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16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 22:58

 DR    Les quelque 664.709 candidats au bac qui ouvriront ce lundi matin la session 2013 avec la philosophie auront-ils à réfléchir sur le mensonge? Il n'est pas rare, en effet, que cette notion vienne émailler des sujets du genre: "N'y a-t-il aucune vérité dans le mensonge?" A moins que, sur un thème analogue, on invite les lycéens à disserter à partir de l'assertion de Saint Augustin: "Est donc menteur celui qui pense quelque chose en son esprit et qui exprime autre chose dans ses paroles".

   Cela dit, les choses étant ce qu'elles sont, lorsqu'il est aujourd'hui question de mensonge, on pense moins à l'évêque d'Hippone qu'à Jérôme Cahuzac. Et ce sont bien justement son imposture et sa trahison qui étaient à l'évidence dans tous les esprits, ce dimanche, dans ce qui fut le fief du ministre déchu. Le résultat, on le connaît: le candidat PS ne sera pas présent au second tour de la législative partielle du Lot-et-Garonne que se disputeront l'UMP et le FN. Même s'il n'est qu'une demi-surprise, ce 21 avril au pays de Paul Guth n'en constitue pas moins, à son niveau,  un nouvel électrochoc politique. Sans compter qu'on y trouvera, en ce jour J, matière à méditer, façon "Peut-on tirer la leçon de l'histoire?" Ou "Dans quelle mesure l'homme peut-il se libérer du passé?"
    On l'aura compris, la philo est partout en ces temps d'examens nationaux, sinon de conscience. On l'aura pourtant cherché en vain dans le grand oral de François Hollande, invité d'une émission télévisée dominicale empruntant son titre au très Capital best-seller de Marx. Tout juste se contentera-t-on de cette maxime un peu pauvrette: "Ce ne sont pas les réformes qui prennent du temps, mais les résultats de ces réformes". Allez, au travail quand même! On ramasse les copies dans quatre ans. D.P. 
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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 22:10

        Ce n'est décidément pas facile de tourner la page de la vie politique. Voyez Sarkozy, chaque jour un peu plus rattrapé par "l'affaire Tapie". Voyez Tapie lui-même, au coeur de l'abyssal scandale d'Etat à 403 millions d'euros. Or, il existe pourtant une solution pour s'en tirer avec honneur. Devenir académicien. C'est ce que vient de réussir l'ancien ministre de l'Education du gouvernement Fillon. Elu au fauteuil 40, celui de Pierre-Jean Rémy,  Xavier Darcos a battu ce jeudi au deuxième tour, par quinze voix contre sept, Antoine Compagnon, professeur au Collège de France et à l'université de Columbia.

   Belle performance, on en conviendra. Celui qui ne laissa pas un souvenir immortel rue de Varenne vient donc ainsi de le devenir, immortel. Oublié son fait d'armes principal qui consistait à vouloir supprimer, en 2009, 13 500 postes.  Pardonnés ses propos peu amènes sur les enseignants des toutes petites classes. Minimisée son incapacité à résoudre une règle de trois. La seule chose qui compte dorénavant, c'est l'amour des Belles lettres du passionné à qui l'on doit une thèse de doctorat sur le sentiment de la mort chez Ovide, une biographie de Prosper Mérimée et une anthologie de poésie témoignant chez son auteur, il faut bien le dire, d'une vraie connaissance du sujet.

   Ah! si Sarkozy, Tapie, Lagarde, Stéphane Richard - liste non limitative - avaient aimé la poésie, sûr qu'ils n'en seraient pas là.  Et la France non plus, tiens! D.P.   

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 21:25

    Après le scandale du Médiator, voici l'affaire de la Furosémide. Certes, les deux dérives n'ont ni les mêmes origines ni sans doute d'identiques proportions. Mais n'empêche, l'une et l'autre jettent le doute et l'opprobe sur un univers que l'on aurait rêvé de voir sanctuarisé: la santé. A qui donc se vouer? Existe-t-il un domaine auquel on peut accorder un plein crédit? L'ère du soupçon n'en finit plus de se propager dans une société où il est dit que le ver est dans le fruit comme le cheval dans les lasagnes et donc aujourd'hui le somnifère dans le diurétique.
   De magouilles en enfumages, de lanternes en vessies, il y a urgence à savoir si cette dernière bévue ne procède que d'une "simple" erreur humaine ou si des apprentis sorciers manipulent nos vies à la manière dont on intervertit deux emballages de "cachetons". Ah! s'il existait, au point où nous en sommes, un médicament apte à restaurer la confiance, il faudrait qu'on nous en administre une sacrée dose. Et encore: à condition d'être sûr de sa composition. Car ces révélations à répétition ont au moins une vertu: elles nous aident à ne plus avaler n'importe quoi. D.P.

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5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 22:24

      Une nouvelle guerre? Ne soyons pas stupides. On aurait honte d'utiliser ce mot à l'heure où, sur un autre front, un vrai, un terrible, celui-là, on répand du gaz sarin. Pas d'armes chimiques ici, Dieu merci, même si on n'hésite pas à jouer l'intox.

   De quoi s'agit-il? D'une guéguerre tout au plus. Avec d'un côté, l'Europe qui, lasse du dumping chinois, a annoncé son intention de taxer les installations photovoltaïques importées. Et de l'autre, un empire du Milieu piqué au vif menaçant, en rétorsion - on pourrait presque dire, vu le contexte, en "résistance" -, de boycotter les vins européens, à commencer évidemment par la prestigieuse production française.

   Panneaux contre tonneaux! Drôle de match, quand y songe! Mais à peine de quoi voler la vedette à Roland-Garros. Que nos viticulteurs se rassurent. Les Pékinois, qui en matière de rouge s'y connaissent, ne sont sans doute pas prêts à lâcher nos fleurons. Chantage, oui, probablement, que tout cela. Une bonne négociation devrait en venir à bout. Un conseil? Un p'tit verre radoucit souvent mieux l'atmosphère qu'un chauffage solaire. Allez, tchin-tchin, les gars! D.P. 
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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 21:00
   On ne l'a pas oublié, c'était au début du mois d'avril. Les aveux de Jérôme Cahuzac venaient de traumatiser le pays et tous les regards se tournaient avec insistance vers l'hôte de l'Elysée. Comment allait-il s'y prendre pour tenter de déjouer le mensonge d'Etat de son ex-ministre de l'Economie, chantre de la lutte contre la fraude fiscale alors qu'il planquait son magot en Suisse et à Singapour? Eh! bien, on allait voir ce qu'on allait voir. Plus question de tolérer le moindre mouton noir dans les instances politiques. Le grand remède universel s'appelait trans-pa-ren-ce. "Un tournant pour nos institutions", rien de moins, clamait-on en haut lieu.
   Sauf que, au-delà de la presque union de façade, le grand strip-tease républicain  ne manquait pas de faire grincer quelques dents. Le patron de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, pour ne citer que lui, dénonçait même carrément le risque d'une "démocratie paparazzi". Bah! C'était sans compter avec le temps. Deux mois plus tard, et alors que l'émotion est fatalement retombée, l'exécutif vient de sacrément revoir à la baisse les prétentions de sa "réforme historique". Les déclarations de patrimoine des parlementaires seront consultables mais non publiées. La nuance n'est pas mince. On y verra ce qu'on voudra. Un sens du compromis exacerbé. Ou une magnifique reculade. Une de plus, clament déjà certains. 
   Un pas en avant, deux pas en arrière... Il faut que l'on s'y fasse, ce rythme-là n'est plus seulement argentin. Au son de l'orchestre social-démocrate qui mène le bal, la France ne jure plus que par la dernière danse à la mode: le tango hollandais. D.P.
  (Mauvaise prédiction dans mon billet d'hier: une bouteille de champagne a bien été brisée sur la coque du porte-conteneurs "Jules Verne". La précision s'impose. Pas question de mener les lecteurs en bateau!).
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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 21:09
    On pourrait presque soupçonner quelque chose de gaullien dans la visite de François Hollande ce mardi à Marseille. Cinquante-trois ans après l'inauguration du paquebot "France" par son historique prédécesseur, le président  de la République s'apprête en effet à saluer très médiatiquement l'entrée en flotte d'un autre fleuron des océans. Et pas n'importe lequel. Avec ses 396 mètres de long, ses 108.000 CV "écologiques" et ses 16.020 "boîtes", le porte-conteneurs "Jules Verne"  est à ce jour le plus grand navire jamais construit par l'homme.  Certes, livré par les chantiers sud-coréens Daewoo, le géant n'en sera pas moins enregistré sous pavillon tricolore. Un vrai symbole en un temps d'économie frappée de tempête.
   Qu'on n'attende pas, néanmoins, de magnum de champagne brisé contre la coque de ce bâtiment qui pourrait, dit-on, transporter la tour Eiffel. L'heure n'est plus à se faire mousser comme au bon temps des "Trente Glorieuses". Mais gageons que François Hollande entend bien se jouer d'un tel emblème pour réaffirmer son rôle en filant à sa manière la métaphore nautique: gouverner, garder le cap, affronter les plus fortes houles...
   Pas sûr pourtant que cela soit suffisant pour faire oublier ce qui fâche, au lendemain de l'annonce d'une réforme de la politique familiale controversée et alors que, sans bouée ni bateau, la courbe du chômage n'en fait, elle, qu'à sa tête plongeuse, quelque part à vingt mille lieues sous les mers de la récession. D.P.


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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 21:29
     Des centaines de manifestants déterminés. Un mouvement qui enfle et se propage. Des échauffourées. Des barricades. Des rues bouclées. Des blessés... Evidemment, ça rappelle quelque chose, ce qui se passe actuellement sur les rives du Bosphore. Avec, à l'esprit, les images-chocs des insurrections tunisienne et égyptienne, il ne faudrait pas nous pousser beaucoup pour qu'on se persuade d'assister en ce moment à la déclinaison tardive d'un printemps arabe version byzantine. Une sorte de révolution du jasmin aux parfums de loukoum.
  A y regarder de plus près, les situations sont pourtant assez différentes, même si, de part et d'autre, la jeunesse, Facebook et une ardente soif de liberté sont en première ligne. Avant d'être sociale et politique, l'origine de cette rébellion qui s'étend progressivement au-delà de la Corne d'Or est, d'une certaine manière, écologique avec, comme cible initiale, un projet de rénovation urbaine dans le centre de la mégapole-pont entre l'Europe et l'Asie prévoyant le déracinement de 600 arbres.
    Certes, au motif de base se greffe  une contestation plus générale de la politique du Premier ministre Erdogan. Mais selon un objectif carrément inverse à celui des pays précités, c'est l'islamisation rampante de la société turque qui est ici attaquée. Nul ne peut dire où va cette mobilisation mais tout semble confirmer que Taksim - la place où tout a commencé - n'est pas Tahir. Pour un peu, le "grand bazar" de la contestation stanbouliote, sorte de vaste bras döner au pays du kébab, ferait plutôt songer à un embryon de mai 68 au nez de Sainte Sophie. Comment dit-on "chienlit" dans la langue de Nazim Hikmet? D.P. 

 

 

 

 

 

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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 21:37

        Il y a des mots qui vont bien ensemble. "Fête des voisins", par exemple. Rien qu'à les prononcer, on entend des flonflons, des glouglous, des cui-cui. Et puis, hum!, ces parfums de barbecue et de vin rosé qui flottent de cours d'immeubles en patios fleuris, avouez que ça aide à aimer son prochain. Bon, c'est vrai, ce vendredi, il faudra faire preuve d'imagination pour se croire à la veille du mois de juin, mais tant pis. La bonne idée d'Atanase Périfan qui, dès 1999, lança l'initiative dans son 17e arrondissement parisien, se perpétuera allègrement. Dans une société en fièvreuse quête de liens et de sens, ce rendez-vous-là est une aubaine. On y apprend un peu mieux qui est celle ou celui qu'on ne croise que furtivement, en temps ordinaire, dans le hall ou l'escalier, à l'heure de partir au boulot. 

   Partir au boulot, c'est une façon de parler. Par les temps qui régressent, nous sommes, en effet, de moins en moins nombreux à jouer ce rôle social qui paraissait encore tellement naturel il y a peu. Ne l'oublions pas ce soir. Parmi nos voisins descendus de chez eux à l'heure du brasier qui réchauffe et des bouchons qui sautent, il y aura fatalement quelques-uns - le chiffre vient de tomber - des 3.264.400 sans emplois recensés au mois d'avril. La réalité est là. Dans ce grand rassemblement convivial annuel, jamais travailleurs et chômeurs n'auront été à ce point, des espèces voisines. Allez, bonne fête quand même, hein! D.P.  
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29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 20:34

 

 

Bernard Tapie le 8 février 2008. Image d'archives.   On comprend mieux pourquoi Bernard Tapie s'intéresse à la presse. Il est à lui seul un journal dans lequel se côtoient, presque au quotidien, les rubriques judiciaire, financière et people. La dernière manchette qui vient de s'imprimer dans sa propre actu n'est pas des moindres. Un vrai coup de tonnerre.

   Pierre Estoup, l'un des trois juges du tribunal arbitral à l'origine de l'indemnité de 403 millions d'euros clôturant (?) le litige de l'homme d'affaires marseillais avec le Crédit Lyonnais, vient d'être mis en examen pour "escroquerie en bande organisée". Ce qui reviendrait à dire, si le soupçon est confirmé, que, selon la formule de François Bayrou, on aurait "installé au coeur de l'Etat une manoeuvre pour détourner l'argent public". Et cela malgré les dénégations de Christine Lagarde récemment sortie de sa garde à vue en tant que simple témoin assisté.  

   Voilà qui, quelques semaines après le séisme Cahuzac, ne va pas manquer d'en rajouter dans le vaste désaveu collectif des Français vis-à-vis des élites. Sale histoire de gros sous et d'indécence délibérée du règne Sarkozy? La suite au prochain numéro. Car la permanente gazette Tapie n'hésite jamais, on le sait bien, à sacrifier également à la rubrique feuilleton. D.P.

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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 22:55

  Le premier mariage homo? Le premier "mariage pour tous"? Mais non: un mariage "normal", voilà tout. C'est cela et rien d'autre qui devrait se dérouler tout à l'heure à Montpellier. La loi Taubira ayant en effet été votée, il n'y a pas de raison, à première vue, d'éclairer d'une lumière particulière l'union de Vincent et Bruno. Et pourtant...

   Pourtant chacun sait que cette cérémonie, qui ne devrait être que privée, revêtira une dimension exceptionnelle. D'abord parce qu'elle sera placée sous haute surveillance. Un escadron de gendarmerie - soit 80 militaires - a été mobilisé. Du fait, également, d'une couverture médiatique qui s'annonce presque aussi exceptionnelle que celle dont bénéficièrent jadis Coluche et Le Luron. Sans oublier la présence annoncée de Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement. 
    Espérons qu'en dépit de l'incontournable frénésie, il n'y ait pas de débordements stupides. C'est la République elle-même qui, sinon, ne serait pas à la noce. Ne perdons pas de vue que cette célébration, aussi innovante qu'elle paraisse dans l'instant, ne sera demain - dans cinq ans, dans dix, dans vingt? - qu'une image d'archives aussi banale que celles qui illustrent aujourd'hui la rubrique matrimoniale des journaux locaux.
   Et s'il faut inciter les futurs mariés de l'an 13 à la modestie - ils ont tout de même cru bon de donner hier une conférence de presse -, rappelons leur que leurs noms ne figurent même pas dans le nouveau Petit Robert, pas plus que l'expression "mariage pour tous" n'y est mentionnée. Gageons, d'ailleurs, que ni Vincent ni Bruno n'en seront marris. D.P.
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Texte Libre

Ces révolutions que

nous n'avons pas vu venir

   De retour à Bény, en ce bel hiver de givre, je relis cette carte postale que mon père garde, avec celles des étés précédents, sur le buffet de la cuisine. "Sous le ciel encore chaud de la Tunisie, nous pensons bien à toi. Ici, on ne se croirait pas à la veille de la Toussaint. À bientôt. On t'embrasse". Des mots tout simples, écrits comme toujours à la hâte, au moment de reprendre l'avion. 

   C'était à peine trois mois plus tôt. Du Cap Bon où nous faisions halte, nous avions effectué de cahotants trajets à travers le pays. Le Temple des eaux au pied du djebel Zaghouan. Le site romain de Dougga, pur poème de pierre, de vent et d'oliviers, où Abdallah, notre guide, nous avait imposé une visite pour le moins exhaustive. Les villages poussiéreux où la population s'ennuie sous les palmiers flétris. Les charrettes, les bourricots, les antiques mobylettes. La pauvreté, la dignité et, pensions-nous, la résignation.

     La résignation? Eh oui, même lorsqu'on est le témoin d'un régime sans ambiguïtés, il n'est pas toujours si simple de pressentir l'histoire en marche. Avec le recul, pourtant, il y avait eu des scènes éloquentes. Ces barrages de police un peu partout, justifiés alors par un enlèvement d'enfant. Ce jeune diplômé quêtant quelques dinars dans les majestueuses ruines de Thuburbo Majus et qui se cachait pour aborder les "nantis" que nous étions à ses yeux. Un feu couvait en lui, c'est sûr. Il n'aurait peut-être pas fallu grand-chose pour qu'il parle. Mais nous étions pressés, comme souvent.

     Et, disons-le aussi, la méfiance nous gagnait. Un soir, du côté de la cité viticole de Grombalia, un 4X4 aux vitres fumées avait rattrapé notre "Symbol" de location. Une impression se confirmait: nous étions suivis. Sans doute vaut-il mieux ne pas écrire "journaliste" à la rubrique "profession" sur les fiches de douanes à l'arrivée lorsque, quelques mois plus tôt, on a utilisé le mot "dictature" pour rendre compte de la dernière parodie de réélection présidentielle au palais de Carthage.

     Les touristes européens flânaient dans les souks. Les cornes de gazelles étaient sucrées, le vin gris de Mornag montait à la tête, octobre avait de superbes rousseurs de désert et la tiédeur des plages invitait à fermer à demi les yeux. Que voulez-vous, c'est comme ça: exportées sur place, les plus solides notions de droits de l'homme se dissolvent parfois dans le bleu de la mer...

     Pour notre part, nous aurions dû prêter davantage attention aux ardents regards noirs de toute une jeunesse rivés aux téléphones portables. La "génération Ben Ali dégage!" préparait, dans la retenue, le grand soir arabe. Le fantoche président de fer était encore omniprésent. Piètre sosie d'un acteur de série B aux cheveux teints, posant, la main sur le cœur à chaque coin de rue, dans chaque lieu public, à côté des pubs pour les biscuits "Tigato" et pour les firmes corrompues se partageant le gâteau.

     Et voilà. Maintenant nous sommes au début 2011. Dans l'odeur du jasmin et de la poudre, dans le bruit des youyous et des balles, la Tunisie a fait sa "Révolution Facebook". Bonheur de découvrir ces incroyables images à la télévision qui en rappellent d'autres. À Berlin non plus, nous n'avions rien vu venir en novembre 1989. Pas plus qu'à Bucarest le mois suivant. Pas plus qu'au Caire ces dernières semaines...

     Nous parlons de tout cela, ce soir, dans cette ferme de Bresse où, depuis plus de trois ans, mon père veille seul avec son chien et ses cartes postales. Celle-ci, un peu plus ancienne, a été postée de Louxor: "Le printemps égyptien est doux. De part et d'autre du Nil, des merveilles nous attendent. À bientôt. On t'embrasse". Tout à l'heure, il nous rappellera comment lui aussi a retrouvé un jour la liberté. C'était en janvier 1945. L'armée russe avançait. Les portes du stalag de Silésie où il venait de passer plus de cinq ans s'ouvraient. Il allait encore mettre plus de quatre mois pour traverser, à pied et la faim au ventre, un no man's land de charniers, de ruines et de spectres hagards.

     Mais ceci est une autre histoire, direz-vous. Bien sûr. N'empêche, la Liberté, d'où qu'elle vienne, d'où qu'elle revienne, est la même. Au Nord ou à l'Est hier. Au Sud aujourd'hui. Dans nos sursauts collectifs. Dans nos émois partagés. Par l'étroite fenêtre aussi, parfois, de nos petites perceptions occidentales. D.P.

(Cette chronique a été publiée

dans l'hebdomadaire "Voix de l'Ain",

n° 3433, semaine du 11 au 18 février 2011). 

  

La carte de la gloire,

le territoire de l'oubli

   Le triomphe de Michel Houellebecq nous réjouit. Nous fûmes suffisamment déçus par ses échecs au Goncourt en 1998, avec Les Particules élémentaires, et en 2005, avec La Possibilité d'une île, pour ne pas nous féliciter de sa victoire, lundi dernier, à la troisième "tentative". Et cela d'autant plus que La Carte et le territoire (Flammarion) est un roman, à la fois désenchanté et jubilatoire, qui s'inscrit à merveille dans l'air du temps de ce mois de novembre 2010 où, sous la résignation apparente, se profile une très énergique "extension du domaine de la lutte".
   Le lendemain du prix, nous écoutions l'"heureux"  lauréat, sur France Inter, exhorter les auditeurs à ne jamais baisser les bras. "Ne vous laissez pas emmerder, soyez libres!", clamait-il. Magnifique, Michel! comme dirait Drucker qui ne va sans doute pas tarder à programmer un"Vivement dimanche"  houellebecquien. Il faut dire que ce matin-là, le malicieux écrivain à la paupière lasse comme ses anoraks réussissait une sacrée performance. Il volait carrément la vedette au général de Gaulle dont on célébrait pourtant, un peu partout ailleurs, le quarantième anniversaire de la disparition. Et lorsque l'invité déclara un brin péremptoire: "On n'a pas de devoirs envers son pays, on est des individus, c'est tout!", on a bien cru entendre, en bruit de fond radiophonique, le héros de Colombey se retourner dans sa tombe, pour autant que sa gigantesque stature posthume le lui en laissait le loisir.
   Tant pis pour "l'homme du 18 juin", c'est celui du 8 novembre qui était ici à l'honneur! La gloire est ainsi faite. L'enthousiasme du moment peut balayer d'un insolent revers de manche de parka fripée la majestuosité d'un uniforme. Voilà bien à quoi nous songions en écoutant ce drôle de fan de Jean-Pierre Pernaud et de Julien Lepers nous rappeler que "la France est un hôtel, pas plus".
   Injustice? Affaire de circonstances, c'est tout, évitons les grands mots. D'ailleurs, s'il y en a un qui est déjà rompu aux fatals soubresauts de la renommée, c'est à l'évidence Michel Houellebecq lui-même. "C'est curieux comme les choses changent..." fait-il dire au père de son double, à la page 217 de son opus désormais ceint de la prestigieuse bande rouge. Oui, les choses changent vite et bien malin qui pourrait évaluer la durée du rayonnement de celui qui, il n'y a pas si longtemps encore, était conspué à l'unanimité, ou presque.
   Comment pouvait-on, dans un contexte analogue, ne pas penser, au moment de l'attribution du prix, à un lauréat précédent qui vient de disparaître dans une assez scandaleuse indifférence? Lorsqu'il fut sacré, en 1968, pour Les Fruits de l'hiver, lui aussi capta tous les regards. Lui aussi éclipsa momentanément de Gaulle, avant que la chienlit ne déferle. Lui aussi fit des déclarations brutes de décoffrage. Lui aussi pesta contre les travers de la société du moment. Lui aussi réhabilita l'âme des provinces et des bourgades. Lui aussi fut traité de populiste. Lui aussi aimait les chiens. Lui aussi lorgnait vers l'Irlande. Lui? Il s'appelait Bernard Clavel et il a signé plus de quatre-vingts ouvrages dévorés, loin des chapelles, sinon celles du Jura aux toits de pierre et de bois, par des millions de gens.
  Comprenons-nous bien: il ne s'agit pas de comparer les mérites respectifs du "dépressif" du Gâtinais et du bûcheron franc-comtois. Leurs oeuvres, pas plus que leurs démarches, leurs postures et leurs convictions - quoi que... - n'offrent de vraies similitudes. Qu'on nous permette simplement d'y mieux mesurer, parfois jusqu'au vertige, l'indécent grand écart auquel sont soumises, au fil des ans, ces notions floues que sont, en art, le goût et la reconnaissance, l'emballement et la postérité, le lâchage et la fidélité.
   Allez, terminons par une hypothèse. Et si, un de ces quatre, Michel Houellebecq rédigeait un vibrant éloge de Bernard Clavel? Dans La Carte et le territoire, il rend bien un hommage aussi inattendu sous sa plume que mérité pour l'intéressé, à un autre laissé-pour-compte de l'ingrat monde des Lettres: Jean-Louis Curtis (1917-1995). Curtis avait lui aussi obtenu le Goncourt. C'était en 1947 pour Les Forêts de la nuit. Ces forêts où il rôde aujourd'hui, si loin des splendeurs de chez Drouant, avec Clavel et tant d'autres, avant que l'histoire littéraire ne rende son jugement dernier. Au minimum dans un siècle ou deux, "particules élémentaires" comprises. D.P.
(Cette chronique a été publiée,

dans une version légèrement modifiée,

dans l'hebdomadaire "Voix du Jura",

n° 3452, semaine du 20 au 26 janvier 2011). 

 

Ferrat, Chabrol:

l'émotion consolatrice
   Drôles d'hommages, quand on y pense. Il y a quelques mois, la France, larme printanière à l'oeil et lyrisme aragonien aux lèvres, n'en finissait plus de saluer Jean Ferrat. La télévision nationale, on s'en souvient, n'hésita pas à retransmettre en direct les obsèques de l'"échappé"  ardéchois, un peu à la façon d'une étape de la "Grande boucle" dans un col cévenol. Et les foules bigarrées ne cessent, depuis, de se bousculer dans l'étroit cimetière basaltique, lors d'un fervent ballet qui ne manquerait pas d'agacer le discret compagnon des petites routes et des pensées rebelles.
   C'était en mars dernier, entre les deux tours d'une élection que les "bonnes gens"  boudèrent en une obstination inversement proportionnelle à celle qu'ils insufflèrent dans leur "au revoir" au chantre de La Montagne. Et voici donc qu'un semestre plus tard disparaît Claude Chabrol, sous un concert de louanges et face une émotion, certes pas tout à fait de la dimension de la précédente, mais néanmoins étonnante par son impact à la fois médiatique et intimiste.
   Holà, que se passe-t-il donc pour qu'un pays peu réputé pour aimer ses artistes - c'est un euphémisme - manifeste ainsi, coup sur coup, sa sympathie et son chagrin? Un tel engouement se justifie évidemment, au-delà de la force des couplets ou des films des deux créateurs, par la somme d'admiration et de proximité qu'ils inspiraient, chacun de son côté. Le premier par son insolente tendresse et ses engagements jamais feints. Le second par son observation espiègle et grinçante de la société. Mais sans doute faut-il voir également, dans ces effets conjugués de complicité populaire, des éléments d'ordre plus circonstantiels. L'interprète de Ma Môme et le cinéaste du Boucher, dans des registres répétons-le fort différents, n'en incarnaient pas moins l'un et l'autre, y compris sans doute jusque dans les propres limites de certaines de leurs oeuvres, une honnêteté, un goût du travail bien fait, un attachement à la mémoire et un indéfectible respect des individus. Autant de valeurs, faut-il le rappeler, qui font particulièrement défaut en une époque de cynisme roi, de politique dévoyée, de chasse aux minorités ethniques, de charters vrombissant d'indécence sur le tarmac glissant des campagnes électorales...
   Impossible de réécouter une chanson de Ferrat ou de se "repasser" un film de Chabrol sans s'imprégner des bénéfiques célébrations de la patience, de la malice, de la tolérance et de la liberté. Et puis, avons-le, nous ressentions une vraie consolation à les voir l'un et l'autre, moustache frémissante ou pipe en bouche, parler soupes d'autrefois, vins de terroir et pourfendre en se marrant "les cons qui n'arrêtent pas de voler et les autres de les regarder", cela en une époque où la fumée conviviale, le verre entre amis et l'humour décapant tombent sous le coup de la loi, alors que la "bêtise d'Etat" entache le pays du droit de Roms. 
   Entre "ombre faite humaine" et "oeil de Vichy", entre "amour cerise"  et adultères provinciales, Jean Ferrat et Claude Chabrol étaient tous deux, à leur manière, d'Antraigues à Sardent, d'éloquents refrains en travellings suggestifs, inscrits à l'inventaire de nos monuments historiques familiers. Continuons à nous précipiter pour la visite en groupes de leurs battements de coeur, de leurs ricanements, de leurs univers, de leur exemplarité. Alléluia et Moteur! D.P.

   

 La rentrée littéraire,

quelle vacherie!
 Elle est retrouvée. Quoi? La rentrée littéraire qui n'a, avouons-le, pas grand'chose à voir avec l'éternité rimbaldienne. Les libraires transpirent. Les attachées de presse s'enfièvrent. Les chroniqueurs frottent leurs lunettes et affûtent leur sens critique. Un peu partout on compte, on compare, on spécule. Au juste, 701 romans, dont 497 français, ça fait combien de plus, de moins ou de pile poil pareil que l'année dernière qui, elle-même, etc. Drôle de phénomène bien de chez nous que cette espèce de foire d'automne où l'on remplace les bestiaux par des bouquins et les viriles clameurs des enchères par des maquignonnages autour des prix. Palpez un peu cette Nothomb, vous m'en direz des nouvelles. Et le dernier fleuron de la race Houellebecq, visez-moi cette encolure. 
   S'il y en a une qui ne risque pas de s'offusquer de la métaphore bovine, c'est bien Claudie Gallay. La petite femme aux yeux bleu pervenche, propulsée directement de ses terreuses origines nord-iséroises aux "déferlantes" du succès, a écrit son nouvel opus, L'Amour est une île, (Actes Sud), dans sa bergerie du Charolais. Avec des broutards crème meuglant sous sa fenêtre. Avec un ciel pluvieux comme vache qui pisse. La-bas, du côté de La Clayette et de Semur, il y a les prés sans Saint-Germain. Et les éleveurs, qui tordent leurs casquettes à l'heure d'écorner leurs troupeaux, se fichent de l'embouche romanesque comme de la première litière de leur stabulation.
   Ils ne dévoreront ni Despentes, ni Forest, ni Volodine. Ni Linda Lê, ni Adam, ni Claudel. Et encore moins Breat Easton Ellis et J.M. Cootzee. Pas le temps. Propos un brin savants. Bref, un monde qui n'est pas le leur. Claudie, ce n'est pas pareil. Elle est presque d'ici. Elle cause comme l'ultime épicière du coin qui fait dépôt de pain et de journaux. Pas mince, le compliment.
    Cette fois-ci, c'est vrai, elle s'est embarquée du côté du festival d'Avignon l'année de la grève des intermittents. Evidemment, on s'en fiche un peu sur les rives de la Grosne, de la Guye ou du Grison. Mais sûr, la prochaine fois, elle parlera des gens du cru. A commencer, peut-être, par les habitants de Saint-Ythaire. Saint-Ythaire, c'est entre Bonnay et Curtil-sous-Burnand. 122 âmes en colère contre le projet d'implantation de cinq éoliennes. Un super sujet pour l'écrivain qu'on a même aperçue l'autre soir au "Vingt heures" de TF1.
    Les révoltés de Saint-Ythaire? A moins que ce ne soient les Don Quichotte de Bény. Bény, c'est au coeur de la Bresse, de l'autre côté de la Saône. Là, c'est contre la future Ligne à grande vitesse qu'on se mobilise à coups de calicots et de banderoles accrochés aux barrières des fermes et des villas avec, parfois, des slogans en patois: "LGV, to ka t'nallo!" ("LGV, tu n'as qu'à t'en aller"!).
   Des hélices géantes bientôt essaimées dans le paysage si cher jadis aux abbés de Cluny ou des trains fous écrasant prochainement l'AOC des célèbres volailles aux pattes bleues. Fichue alternative, quand on y pense. D'autant plus que, dans ce décor de pseudo-polar rural, on ne discerne pas la moindre librairie à l'horizon. Alors, dites, où c'est qu'on va les trouver, à Saint-Ythaire, à Bény ou ailleurs, les 701 titres annoncés? Houellebecq a raison: il convient de revoir de toute urgence "La carte et le territoire". Ah! quelle vacherie, par ici, la rentrée littéraire. (Fin août 2010). D.P.

 

Quelques nouvelles de par ici
 
 
    Je vais vous donner un peu des nouvelles de par ici. C'est où par ici? C'est chez moi. Enfin, je veux dire pas loin. A la rigueur juste à côté. Le décor, vous le connaissez. Il y a un village avec son clocher vaguement roman. Le presbytère transformé en gîte rural. L'épicerie où l'on vend des caramels pour les gosses et des asticots pour la pêche. Le calme règne jusqu'au milieu de l'après-midi. C'est à ce moment-là que les tracteurs ramènent les voitures de foin dans les fermes. Les travaux agricoles, cette année, quelle galère: on est passé directement de l'hiver du mois de mai à la canicule du solstice! Vers dix-huit heures, dix-huit heure trente, les gosses font des pirouettes à bécane et les ados, sur la placette, gloussent dans leurs téléphones portables sans jamais déclarer forfait. Ensuite, le boulodrome de fortune prend  doucement des allures de petit G20 provincial.
    Imperturbable, l'employé municipal arrose les fleurs. Ou ce qu'il en reste. Le week-end dernier, des dadais en goguette ont piétiné les terre-pleins. "Saloperie de désoeuvrés!" maugrée Jean en lisant l'entrefilet dans la chronique locale. Jean, c'est le facteur. Après sa tournée, il aime bien prendre un verre. Le seul café qui n'a pas encore baissé rideau aligne trois tables sur le trottoir. Les autres troquets ont tous fermé. Trop de travaux pour se mettre aux normes. En sirotant son panaché, le préposé s'attarde sur le journal du coin. Les décès, les mariages, les naissances, les accidents... Il lit aussi le billet, en haut à gauche de la page 2. Il y a même la photo du chroniqueur qui tient un bouquin dans ses mains. En regardant de près, on découvre le titre et l'auteur. C'est Après beaucoup d'années de Philippe Jaccottet.
    Jaccottet est un immense poète qui vit dans les parages. Mais personne ne le connaît vraiment. Jean s'en fiche. Lui, ce qu'il recherche dans son canard, ce sont les infos pratiques. Ou les échos du conseil municipal. L'annonce des fêtes d'été. Les vide-greniers des alentours. Mais à la Une, il y a cette photo. Un ministre et sa femme "dans la tourmente". Eric et Florence Woerth, ils s'appellent. Pierrot, le patron du café, qui vient faire un brin de causette à Jean, prononce ce nom à sa façon. Il dit "Voerte" et ça sonne un peu comme un hommage aux absinthes verlainiennes d'autrefois. "Tous pareils, hein, y'en a pas un pour racheter l'autre!". Jean, le regard rivé aux résultats du "Mondial" de foot et au classement général du Tour de France, ne répond rien. Ou alors il fait "hum hum" et bien malin qui pourrait comprendre si c'est une approbation ou l'inverse. 
  Rien ne bouge, ou presque. Il y a juste un soupçon d'électricité dans l'air. La grêle est annoncée pour le soir mais, c'est bien connu, "à la météo, ils se trompent tout le temps...". N'empêche, il faut hâter la fenaison. Demain à l'aube, les fourches hydrauliques des colossaux Renault ou John Deere payés à crédit planteront leurs dents dans ces rouleaux herbeux qui, au mitan des parcelles de la PAC, ressemblent aux chignons lavande des aïeules de ce "pays". Ce "pays" qui pleure et qui rit, qui meurt et qui vit. Ce "pays" qui attend les touristes. Ce "pays" en jachère où, dans les villas des lotissements en extension, Internet remplace désormais l'épicier qui faisait jadis sa tournée en klaxonnant à travers des hameaux pleins de vieux taiseux et de chiens tout en gueule. 
  Voilà, ça se passe par ici un jour brûlant de juillet. Plus tard, peut-être, je vous donnerai des nouvelles de par là-bas. C'est où par là-bas? C'est du côté de par ici. Si jamais, un de ces quatre, vous avez l'occasion, arrêtez vous quelques instants, on parlera un peu de Jaccottet. "Faites passer, disait la terre elle-même, ce matin-là, de sa voix qui n'en est pas une. Mais quoi encore? Quelle consigne?" (Juillet 2010). D.P.
 

    

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