Le rideau tombe et se relève. Pour un peu, on se croirait "Au théâtre ce soir" dans une adaptation de quelque Impossible Monsieur Bébé. Sauf qu'ici les décors ne sont pas de Roger Hart, ni les costumes de Donald Cardwell. Et les cadavres, sous les lits et dans les placards de l'histoire, sont des vrais.  D.P. 

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 21:36

   Alors, jasmin ou pas jasmin? Si l'expression, en forme de voeu, invoquée ici même quelques jours avant l'épilogue, a fait florès, répandant avec elle le pollen de la liberté neuve, la suite des événements n'est évidemment pas allée sans flétrissures. Mais qu'importe les mots! Ce qui compte aujourd'hui en Tunisie, ce sont les maux. Ceux, d'abord, dont le peuple s'est débarrassé, par son désespoir et sa détermination, et qu'un seul vocable résume: la dictature. Mais aussi ceux, à peine moindres, que le nouveau gouvernement, formé ce lundi, doit, coûte que coûte, déjouer, repousser, éradiquer.

   En lieu et place des 23 ans d'ordre policé et insupportable a, en effet, tenté de s'imposer en quelques nuits la danse macabre des milices et des règlements de comptes, des pillages et de l'épuration, des matraques et des gourdins. Inévitable transition, sans doute, dans un pays où, en s'échappant, le tyran a laissé des sbires revanchards et une population déboussolée par son euphorisante liberté. Inévitable transition, oui, mais qu'elle soit la plus brève possible!

   En cela, il faut faire confiance à celles et ceux qui, sur place, ne peuvent se satisfaire d'un symbole, aussi fort soit-il: le spectre d'un "raïs" déchu fuyant, un soir de janvier, en calèche à kérosène à Varennes/Djedda. La Tunisie de l'après-Ben Ali doit s'inventer d'urgence, dans la lutte contre les dérives et la peur, cette alternance tant attendue, cette fleur si fragile, qui répond au merveilleux nom de "démocratie" et qui pourrait se propager dans le monde arabe comme un modèle. Comme le puissant parfum de jasmin qu'on rêve de ne pas voir définitivement s'éventer. D.P.  

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 21:09

Cela n'aura échappé à personne, une formule n'a cessé de fleurir, ces dernières heures, pour définir le grand chamboulement tunisien. Une expression emportée comme des étamines un peu folles par le sirocco des événements. Cette expression, "La Révolution de (ou du) jasmin", proposée alors sous forme interrogative avant l'épilogue que l'on sait, est née, comme éclosent les mots quand pousse le vent de l'histoire, sur ce blog, mercredi dernier 12 janvier, à 21 heures.

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Texte Libre

Ces révolutions que

nous n'avons pas vu venir

   De retour à Bény, en ce bel hiver de givre, je relis cette carte postale que mon père garde, avec celles des étés précédents, sur le buffet de la cuisine. "Sous le ciel encore chaud de la Tunisie, nous pensons bien à toi. Ici, on ne se croirait pas à la veille de la Toussaint. À bientôt. On t'embrasse". Des mots tout simples, écrits comme toujours à la hâte, au moment de reprendre l'avion. 

   C'était à peine trois mois plus tôt. Du Cap Bon où nous faisions halte, nous avions effectué de cahotants trajets à travers le pays. Le Temple des eaux au pied du djebel Zaghouan. Le site romain de Dougga, pur poème de pierre, de vent et d'oliviers, où Abdallah, notre guide, nous avait imposé une visite pour le moins exhaustive. Les villages poussiéreux où la population s'ennuie sous les palmiers flétris. Les charrettes, les bourricots, les antiques mobylettes. La pauvreté, la dignité et, pensions-nous, la résignation.

     La résignation? Eh oui, même lorsqu'on est le témoin d'un régime sans ambiguïtés, il n'est pas toujours si simple de pressentir l'histoire en marche. Avec le recul, pourtant, il y avait eu des scènes éloquentes. Ces barrages de police un peu partout, justifiés alors par un enlèvement d'enfant. Ce jeune diplômé quêtant quelques dinars dans les majestueuses ruines de Thuburbo Majus et qui se cachait pour aborder les "nantis" que nous étions à ses yeux. Un feu couvait en lui, c'est sûr. Il n'aurait peut-être pas fallu grand-chose pour qu'il parle. Mais nous étions pressés, comme souvent.

     Et, disons-le aussi, la méfiance nous gagnait. Un soir, du côté de la cité viticole de Grombalia, un 4X4 aux vitres fumées avait rattrapé notre "Symbol" de location. Une impression se confirmait: nous étions suivis. Sans doute vaut-il mieux ne pas écrire "journaliste" à la rubrique "profession" sur les fiches de douanes à l'arrivée lorsque, quelques mois plus tôt, on a utilisé le mot "dictature" pour rendre compte de la dernière parodie de réélection présidentielle au palais de Carthage.

     Les touristes européens flânaient dans les souks. Les cornes de gazelles étaient sucrées, le vin gris de Mornag montait à la tête, octobre avait de superbes rousseurs de désert et la tiédeur des plages invitait à fermer à demi les yeux. Que voulez-vous, c'est comme ça: exportées sur place, les plus solides notions de droits de l'homme se dissolvent parfois dans le bleu de la mer...

     Pour notre part, nous aurions dû prêter davantage attention aux ardents regards noirs de toute une jeunesse rivés aux téléphones portables. La "génération Ben Ali dégage!" préparait, dans la retenue, le grand soir arabe. Le fantoche président de fer était encore omniprésent. Piètre sosie d'un acteur de série B aux cheveux teints, posant, la main sur le cœur à chaque coin de rue, dans chaque lieu public, à côté des pubs pour les biscuits "Tigato" et pour les firmes corrompues se partageant le gâteau.

     Et voilà. Maintenant nous sommes au début 2011. Dans l'odeur du jasmin et de la poudre, dans le bruit des youyous et des balles, la Tunisie a fait sa "Révolution Facebook". Bonheur de découvrir ces incroyables images à la télévision qui en rappellent d'autres. À Berlin non plus, nous n'avions rien vu venir en novembre 1989. Pas plus qu'à Bucarest le mois suivant. Pas plus qu'au Caire ces dernières semaines...

     Nous parlons de tout cela, ce soir, dans cette ferme de Bresse où, depuis plus de trois ans, mon père veille seul avec son chien et ses cartes postales. Celle-ci, un peu plus ancienne, a été postée de Louxor: "Le printemps égyptien est doux. De part et d'autre du Nil, des merveilles nous attendent. À bientôt. On t'embrasse". Tout à l'heure, il nous rappellera comment lui aussi a retrouvé un jour la liberté. C'était en janvier 1945. L'armée russe avançait. Les portes du stalag de Silésie où il venait de passer plus de cinq ans s'ouvraient. Il allait encore mettre plus de quatre mois pour traverser, à pied et la faim au ventre, un no man's land de charniers, de ruines et de spectres hagards.

     Mais ceci est une autre histoire, direz-vous. Bien sûr. N'empêche, la Liberté, d'où qu'elle vienne, d'où qu'elle revienne, est la même. Au Nord ou à l'Est hier. Au Sud aujourd'hui. Dans nos sursauts collectifs. Dans nos émois partagés. Par l'étroite fenêtre aussi, parfois, de nos petites perceptions occidentales. D.P.

(Cette chronique a été publiée

dans l'hebdomadaire "Voix de l'Ain",

n° 3433, semaine du 11 au 18 février 2011). 

  

La carte de la gloire,

le territoire de l'oubli

   Le triomphe de Michel Houellebecq nous réjouit. Nous fûmes suffisamment déçus par ses échecs au Goncourt en 1998, avec Les Particules élémentaires, et en 2005, avec La Possibilité d'une île, pour ne pas nous féliciter de sa victoire, lundi dernier, à la troisième "tentative". Et cela d'autant plus que La Carte et le territoire (Flammarion) est un roman, à la fois désenchanté et jubilatoire, qui s'inscrit à merveille dans l'air du temps de ce mois de novembre 2010 où, sous la résignation apparente, se profile une très énergique "extension du domaine de la lutte".
   Le lendemain du prix, nous écoutions l'"heureux"  lauréat, sur France Inter, exhorter les auditeurs à ne jamais baisser les bras. "Ne vous laissez pas emmerder, soyez libres!", clamait-il. Magnifique, Michel! comme dirait Drucker qui ne va sans doute pas tarder à programmer un"Vivement dimanche"  houellebecquien. Il faut dire que ce matin-là, le malicieux écrivain à la paupière lasse comme ses anoraks réussissait une sacrée performance. Il volait carrément la vedette au général de Gaulle dont on célébrait pourtant, un peu partout ailleurs, le quarantième anniversaire de la disparition. Et lorsque l'invité déclara un brin péremptoire: "On n'a pas de devoirs envers son pays, on est des individus, c'est tout!", on a bien cru entendre, en bruit de fond radiophonique, le héros de Colombey se retourner dans sa tombe, pour autant que sa gigantesque stature posthume le lui en laissait le loisir.
   Tant pis pour "l'homme du 18 juin", c'est celui du 8 novembre qui était ici à l'honneur! La gloire est ainsi faite. L'enthousiasme du moment peut balayer d'un insolent revers de manche de parka fripée la majestuosité d'un uniforme. Voilà bien à quoi nous songions en écoutant ce drôle de fan de Jean-Pierre Pernaud et de Julien Lepers nous rappeler que "la France est un hôtel, pas plus".
   Injustice? Affaire de circonstances, c'est tout, évitons les grands mots. D'ailleurs, s'il y en a un qui est déjà rompu aux fatals soubresauts de la renommée, c'est à l'évidence Michel Houellebecq lui-même. "C'est curieux comme les choses changent..." fait-il dire au père de son double, à la page 217 de son opus désormais ceint de la prestigieuse bande rouge. Oui, les choses changent vite et bien malin qui pourrait évaluer la durée du rayonnement de celui qui, il n'y a pas si longtemps encore, était conspué à l'unanimité, ou presque.
   Comment pouvait-on, dans un contexte analogue, ne pas penser, au moment de l'attribution du prix, à un lauréat précédent qui vient de disparaître dans une assez scandaleuse indifférence? Lorsqu'il fut sacré, en 1968, pour Les Fruits de l'hiver, lui aussi capta tous les regards. Lui aussi éclipsa momentanément de Gaulle, avant que la chienlit ne déferle. Lui aussi fit des déclarations brutes de décoffrage. Lui aussi pesta contre les travers de la société du moment. Lui aussi réhabilita l'âme des provinces et des bourgades. Lui aussi fut traité de populiste. Lui aussi aimait les chiens. Lui aussi lorgnait vers l'Irlande. Lui? Il s'appelait Bernard Clavel et il a signé plus de quatre-vingts ouvrages dévorés, loin des chapelles, sinon celles du Jura aux toits de pierre et de bois, par des millions de gens.
  Comprenons-nous bien: il ne s'agit pas de comparer les mérites respectifs du "dépressif" du Gâtinais et du bûcheron franc-comtois. Leurs oeuvres, pas plus que leurs démarches, leurs postures et leurs convictions - quoi que... - n'offrent de vraies similitudes. Qu'on nous permette simplement d'y mieux mesurer, parfois jusqu'au vertige, l'indécent grand écart auquel sont soumises, au fil des ans, ces notions floues que sont, en art, le goût et la reconnaissance, l'emballement et la postérité, le lâchage et la fidélité.
   Allez, terminons par une hypothèse. Et si, un de ces quatre, Michel Houellebecq rédigeait un vibrant éloge de Bernard Clavel? Dans La Carte et le territoire, il rend bien un hommage aussi inattendu sous sa plume que mérité pour l'intéressé, à un autre laissé-pour-compte de l'ingrat monde des Lettres: Jean-Louis Curtis (1917-1995). Curtis avait lui aussi obtenu le Goncourt. C'était en 1947 pour Les Forêts de la nuit. Ces forêts où il rôde aujourd'hui, si loin des splendeurs de chez Drouant, avec Clavel et tant d'autres, avant que l'histoire littéraire ne rende son jugement dernier. Au minimum dans un siècle ou deux, "particules élémentaires" comprises. D.P.
(Cette chronique a été publiée,

dans une version légèrement modifiée,

dans l'hebdomadaire "Voix du Jura",

n° 3452, semaine du 20 au 26 janvier 2011). 

 

Ferrat, Chabrol:

l'émotion consolatrice
   Drôles d'hommages, quand on y pense. Il y a quelques mois, la France, larme printanière à l'oeil et lyrisme aragonien aux lèvres, n'en finissait plus de saluer Jean Ferrat. La télévision nationale, on s'en souvient, n'hésita pas à retransmettre en direct les obsèques de l'"échappé"  ardéchois, un peu à la façon d'une étape de la "Grande boucle" dans un col cévenol. Et les foules bigarrées ne cessent, depuis, de se bousculer dans l'étroit cimetière basaltique, lors d'un fervent ballet qui ne manquerait pas d'agacer le discret compagnon des petites routes et des pensées rebelles.
   C'était en mars dernier, entre les deux tours d'une élection que les "bonnes gens"  boudèrent en une obstination inversement proportionnelle à celle qu'ils insufflèrent dans leur "au revoir" au chantre de La Montagne. Et voici donc qu'un semestre plus tard disparaît Claude Chabrol, sous un concert de louanges et face une émotion, certes pas tout à fait de la dimension de la précédente, mais néanmoins étonnante par son impact à la fois médiatique et intimiste.
   Holà, que se passe-t-il donc pour qu'un pays peu réputé pour aimer ses artistes - c'est un euphémisme - manifeste ainsi, coup sur coup, sa sympathie et son chagrin? Un tel engouement se justifie évidemment, au-delà de la force des couplets ou des films des deux créateurs, par la somme d'admiration et de proximité qu'ils inspiraient, chacun de son côté. Le premier par son insolente tendresse et ses engagements jamais feints. Le second par son observation espiègle et grinçante de la société. Mais sans doute faut-il voir également, dans ces effets conjugués de complicité populaire, des éléments d'ordre plus circonstantiels. L'interprète de Ma Môme et le cinéaste du Boucher, dans des registres répétons-le fort différents, n'en incarnaient pas moins l'un et l'autre, y compris sans doute jusque dans les propres limites de certaines de leurs oeuvres, une honnêteté, un goût du travail bien fait, un attachement à la mémoire et un indéfectible respect des individus. Autant de valeurs, faut-il le rappeler, qui font particulièrement défaut en une époque de cynisme roi, de politique dévoyée, de chasse aux minorités ethniques, de charters vrombissant d'indécence sur le tarmac glissant des campagnes électorales...
   Impossible de réécouter une chanson de Ferrat ou de se "repasser" un film de Chabrol sans s'imprégner des bénéfiques célébrations de la patience, de la malice, de la tolérance et de la liberté. Et puis, avons-le, nous ressentions une vraie consolation à les voir l'un et l'autre, moustache frémissante ou pipe en bouche, parler soupes d'autrefois, vins de terroir et pourfendre en se marrant "les cons qui n'arrêtent pas de voler et les autres de les regarder", cela en une époque où la fumée conviviale, le verre entre amis et l'humour décapant tombent sous le coup de la loi, alors que la "bêtise d'Etat" entache le pays du droit de Roms. 
   Entre "ombre faite humaine" et "oeil de Vichy", entre "amour cerise"  et adultères provinciales, Jean Ferrat et Claude Chabrol étaient tous deux, à leur manière, d'Antraigues à Sardent, d'éloquents refrains en travellings suggestifs, inscrits à l'inventaire de nos monuments historiques familiers. Continuons à nous précipiter pour la visite en groupes de leurs battements de coeur, de leurs ricanements, de leurs univers, de leur exemplarité. Alléluia et Moteur! D.P.

   

 La rentrée littéraire,

quelle vacherie!
 Elle est retrouvée. Quoi? La rentrée littéraire qui n'a, avouons-le, pas grand'chose à voir avec l'éternité rimbaldienne. Les libraires transpirent. Les attachées de presse s'enfièvrent. Les chroniqueurs frottent leurs lunettes et affûtent leur sens critique. Un peu partout on compte, on compare, on spécule. Au juste, 701 romans, dont 497 français, ça fait combien de plus, de moins ou de pile poil pareil que l'année dernière qui, elle-même, etc. Drôle de phénomène bien de chez nous que cette espèce de foire d'automne où l'on remplace les bestiaux par des bouquins et les viriles clameurs des enchères par des maquignonnages autour des prix. Palpez un peu cette Nothomb, vous m'en direz des nouvelles. Et le dernier fleuron de la race Houellebecq, visez-moi cette encolure. 
   S'il y en a une qui ne risque pas de s'offusquer de la métaphore bovine, c'est bien Claudie Gallay. La petite femme aux yeux bleu pervenche, propulsée directement de ses terreuses origines nord-iséroises aux "déferlantes" du succès, a écrit son nouvel opus, L'Amour est une île, (Actes Sud), dans sa bergerie du Charolais. Avec des broutards crème meuglant sous sa fenêtre. Avec un ciel pluvieux comme vache qui pisse. La-bas, du côté de La Clayette et de Semur, il y a les prés sans Saint-Germain. Et les éleveurs, qui tordent leurs casquettes à l'heure d'écorner leurs troupeaux, se fichent de l'embouche romanesque comme de la première litière de leur stabulation.
   Ils ne dévoreront ni Despentes, ni Forest, ni Volodine. Ni Linda Lê, ni Adam, ni Claudel. Et encore moins Breat Easton Ellis et J.M. Cootzee. Pas le temps. Propos un brin savants. Bref, un monde qui n'est pas le leur. Claudie, ce n'est pas pareil. Elle est presque d'ici. Elle cause comme l'ultime épicière du coin qui fait dépôt de pain et de journaux. Pas mince, le compliment.
    Cette fois-ci, c'est vrai, elle s'est embarquée du côté du festival d'Avignon l'année de la grève des intermittents. Evidemment, on s'en fiche un peu sur les rives de la Grosne, de la Guye ou du Grison. Mais sûr, la prochaine fois, elle parlera des gens du cru. A commencer, peut-être, par les habitants de Saint-Ythaire. Saint-Ythaire, c'est entre Bonnay et Curtil-sous-Burnand. 122 âmes en colère contre le projet d'implantation de cinq éoliennes. Un super sujet pour l'écrivain qu'on a même aperçue l'autre soir au "Vingt heures" de TF1.
    Les révoltés de Saint-Ythaire? A moins que ce ne soient les Don Quichotte de Bény. Bény, c'est au coeur de la Bresse, de l'autre côté de la Saône. Là, c'est contre la future Ligne à grande vitesse qu'on se mobilise à coups de calicots et de banderoles accrochés aux barrières des fermes et des villas avec, parfois, des slogans en patois: "LGV, to ka t'nallo!" ("LGV, tu n'as qu'à t'en aller"!).
   Des hélices géantes bientôt essaimées dans le paysage si cher jadis aux abbés de Cluny ou des trains fous écrasant prochainement l'AOC des célèbres volailles aux pattes bleues. Fichue alternative, quand on y pense. D'autant plus que, dans ce décor de pseudo-polar rural, on ne discerne pas la moindre librairie à l'horizon. Alors, dites, où c'est qu'on va les trouver, à Saint-Ythaire, à Bény ou ailleurs, les 701 titres annoncés? Houellebecq a raison: il convient de revoir de toute urgence "La carte et le territoire". Ah! quelle vacherie, par ici, la rentrée littéraire. (Fin août 2010). D.P.

 

Quelques nouvelles de par ici
 
 
    Je vais vous donner un peu des nouvelles de par ici. C'est où par ici? C'est chez moi. Enfin, je veux dire pas loin. A la rigueur juste à côté. Le décor, vous le connaissez. Il y a un village avec son clocher vaguement roman. Le presbytère transformé en gîte rural. L'épicerie où l'on vend des caramels pour les gosses et des asticots pour la pêche. Le calme règne jusqu'au milieu de l'après-midi. C'est à ce moment-là que les tracteurs ramènent les voitures de foin dans les fermes. Les travaux agricoles, cette année, quelle galère: on est passé directement de l'hiver du mois de mai à la canicule du solstice! Vers dix-huit heures, dix-huit heure trente, les gosses font des pirouettes à bécane et les ados, sur la placette, gloussent dans leurs téléphones portables sans jamais déclarer forfait. Ensuite, le boulodrome de fortune prend  doucement des allures de petit G20 provincial.
    Imperturbable, l'employé municipal arrose les fleurs. Ou ce qu'il en reste. Le week-end dernier, des dadais en goguette ont piétiné les terre-pleins. "Saloperie de désoeuvrés!" maugrée Jean en lisant l'entrefilet dans la chronique locale. Jean, c'est le facteur. Après sa tournée, il aime bien prendre un verre. Le seul café qui n'a pas encore baissé rideau aligne trois tables sur le trottoir. Les autres troquets ont tous fermé. Trop de travaux pour se mettre aux normes. En sirotant son panaché, le préposé s'attarde sur le journal du coin. Les décès, les mariages, les naissances, les accidents... Il lit aussi le billet, en haut à gauche de la page 2. Il y a même la photo du chroniqueur qui tient un bouquin dans ses mains. En regardant de près, on découvre le titre et l'auteur. C'est Après beaucoup d'années de Philippe Jaccottet.
    Jaccottet est un immense poète qui vit dans les parages. Mais personne ne le connaît vraiment. Jean s'en fiche. Lui, ce qu'il recherche dans son canard, ce sont les infos pratiques. Ou les échos du conseil municipal. L'annonce des fêtes d'été. Les vide-greniers des alentours. Mais à la Une, il y a cette photo. Un ministre et sa femme "dans la tourmente". Eric et Florence Woerth, ils s'appellent. Pierrot, le patron du café, qui vient faire un brin de causette à Jean, prononce ce nom à sa façon. Il dit "Voerte" et ça sonne un peu comme un hommage aux absinthes verlainiennes d'autrefois. "Tous pareils, hein, y'en a pas un pour racheter l'autre!". Jean, le regard rivé aux résultats du "Mondial" de foot et au classement général du Tour de France, ne répond rien. Ou alors il fait "hum hum" et bien malin qui pourrait comprendre si c'est une approbation ou l'inverse. 
  Rien ne bouge, ou presque. Il y a juste un soupçon d'électricité dans l'air. La grêle est annoncée pour le soir mais, c'est bien connu, "à la météo, ils se trompent tout le temps...". N'empêche, il faut hâter la fenaison. Demain à l'aube, les fourches hydrauliques des colossaux Renault ou John Deere payés à crédit planteront leurs dents dans ces rouleaux herbeux qui, au mitan des parcelles de la PAC, ressemblent aux chignons lavande des aïeules de ce "pays". Ce "pays" qui pleure et qui rit, qui meurt et qui vit. Ce "pays" qui attend les touristes. Ce "pays" en jachère où, dans les villas des lotissements en extension, Internet remplace désormais l'épicier qui faisait jadis sa tournée en klaxonnant à travers des hameaux pleins de vieux taiseux et de chiens tout en gueule. 
  Voilà, ça se passe par ici un jour brûlant de juillet. Plus tard, peut-être, je vous donnerai des nouvelles de par là-bas. C'est où par là-bas? C'est du côté de par ici. Si jamais, un de ces quatre, vous avez l'occasion, arrêtez vous quelques instants, on parlera un peu de Jaccottet. "Faites passer, disait la terre elle-même, ce matin-là, de sa voix qui n'en est pas une. Mais quoi encore? Quelle consigne?" (Juillet 2010). D.P.
 

    

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