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20 août 2016 6 20 /08 /août /2016 22:58
Entre deux ponctuations du groupe Quintegr'al, Marie-Sophie Ferdane et Laurent Poitrenaux au cours de leur lecture, et salués à la fin par Jean-François Manier. Photos Didier Pobel
Entre deux ponctuations du groupe Quintegr'al, Marie-Sophie Ferdane et Laurent Poitrenaux au cours de leur lecture, et salués à la fin par Jean-François Manier. Photos Didier Pobel
Entre deux ponctuations du groupe Quintegr'al, Marie-Sophie Ferdane et Laurent Poitrenaux au cours de leur lecture, et salués à la fin par Jean-François Manier. Photos Didier Pobel
Entre deux ponctuations du groupe Quintegr'al, Marie-Sophie Ferdane et Laurent Poitrenaux au cours de leur lecture, et salués à la fin par Jean-François Manier. Photos Didier Pobel
Entre deux ponctuations du groupe Quintegr'al, Marie-Sophie Ferdane et Laurent Poitrenaux au cours de leur lecture, et salués à la fin par Jean-François Manier. Photos Didier Pobel

Entre deux ponctuations du groupe Quintegr'al, Marie-Sophie Ferdane et Laurent Poitrenaux au cours de leur lecture, et salués à la fin par Jean-François Manier. Photos Didier Pobel

Samedi 20 août, presque minuit.

"Quelle belle soirée!" L'exclamation était sur toutes les lèvres il y a quelques minutes à la sortie de la rencontre anniversaire des 25 ans des "Lectures sous l'arbre". Non plus au Chambon pour l'occasion, mais à Devesset, en Ardèche. C'est à un jet de poème, au bout de la petite route qui serpente dans la forêt. Au bord du lac? Oui, mais à l'abri dans une vaste salle qui sent le bois verni. Trop frais les soirs de la fin août par ici.

Pour réchauffer la vaste assistance, Marie-Sophie Ferdane et Laurent Poitrenaux ont lu de façon magistrale - et malicieuse - quelques-uns des auteurs du catalogue de Cheyne. Alternant l'absurde d'Ito Naga (Je sais), la gravité de Reiner Kunze (Un jour sur cette terre * ) et la danse affective et syntaxique d'Albane Gellé (Je te nous aime), les deux comédiens, accompagnés par l'épatant quintette de cuivres Quintegr'al, se sont adonnés à un savoureux dialogue mis en scène par Jean-Pierre Jourdain, secrétaire général du TNP de Villeurbanne. Le public en a redemandé. Et Jean-François Manier, essuyant discrètement une larme d'émotion, a rappelé à quel point peut paraître neuf un texte que l'on croit bien connaître.

Ne restait plus qu'à rejoindre Le Chambon sous le halo protecteur d'une lune chinoise comme un clin d'œil à l'une des thématiques de cette vingt-cinquième édition d'une manifestation qui accueille notamment les auteurs Meng Ming et Jinjia Li, ainsi qu'André Markowicz, écrivain et traducteur. À suivre...

Didier Pobel.

__________

(*) Traduit de l'allemand par Mireille Gansel.

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20 août 2016 6 20 /08 /août /2016 16:29
Après la passionnante rencontre avec Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani des éditions Actes-Sud, le déjeuner littéraire à la Maison des Bretchs s'est mis lui aussi à l'heure chinoise, l'une des thématiques de ces "Lectures". On reconnaît, entre autres : Mireille et Michel Bazin, l'ex-libraire de "Lucioles' à Vienne, ou encore l'écrivain et bibliothécaire Jean-Gabriel Cosculluela. Photos Didier Pobel
Après la passionnante rencontre avec Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani des éditions Actes-Sud, le déjeuner littéraire à la Maison des Bretchs s'est mis lui aussi à l'heure chinoise, l'une des thématiques de ces "Lectures". On reconnaît, entre autres : Mireille et Michel Bazin, l'ex-libraire de "Lucioles' à Vienne, ou encore l'écrivain et bibliothécaire Jean-Gabriel Cosculluela. Photos Didier Pobel
Après la passionnante rencontre avec Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani des éditions Actes-Sud, le déjeuner littéraire à la Maison des Bretchs s'est mis lui aussi à l'heure chinoise, l'une des thématiques de ces "Lectures". On reconnaît, entre autres : Mireille et Michel Bazin, l'ex-libraire de "Lucioles' à Vienne, ou encore l'écrivain et bibliothécaire Jean-Gabriel Cosculluela. Photos Didier Pobel
Après la passionnante rencontre avec Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani des éditions Actes-Sud, le déjeuner littéraire à la Maison des Bretchs s'est mis lui aussi à l'heure chinoise, l'une des thématiques de ces "Lectures". On reconnaît, entre autres : Mireille et Michel Bazin, l'ex-libraire de "Lucioles' à Vienne, ou encore l'écrivain et bibliothécaire Jean-Gabriel Cosculluela. Photos Didier Pobel
Après la passionnante rencontre avec Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani des éditions Actes-Sud, le déjeuner littéraire à la Maison des Bretchs s'est mis lui aussi à l'heure chinoise, l'une des thématiques de ces "Lectures". On reconnaît, entre autres : Mireille et Michel Bazin, l'ex-libraire de "Lucioles' à Vienne, ou encore l'écrivain et bibliothécaire Jean-Gabriel Cosculluela. Photos Didier Pobel
Après la passionnante rencontre avec Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani des éditions Actes-Sud, le déjeuner littéraire à la Maison des Bretchs s'est mis lui aussi à l'heure chinoise, l'une des thématiques de ces "Lectures". On reconnaît, entre autres : Mireille et Michel Bazin, l'ex-libraire de "Lucioles' à Vienne, ou encore l'écrivain et bibliothécaire Jean-Gabriel Cosculluela. Photos Didier Pobel
Après la passionnante rencontre avec Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani des éditions Actes-Sud, le déjeuner littéraire à la Maison des Bretchs s'est mis lui aussi à l'heure chinoise, l'une des thématiques de ces "Lectures". On reconnaît, entre autres : Mireille et Michel Bazin, l'ex-libraire de "Lucioles' à Vienne, ou encore l'écrivain et bibliothécaire Jean-Gabriel Cosculluela. Photos Didier Pobel

Après la passionnante rencontre avec Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani des éditions Actes-Sud, le déjeuner littéraire à la Maison des Bretchs s'est mis lui aussi à l'heure chinoise, l'une des thématiques de ces "Lectures". On reconnaît, entre autres : Mireille et Michel Bazin, l'ex-libraire de "Lucioles' à Vienne, ou encore l'écrivain et bibliothécaire Jean-Gabriel Cosculluela. Photos Didier Pobel

Samedi 20 août, après-midi.

Au Chambon-sur-Lignon, l'effervescente semaine des "Lectures sous l'arbre" se termine demain dimanche. En attendant, plaisir d'y écouter ce matin Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani parler de l'aventure Actes-Sud, éditeur invité cette année de Jean-François Manier, le patron de Cheyne. Un verbe revient souvent dans les propos de Françoise, fille du fondateur Hubert Nyssen : "accompagner". L'édition pour elle? "Une envie de rencontres avec des gens et un désir de faire", plutôt qu'une affaire de "gros sous et de budget". Et pas question, bien sûr, de ne pas évoquer l'école "différente" que Jean-Paul et elle viennent de créer à Arles, pour perpétuer le sillage foudroyé de leur fils Antoine.

Plaisir de partager ensuite, avec Jean-Pierre Siméon, les aphorismes du sage chinois Tao Li Fu. Celui-ci, par exemple : "L'ombre de l'éléphant et celle du coquelicot ont le même poids". Ou cet autre : "Si ton âne ne va pas assez vite, il ne sert à rien de l'appeler cheval". Ou encore : "Seuls les hommes qui ont un sourire d'enfant ont assez grandi".

Plaisir aussi de retrouver, parmi la très dense assistance, l'ex-libraire viennois Michel Bazin et son épouse Mireille ou encore de croiser l'ami Jean-Gabriel Cosculluela... Et puis, si ça se trouve, comme la pluie annoncée du matin en Vivarais-Lignon s'est vite arrêtée, la soirée des 25 ans, pourra peut-être se tenir en plein air, sans "solution de repli", au bord du lac ardéchois de Devesset, à deux pas de l'imprimerie et pas très loin de "L'Arbre vagabond" géré de mains de maître pas Simon, l'un des fistons de Jean-François... À suivre.

Didier Pobel.
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19 août 2016 5 19 /08 /août /2016 16:20
Au bout du savant jeu de flèches sous l'arbre, on atteint la librairie-restaurant de "L'Arbre vagabond", on assiste à la rencontre - au soleil - avec Laetitia Cuvelier ou l'on s'immisce dans l'aparté entre Jean-François Manier et Edwy Plenel, à table après une conférence qui a attiré 300 personnes. Photos Didier PobelAu bout du savant jeu de flèches sous l'arbre, on atteint la librairie-restaurant de "L'Arbre vagabond", on assiste à la rencontre - au soleil - avec Laetitia Cuvelier ou l'on s'immisce dans l'aparté entre Jean-François Manier et Edwy Plenel, à table après une conférence qui a attiré 300 personnes. Photos Didier Pobel
Au bout du savant jeu de flèches sous l'arbre, on atteint la librairie-restaurant de "L'Arbre vagabond", on assiste à la rencontre - au soleil - avec Laetitia Cuvelier ou l'on s'immisce dans l'aparté entre Jean-François Manier et Edwy Plenel, à table après une conférence qui a attiré 300 personnes. Photos Didier PobelAu bout du savant jeu de flèches sous l'arbre, on atteint la librairie-restaurant de "L'Arbre vagabond", on assiste à la rencontre - au soleil - avec Laetitia Cuvelier ou l'on s'immisce dans l'aparté entre Jean-François Manier et Edwy Plenel, à table après une conférence qui a attiré 300 personnes. Photos Didier Pobel
Au bout du savant jeu de flèches sous l'arbre, on atteint la librairie-restaurant de "L'Arbre vagabond", on assiste à la rencontre - au soleil - avec Laetitia Cuvelier ou l'on s'immisce dans l'aparté entre Jean-François Manier et Edwy Plenel, à table après une conférence qui a attiré 300 personnes. Photos Didier PobelAu bout du savant jeu de flèches sous l'arbre, on atteint la librairie-restaurant de "L'Arbre vagabond", on assiste à la rencontre - au soleil - avec Laetitia Cuvelier ou l'on s'immisce dans l'aparté entre Jean-François Manier et Edwy Plenel, à table après une conférence qui a attiré 300 personnes. Photos Didier Pobel
Au bout du savant jeu de flèches sous l'arbre, on atteint la librairie-restaurant de "L'Arbre vagabond", on assiste à la rencontre - au soleil - avec Laetitia Cuvelier ou l'on s'immisce dans l'aparté entre Jean-François Manier et Edwy Plenel, à table après une conférence qui a attiré 300 personnes. Photos Didier PobelAu bout du savant jeu de flèches sous l'arbre, on atteint la librairie-restaurant de "L'Arbre vagabond", on assiste à la rencontre - au soleil - avec Laetitia Cuvelier ou l'on s'immisce dans l'aparté entre Jean-François Manier et Edwy Plenel, à table après une conférence qui a attiré 300 personnes. Photos Didier PobelAu bout du savant jeu de flèches sous l'arbre, on atteint la librairie-restaurant de "L'Arbre vagabond", on assiste à la rencontre - au soleil - avec Laetitia Cuvelier ou l'on s'immisce dans l'aparté entre Jean-François Manier et Edwy Plenel, à table après une conférence qui a attiré 300 personnes. Photos Didier Pobel

Au bout du savant jeu de flèches sous l'arbre, on atteint la librairie-restaurant de "L'Arbre vagabond", on assiste à la rencontre - au soleil - avec Laetitia Cuvelier ou l'on s'immisce dans l'aparté entre Jean-François Manier et Edwy Plenel, à table après une conférence qui a attiré 300 personnes. Photos Didier Pobel

Vendredi 19 août.

Au Syndicat d'Initiative de Montfaucon-en-Velay, on a encouragé notre... initiative. "Ah! vous allez aux Lectures sous l'Arbre? C'est bien...". Au bout du chemin qui mène à Cheyne, c'est l'heure du déjeuner à "L'Arbre vagabond" où la conférence d'Eddy Plenel (autour de son livre Dire nous : contres les peurs et les haines, nos causes communes * ) vient de se terminer devant 300 personnes. Ardent soleil sur le plateau. On distribue des chapeaux avant la prestation de Laetitia Cuvelier. À moins qu'on ne préfère se couvrir le chef avec le journal-maison Sous l'arbre. Les extraits du Pipi, les dents et au lit - bigre, quel titre! - de l'intervenante émeuvent et font sourire. Le recueil se cache même aux toilettes de la très conviviale librairie-restaurant sur les murs desquelles est apposée l'affiche d'un texte de Louis Calaferte en forme de vive recommandation : "N'oubliez pas de lire" (**).

Les "Lectures sous l'Arbre", utopique pari né dans le prolongement des éditions qui portent le nom d'un hameau égaré à l'écart du Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire, ont un quart de siècle, c'est dire si elles sont jeunes. Jean-François Manier, sans qui rien n'aurait lieu, est ravi. On écoute les bruits des pages et les mots des poètes et des conférenciers, on découvre une expo, on s'arrête au ciné, on discute, on prend un verre... On prend aussi le vert parfois, livre en main, à même l'herbe que foulèrent jadis, à deux pas d'ici, Camus au Mazet-Saint-Foy et au Panelier et le Ponge de La Fabrique du pré et du Carnet du bois de pins à La Suchère, à La Fayolle ou au très évocateur Chantegrenouille.

Ce soir - vendredi -, en écho au prestigieux Festival voisin de La Chaise-Dieu, il y a concert au Puy. Avec Chopin magistralement interprété par Jean-Philippe Collard, avec la voix de Didier Sandre et les mots du fidèle Jean-Pierre Siméon (Quel vibrant "Hymne à la joie" pour conclure!). Pour demain on annonce la pluie. Bah! La poésie s'en fiche. Et nous aussi, du coup. On se blottira sous le "Cheyne". À suivre...

Didier Pobel.

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(*) aux éditions Don Quichotte.

(**) "... lisez, lisez tout ce qui passe à votre portée. À moins que, comme ce fut souvent mon cas, vous n'ayez même pas de quoi acheter le journal du matin. Alors descendez dans le métro, asseyez-vous au chaud sur le banc poisseux - et lisez! Lisez les avis, les affiches, lisez les pancartes émaillées ou les poèmes froissés dans la corbeille, lisez par-dessus l'épaule du voisin, mais lisez!..." (in Septentrion de Louis Calaferte).

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17 août 2016 3 17 /08 /août /2016 08:31
"Maman aime danser"... en librairie
"Maman aime danser"... en librairie

17 août... Voici venu le coup d'envoi de ce très compétitif et néanmoins convivial rendez-vous bien français qui s'appelle la rentrée littéraire. Et cela y compris dans le secteur dit pour la jeunesse. Une première pour moi cette année. Mon petit roman Maman aime danser devrait donc faire aujourd'hui son apparition dans les librairies, si tant est qu'il soit aisé de s'inventer un peu de visibilité au sein de la méga-bousculade livresque qui commence.

Maman aime danser, c'est quoi? C'est l'histoire d'un enfant qui attend sa mère. Un certain vendredi soir d'automne, elle est sortie, histoire de se divertir un peu au son de la musique qu'elle aime. Juste une parenthèse de quelques heures. Sauf qu'elle n'est pas rentrée... Pourquoi a-t-elle fait faux bond? A-t-elle oublié son fils Tom, son mari, mamie Léa? Tous ses proches l'attendent. La France entière aussi. Une France abasourdie.

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Maman aime danser, éditions Bulles de Savon (distribution Flammarion), couverture de Chiara Fedele, 76 p., 12 € (à partir de 13 ans).

À paraître chez le même éditeur le 5 octobre prochain, un album pour la jeunesse, Couleur cerise, avec des illustrations d'Anna Forlati (14 €).

Pour accéder au catalogue des éditions Bulles de Savon, cliquer sur le lien ci-dessus.

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3 août 2016 3 03 /08 /août /2016 21:10
Pour saluer André Breton

Ça sort dans quelques jours à La Passe du vent. Un ouvrage collectif "pour saluer André Breton". Les contributions, passionnées et très diverses, sont signées Frédéric Aribit, Patrice Béghain, Lionel Bourg, André Breton, Stani Chaine, Jean-Pierre Chambon, Kim Doré, Laurent Doucet, Mohammed El Amraoui, Danielle Fournier, Robert Guyon, Michel Kneubühler, Jean-Charles Lemeunier, Emmanuel Merle, Maya Ombasic, Pierre Péju, Marc Porcu, Jean-François Poupart, Denis Pourawa, Thierry Renard, Alain Roussel, Laura Tirandaz, Gilbert Vaudey, Joël Vernet, Christian Viguié. Et Didier et Nadja Pobel pour la première fois réunis en écriture.

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("J'ai cessé de me désirer ailleurs", avant-propos de Michel Kneubühler et Thierry Renard, introductions de Laurent Doucet et Michel Kneubühler, éditions La passe du vent, coll. "Haute Mémoire", été 2016, 224 p. / 14 x 20,5 cm / illustré / 15 €).

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5 juillet 2016 2 05 /07 /juillet /2016 09:51
Photos © D.P.Photos © D.P.
Photos © D.P.Photos © D.P.
Photos © D.P.Photos © D.P.Photos © D.P.

Photos © D.P.

Douce escale d'été en terre mâconnaise. Un clin d'œil d'Alphonse imperturbable sur son socle à "Méditations". À deux pas de la Saône, les œuvres picturales de Marie-Jo Joubert à la galerie "L'Envoûtée". Retrouver les amis Jean-Paul, Hervé... Et Michel-Antoine, l'ancien maire, juste avant qu'il n'apprenne le décès de son vieux complice Michel Rocard. Puis la soirée qui se poursuit dans les collines aux confins du Beaujolais. Maisons et cours de Chânes ouvertes aux artistes et artisans à portée de vignes. L'église transformée en galerie. Flâneries et sortilèges. Et là-bas, de l'autre côté de la rivière, la plaine de Bresse qui patiente dans ses foins et ses blés trop mouillés. "Ô temps suspends ton vol!" Désolé, Alphonse, c'est toujours les mêmes mots qui reviennent... Quoiqu'il y ait également ceux-ci : "Mais je demande en vain quelques moments encore, / Le temps m'échappe et fuit / Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore / Va dissiper la nuit...". D.P.

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1 juillet 2016 5 01 /07 /juillet /2016 23:00
Yves Bonnefoy seul et avec son ami François Montmaneix lors de l'attribution du prix Kowalski/Grand prix de poésie de la Ville de Lyon en mars 2012. Photos © D.P.
Yves Bonnefoy seul et avec son ami François Montmaneix lors de l'attribution du prix Kowalski/Grand prix de poésie de la Ville de Lyon en mars 2012. Photos © D.P.

Yves Bonnefoy seul et avec son ami François Montmaneix lors de l'attribution du prix Kowalski/Grand prix de poésie de la Ville de Lyon en mars 2012. Photos © D.P.

Yves Bonnefoy, c'était cette crinière blanche comme l'écume d'une mer ancienne. C'était un plissement d'yeux oublié dans un visage du Quattrocento. Une voix douce, murmurante, attentive. Et des mains empruntant aux gestes des oiseaux. On avait appris à le lire au temps du lycée. On avait poursuivi après parce qu'il faut bien continuer à respirer. Dans ses pages, Douve était un prénom de femme, de plante et de pierre. "L'Arrière-pays" mariait le lieu des origines et le verbe premier. Son cours au Collège de France terminé, les rumeurs de prix Nobel balayées, Bonnefoy s'extirpait des honneurs par une "Rue traversière". Celle qui conduit à la Poésie, ce grand bruissement d'étoiles et de déraison, ce compas magique qui seul laisse nos traces vraies sur Terre. Avec lui, on avait fait des rêves à Mantoue, brûlé nos yeux à "Ce qui fut sans lumière", largué "La Longue chaîne de l'ancre" dans l'insondable de la langue. Parfois, la nuit, on entendait craquer sous le vent la barque de ses "Planches courbes". Y a-t-il un nocher à bord? L'autre rive est-elle encore loin? Questions sans réponses vite noyées dans la brume du monde.

Ce fils d'une institutrice et d'un ouvrier, né à Tours avec le Surréalisme, avant de devenir étudiant en mathématiques et en philosophie, n'avait jamais oublié les origines quercynoises modestes de ses grands-parents maternels si justement évoquées dans L'Écharpe rouge, un texte ancien repris récemment pour constituer son ultime ouvrage publié (1). Yves Bonnefoy aimait l'Italie, Baudelaire et les nuages rouges, ou bien encore Giacometti, Alexandre Hollan et Truphémus. "Ô poésie, / Je ne puis m'empêcher de te nommer / Par ton nom que l'on n'aime plus parmi ceux qui errent / Aujourd'hui dans les ruines de la parole", s'exclamait-il. Il s'est éteint à 93 ans, parti "Raturer outre", "à l'aube de ce 1er juillet, profondément attristante et désolante nouvelle" annoncée hier soir par son ami lyonnais et poète lui-même François Montmaneix.

D.P.

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(1) L'Écharpe rouge (266 p., 19 €) vient de paraître, conjointement avec Ensemble encore (136 p., 14,80 €), au Mercure de France où, depuis 1953, ont été publiés les principaux ouvrage d'Yves Bonnefoy.

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28 juin 2016 2 28 /06 /juin /2016 22:02
La rentrée se prépare
La rentrée se prépare
La rentrée se prépare
La rentrée se prépare
La rentrée se prépare

Les publications de la rentrée littéraire sont prêtes depuis déjà quelques semaines chez les éditeurs. Au catalogue de Bulles de Savon, figure cette année mon premier roman pour la jeunesse : Maman aime danser. Un bref volume dont la belle couverture est signée de l'illustratrice milanaise Chiara Fedele. Un ouvrage "pour la jeunesse", donc (13 ans et plus), mais pas que. La situation, vécue en toute innocence, par l'enfant qui est au cœur de cette histoire, nous concerne évidemment tous. En librairie le 17 août.

Et comme une aventure n'arrive jamais seule, Couleur cerise, un album, illustré cette fois-ci par Anna Forlati, est programmé chez le même éditeur pour le 5 octobre (à partir de trois ans).

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28 juin 2016 2 28 /06 /juin /2016 21:10
Dans "Voix de l'Ain"
Dans "Voix de l'Ain"
Dans "Voix de l'Ain"
Dans "Voix de l'Ain"
Dans "Voix de l'Ain"
Dans "Voix de l'Ain"
Dans "Voix de l'Ain"

Petit récapitulatif de mes derniers billets parus dans l'hebdomadaire Voix de l'Ain : "La voie à suivre" (13 mai), "Effervescence" (20 mai), "Fête d'une mère" (27 mai), "Ferveur refuge" (3 juin), "Cousin, cousine" (10 juin), "De la bouteille" (17 juin) et "Rude épreuve" (24 juin).

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27 juin 2016 1 27 /06 /juin /2016 23:11
Maurice G. "Dantesque" (1959-2016)

Maurice G. Dantec faisait partie de ces écrivains célèbres que personne ne connaît. Entendez par là qu'il avait fini par ne plus intéresser qu'un petit cercle de fanatiques de SF et de textes ultra-provoc, mais de façon tellement passionnée que l'aura du personnage, à la fois illuminé et ténébreux, débordait bien au-delà. Né en 1959 à Grenoble, d'un père journaliste et d'une mère couturière, tous deux communistes, c'est dans la "banlieue rouge" d'Ivry-sur-Seine qu'il grandira et se familiarisera avec les maîtres du polar américain, genre vers lequel il se tournera - et qu'il détournera - d'abord avec succès. Auteur de onze romans, dont quelques-uns sont cultes - citons Les Racines du mal en 1995 et Villa Vortex en 2003 -, le barbu crépusculaire aux lunettes noires suscitera bientôt, à coups de caprices et de déclarations chocs, la lassitude de ses deux premiers éditeurs, Gallimard et Albin Michel.

Avec des ouvrages - fiction, essai ou "journal métaphysique et polémiste" - souvent désormais aussi touffus que décourageants, tel Les Résidents paru il y a deux ans à la turbulente enseigne baptisée Inculte, Dantec, ex-gauchiste flirtant progressivement avec l'extrême-droite, rimait de plus en plus avec dantesque. Il se disait pourtant nietzschéen, opposé en cela à Michel Houellebecq, son "ami" émule, lui, de Schopenhauer. Fâché contre la "décadence" de la vieille Europe, il avait fait son "Francxit" en 1998 pour s'installer à Montréal. C'est là que, devenu catholique et royaliste à ses heures, le fascinant et effrayant écorché vif est mort, samedi dernier, des suites d'une crise cardiaque.

M. G. D. avait donc un cœur comme tout le monde. Pardon, mais on s'était pris parfois à en douter. D.P.

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Présentation

  • : Le blog de Didier Pobel
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Texte Libre

Ces révolutions que

nous n'avons pas vu venir

   De retour à Bény, en ce bel hiver de givre, je relis cette carte postale que mon père garde, avec celles des étés précédents, sur le buffet de la cuisine. "Sous le ciel encore chaud de la Tunisie, nous pensons bien à toi. Ici, on ne se croirait pas à la veille de la Toussaint. À bientôt. On t'embrasse". Des mots tout simples, écrits comme toujours à la hâte, au moment de reprendre l'avion. 

   C'était à peine trois mois plus tôt. Du Cap Bon où nous faisions halte, nous avions effectué de cahotants trajets à travers le pays. Le Temple des eaux au pied du djebel Zaghouan. Le site romain de Dougga, pur poème de pierre, de vent et d'oliviers, où Abdallah, notre guide, nous avait imposé une visite pour le moins exhaustive. Les villages poussiéreux où la population s'ennuie sous les palmiers flétris. Les charrettes, les bourricots, les antiques mobylettes. La pauvreté, la dignité et, pensions-nous, la résignation.

     La résignation? Eh oui, même lorsqu'on est le témoin d'un régime sans ambiguïtés, il n'est pas toujours si simple de pressentir l'histoire en marche. Avec le recul, pourtant, il y avait eu des scènes éloquentes. Ces barrages de police un peu partout, justifiés alors par un enlèvement d'enfant. Ce jeune diplômé quêtant quelques dinars dans les majestueuses ruines de Thuburbo Majus et qui se cachait pour aborder les "nantis" que nous étions à ses yeux. Un feu couvait en lui, c'est sûr. Il n'aurait peut-être pas fallu grand-chose pour qu'il parle. Mais nous étions pressés, comme souvent.

     Et, disons-le aussi, la méfiance nous gagnait. Un soir, du côté de la cité viticole de Grombalia, un 4X4 aux vitres fumées avait rattrapé notre "Symbol" de location. Une impression se confirmait: nous étions suivis. Sans doute vaut-il mieux ne pas écrire "journaliste" à la rubrique "profession" sur les fiches de douanes à l'arrivée lorsque, quelques mois plus tôt, on a utilisé le mot "dictature" pour rendre compte de la dernière parodie de réélection présidentielle au palais de Carthage.

     Les touristes européens flânaient dans les souks. Les cornes de gazelles étaient sucrées, le vin gris de Mornag montait à la tête, octobre avait de superbes rousseurs de désert et la tiédeur des plages invitait à fermer à demi les yeux. Que voulez-vous, c'est comme ça: exportées sur place, les plus solides notions de droits de l'homme se dissolvent parfois dans le bleu de la mer...

     Pour notre part, nous aurions dû prêter davantage attention aux ardents regards noirs de toute une jeunesse rivés aux téléphones portables. La "génération Ben Ali dégage!" préparait, dans la retenue, le grand soir arabe. Le fantoche président de fer était encore omniprésent. Piètre sosie d'un acteur de série B aux cheveux teints, posant, la main sur le cœur à chaque coin de rue, dans chaque lieu public, à côté des pubs pour les biscuits "Tigato" et pour les firmes corrompues se partageant le gâteau.

     Et voilà. Maintenant nous sommes au début 2011. Dans l'odeur du jasmin et de la poudre, dans le bruit des youyous et des balles, la Tunisie a fait sa "Révolution Facebook". Bonheur de découvrir ces incroyables images à la télévision qui en rappellent d'autres. À Berlin non plus, nous n'avions rien vu venir en novembre 1989. Pas plus qu'à Bucarest le mois suivant. Pas plus qu'au Caire ces dernières semaines...

     Nous parlons de tout cela, ce soir, dans cette ferme de Bresse où, depuis plus de trois ans, mon père veille seul avec son chien et ses cartes postales. Celle-ci, un peu plus ancienne, a été postée de Louxor: "Le printemps égyptien est doux. De part et d'autre du Nil, des merveilles nous attendent. À bientôt. On t'embrasse". Tout à l'heure, il nous rappellera comment lui aussi a retrouvé un jour la liberté. C'était en janvier 1945. L'armée russe avançait. Les portes du stalag de Silésie où il venait de passer plus de cinq ans s'ouvraient. Il allait encore mettre plus de quatre mois pour traverser, à pied et la faim au ventre, un no man's land de charniers, de ruines et de spectres hagards.

     Mais ceci est une autre histoire, direz-vous. Bien sûr. N'empêche, la Liberté, d'où qu'elle vienne, d'où qu'elle revienne, est la même. Au Nord ou à l'Est hier. Au Sud aujourd'hui. Dans nos sursauts collectifs. Dans nos émois partagés. Par l'étroite fenêtre aussi, parfois, de nos petites perceptions occidentales. D.P.

(Cette chronique a été publiée

dans l'hebdomadaire "Voix de l'Ain",

n° 3433, semaine du 11 au 18 février 2011). 

  

La carte de la gloire,

le territoire de l'oubli

   Le triomphe de Michel Houellebecq nous réjouit. Nous fûmes suffisamment déçus par ses échecs au Goncourt en 1998, avec Les Particules élémentaires, et en 2005, avec La Possibilité d'une île, pour ne pas nous féliciter de sa victoire, lundi dernier, à la troisième "tentative". Et cela d'autant plus que La Carte et le territoire (Flammarion) est un roman, à la fois désenchanté et jubilatoire, qui s'inscrit à merveille dans l'air du temps de ce mois de novembre 2010 où, sous la résignation apparente, se profile une très énergique "extension du domaine de la lutte".
   Le lendemain du prix, nous écoutions l'"heureux"  lauréat, sur France Inter, exhorter les auditeurs à ne jamais baisser les bras. "Ne vous laissez pas emmerder, soyez libres!", clamait-il. Magnifique, Michel! comme dirait Drucker qui ne va sans doute pas tarder à programmer un"Vivement dimanche"  houellebecquien. Il faut dire que ce matin-là, le malicieux écrivain à la paupière lasse comme ses anoraks réussissait une sacrée performance. Il volait carrément la vedette au général de Gaulle dont on célébrait pourtant, un peu partout ailleurs, le quarantième anniversaire de la disparition. Et lorsque l'invité déclara un brin péremptoire: "On n'a pas de devoirs envers son pays, on est des individus, c'est tout!", on a bien cru entendre, en bruit de fond radiophonique, le héros de Colombey se retourner dans sa tombe, pour autant que sa gigantesque stature posthume le lui en laissait le loisir.
   Tant pis pour "l'homme du 18 juin", c'est celui du 8 novembre qui était ici à l'honneur! La gloire est ainsi faite. L'enthousiasme du moment peut balayer d'un insolent revers de manche de parka fripée la majestuosité d'un uniforme. Voilà bien à quoi nous songions en écoutant ce drôle de fan de Jean-Pierre Pernaud et de Julien Lepers nous rappeler que "la France est un hôtel, pas plus".
   Injustice? Affaire de circonstances, c'est tout, évitons les grands mots. D'ailleurs, s'il y en a un qui est déjà rompu aux fatals soubresauts de la renommée, c'est à l'évidence Michel Houellebecq lui-même. "C'est curieux comme les choses changent..." fait-il dire au père de son double, à la page 217 de son opus désormais ceint de la prestigieuse bande rouge. Oui, les choses changent vite et bien malin qui pourrait évaluer la durée du rayonnement de celui qui, il n'y a pas si longtemps encore, était conspué à l'unanimité, ou presque.
   Comment pouvait-on, dans un contexte analogue, ne pas penser, au moment de l'attribution du prix, à un lauréat précédent qui vient de disparaître dans une assez scandaleuse indifférence? Lorsqu'il fut sacré, en 1968, pour Les Fruits de l'hiver, lui aussi capta tous les regards. Lui aussi éclipsa momentanément de Gaulle, avant que la chienlit ne déferle. Lui aussi fit des déclarations brutes de décoffrage. Lui aussi pesta contre les travers de la société du moment. Lui aussi réhabilita l'âme des provinces et des bourgades. Lui aussi fut traité de populiste. Lui aussi aimait les chiens. Lui aussi lorgnait vers l'Irlande. Lui? Il s'appelait Bernard Clavel et il a signé plus de quatre-vingts ouvrages dévorés, loin des chapelles, sinon celles du Jura aux toits de pierre et de bois, par des millions de gens.
  Comprenons-nous bien: il ne s'agit pas de comparer les mérites respectifs du "dépressif" du Gâtinais et du bûcheron franc-comtois. Leurs oeuvres, pas plus que leurs démarches, leurs postures et leurs convictions - quoi que... - n'offrent de vraies similitudes. Qu'on nous permette simplement d'y mieux mesurer, parfois jusqu'au vertige, l'indécent grand écart auquel sont soumises, au fil des ans, ces notions floues que sont, en art, le goût et la reconnaissance, l'emballement et la postérité, le lâchage et la fidélité.
   Allez, terminons par une hypothèse. Et si, un de ces quatre, Michel Houellebecq rédigeait un vibrant éloge de Bernard Clavel? Dans La Carte et le territoire, il rend bien un hommage aussi inattendu sous sa plume que mérité pour l'intéressé, à un autre laissé-pour-compte de l'ingrat monde des Lettres: Jean-Louis Curtis (1917-1995). Curtis avait lui aussi obtenu le Goncourt. C'était en 1947 pour Les Forêts de la nuit. Ces forêts où il rôde aujourd'hui, si loin des splendeurs de chez Drouant, avec Clavel et tant d'autres, avant que l'histoire littéraire ne rende son jugement dernier. Au minimum dans un siècle ou deux, "particules élémentaires" comprises. D.P.
(Cette chronique a été publiée,

dans une version légèrement modifiée,

dans l'hebdomadaire "Voix du Jura",

n° 3452, semaine du 20 au 26 janvier 2011). 

 

Ferrat, Chabrol:

l'émotion consolatrice
   Drôles d'hommages, quand on y pense. Il y a quelques mois, la France, larme printanière à l'oeil et lyrisme aragonien aux lèvres, n'en finissait plus de saluer Jean Ferrat. La télévision nationale, on s'en souvient, n'hésita pas à retransmettre en direct les obsèques de l'"échappé"  ardéchois, un peu à la façon d'une étape de la "Grande boucle" dans un col cévenol. Et les foules bigarrées ne cessent, depuis, de se bousculer dans l'étroit cimetière basaltique, lors d'un fervent ballet qui ne manquerait pas d'agacer le discret compagnon des petites routes et des pensées rebelles.
   C'était en mars dernier, entre les deux tours d'une élection que les "bonnes gens"  boudèrent en une obstination inversement proportionnelle à celle qu'ils insufflèrent dans leur "au revoir" au chantre de La Montagne. Et voici donc qu'un semestre plus tard disparaît Claude Chabrol, sous un concert de louanges et face une émotion, certes pas tout à fait de la dimension de la précédente, mais néanmoins étonnante par son impact à la fois médiatique et intimiste.
   Holà, que se passe-t-il donc pour qu'un pays peu réputé pour aimer ses artistes - c'est un euphémisme - manifeste ainsi, coup sur coup, sa sympathie et son chagrin? Un tel engouement se justifie évidemment, au-delà de la force des couplets ou des films des deux créateurs, par la somme d'admiration et de proximité qu'ils inspiraient, chacun de son côté. Le premier par son insolente tendresse et ses engagements jamais feints. Le second par son observation espiègle et grinçante de la société. Mais sans doute faut-il voir également, dans ces effets conjugués de complicité populaire, des éléments d'ordre plus circonstantiels. L'interprète de Ma Môme et le cinéaste du Boucher, dans des registres répétons-le fort différents, n'en incarnaient pas moins l'un et l'autre, y compris sans doute jusque dans les propres limites de certaines de leurs oeuvres, une honnêteté, un goût du travail bien fait, un attachement à la mémoire et un indéfectible respect des individus. Autant de valeurs, faut-il le rappeler, qui font particulièrement défaut en une époque de cynisme roi, de politique dévoyée, de chasse aux minorités ethniques, de charters vrombissant d'indécence sur le tarmac glissant des campagnes électorales...
   Impossible de réécouter une chanson de Ferrat ou de se "repasser" un film de Chabrol sans s'imprégner des bénéfiques célébrations de la patience, de la malice, de la tolérance et de la liberté. Et puis, avons-le, nous ressentions une vraie consolation à les voir l'un et l'autre, moustache frémissante ou pipe en bouche, parler soupes d'autrefois, vins de terroir et pourfendre en se marrant "les cons qui n'arrêtent pas de voler et les autres de les regarder", cela en une époque où la fumée conviviale, le verre entre amis et l'humour décapant tombent sous le coup de la loi, alors que la "bêtise d'Etat" entache le pays du droit de Roms. 
   Entre "ombre faite humaine" et "oeil de Vichy", entre "amour cerise"  et adultères provinciales, Jean Ferrat et Claude Chabrol étaient tous deux, à leur manière, d'Antraigues à Sardent, d'éloquents refrains en travellings suggestifs, inscrits à l'inventaire de nos monuments historiques familiers. Continuons à nous précipiter pour la visite en groupes de leurs battements de coeur, de leurs ricanements, de leurs univers, de leur exemplarité. Alléluia et Moteur! D.P.

   

 La rentrée littéraire,

quelle vacherie!
 Elle est retrouvée. Quoi? La rentrée littéraire qui n'a, avouons-le, pas grand'chose à voir avec l'éternité rimbaldienne. Les libraires transpirent. Les attachées de presse s'enfièvrent. Les chroniqueurs frottent leurs lunettes et affûtent leur sens critique. Un peu partout on compte, on compare, on spécule. Au juste, 701 romans, dont 497 français, ça fait combien de plus, de moins ou de pile poil pareil que l'année dernière qui, elle-même, etc. Drôle de phénomène bien de chez nous que cette espèce de foire d'automne où l'on remplace les bestiaux par des bouquins et les viriles clameurs des enchères par des maquignonnages autour des prix. Palpez un peu cette Nothomb, vous m'en direz des nouvelles. Et le dernier fleuron de la race Houellebecq, visez-moi cette encolure. 
   S'il y en a une qui ne risque pas de s'offusquer de la métaphore bovine, c'est bien Claudie Gallay. La petite femme aux yeux bleu pervenche, propulsée directement de ses terreuses origines nord-iséroises aux "déferlantes" du succès, a écrit son nouvel opus, L'Amour est une île, (Actes Sud), dans sa bergerie du Charolais. Avec des broutards crème meuglant sous sa fenêtre. Avec un ciel pluvieux comme vache qui pisse. La-bas, du côté de La Clayette et de Semur, il y a les prés sans Saint-Germain. Et les éleveurs, qui tordent leurs casquettes à l'heure d'écorner leurs troupeaux, se fichent de l'embouche romanesque comme de la première litière de leur stabulation.
   Ils ne dévoreront ni Despentes, ni Forest, ni Volodine. Ni Linda Lê, ni Adam, ni Claudel. Et encore moins Breat Easton Ellis et J.M. Cootzee. Pas le temps. Propos un brin savants. Bref, un monde qui n'est pas le leur. Claudie, ce n'est pas pareil. Elle est presque d'ici. Elle cause comme l'ultime épicière du coin qui fait dépôt de pain et de journaux. Pas mince, le compliment.
    Cette fois-ci, c'est vrai, elle s'est embarquée du côté du festival d'Avignon l'année de la grève des intermittents. Evidemment, on s'en fiche un peu sur les rives de la Grosne, de la Guye ou du Grison. Mais sûr, la prochaine fois, elle parlera des gens du cru. A commencer, peut-être, par les habitants de Saint-Ythaire. Saint-Ythaire, c'est entre Bonnay et Curtil-sous-Burnand. 122 âmes en colère contre le projet d'implantation de cinq éoliennes. Un super sujet pour l'écrivain qu'on a même aperçue l'autre soir au "Vingt heures" de TF1.
    Les révoltés de Saint-Ythaire? A moins que ce ne soient les Don Quichotte de Bény. Bény, c'est au coeur de la Bresse, de l'autre côté de la Saône. Là, c'est contre la future Ligne à grande vitesse qu'on se mobilise à coups de calicots et de banderoles accrochés aux barrières des fermes et des villas avec, parfois, des slogans en patois: "LGV, to ka t'nallo!" ("LGV, tu n'as qu'à t'en aller"!).
   Des hélices géantes bientôt essaimées dans le paysage si cher jadis aux abbés de Cluny ou des trains fous écrasant prochainement l'AOC des célèbres volailles aux pattes bleues. Fichue alternative, quand on y pense. D'autant plus que, dans ce décor de pseudo-polar rural, on ne discerne pas la moindre librairie à l'horizon. Alors, dites, où c'est qu'on va les trouver, à Saint-Ythaire, à Bény ou ailleurs, les 701 titres annoncés? Houellebecq a raison: il convient de revoir de toute urgence "La carte et le territoire". Ah! quelle vacherie, par ici, la rentrée littéraire. (Fin août 2010). D.P.

 

Quelques nouvelles de par ici
 
 
    Je vais vous donner un peu des nouvelles de par ici. C'est où par ici? C'est chez moi. Enfin, je veux dire pas loin. A la rigueur juste à côté. Le décor, vous le connaissez. Il y a un village avec son clocher vaguement roman. Le presbytère transformé en gîte rural. L'épicerie où l'on vend des caramels pour les gosses et des asticots pour la pêche. Le calme règne jusqu'au milieu de l'après-midi. C'est à ce moment-là que les tracteurs ramènent les voitures de foin dans les fermes. Les travaux agricoles, cette année, quelle galère: on est passé directement de l'hiver du mois de mai à la canicule du solstice! Vers dix-huit heures, dix-huit heure trente, les gosses font des pirouettes à bécane et les ados, sur la placette, gloussent dans leurs téléphones portables sans jamais déclarer forfait. Ensuite, le boulodrome de fortune prend  doucement des allures de petit G20 provincial.
    Imperturbable, l'employé municipal arrose les fleurs. Ou ce qu'il en reste. Le week-end dernier, des dadais en goguette ont piétiné les terre-pleins. "Saloperie de désoeuvrés!" maugrée Jean en lisant l'entrefilet dans la chronique locale. Jean, c'est le facteur. Après sa tournée, il aime bien prendre un verre. Le seul café qui n'a pas encore baissé rideau aligne trois tables sur le trottoir. Les autres troquets ont tous fermé. Trop de travaux pour se mettre aux normes. En sirotant son panaché, le préposé s'attarde sur le journal du coin. Les décès, les mariages, les naissances, les accidents... Il lit aussi le billet, en haut à gauche de la page 2. Il y a même la photo du chroniqueur qui tient un bouquin dans ses mains. En regardant de près, on découvre le titre et l'auteur. C'est Après beaucoup d'années de Philippe Jaccottet.
    Jaccottet est un immense poète qui vit dans les parages. Mais personne ne le connaît vraiment. Jean s'en fiche. Lui, ce qu'il recherche dans son canard, ce sont les infos pratiques. Ou les échos du conseil municipal. L'annonce des fêtes d'été. Les vide-greniers des alentours. Mais à la Une, il y a cette photo. Un ministre et sa femme "dans la tourmente". Eric et Florence Woerth, ils s'appellent. Pierrot, le patron du café, qui vient faire un brin de causette à Jean, prononce ce nom à sa façon. Il dit "Voerte" et ça sonne un peu comme un hommage aux absinthes verlainiennes d'autrefois. "Tous pareils, hein, y'en a pas un pour racheter l'autre!". Jean, le regard rivé aux résultats du "Mondial" de foot et au classement général du Tour de France, ne répond rien. Ou alors il fait "hum hum" et bien malin qui pourrait comprendre si c'est une approbation ou l'inverse. 
  Rien ne bouge, ou presque. Il y a juste un soupçon d'électricité dans l'air. La grêle est annoncée pour le soir mais, c'est bien connu, "à la météo, ils se trompent tout le temps...". N'empêche, il faut hâter la fenaison. Demain à l'aube, les fourches hydrauliques des colossaux Renault ou John Deere payés à crédit planteront leurs dents dans ces rouleaux herbeux qui, au mitan des parcelles de la PAC, ressemblent aux chignons lavande des aïeules de ce "pays". Ce "pays" qui pleure et qui rit, qui meurt et qui vit. Ce "pays" qui attend les touristes. Ce "pays" en jachère où, dans les villas des lotissements en extension, Internet remplace désormais l'épicier qui faisait jadis sa tournée en klaxonnant à travers des hameaux pleins de vieux taiseux et de chiens tout en gueule. 
  Voilà, ça se passe par ici un jour brûlant de juillet. Plus tard, peut-être, je vous donnerai des nouvelles de par là-bas. C'est où par là-bas? C'est du côté de par ici. Si jamais, un de ces quatre, vous avez l'occasion, arrêtez vous quelques instants, on parlera un peu de Jaccottet. "Faites passer, disait la terre elle-même, ce matin-là, de sa voix qui n'en est pas une. Mais quoi encore? Quelle consigne?" (Juillet 2010). D.P.
 

    

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