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30 novembre 2017 4 30 /11 /novembre /2017 12:21
Dans "La Semaine du Roussillon"

Merci à Bernard Revel pour sa pertinente lecture de Je volais je le jure dans sa dernière chronique de l'hebdomadaire La Semaine du Roussillon

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28 novembre 2017 2 28 /11 /novembre /2017 18:05
"Maman aime danser", prix Danielle-Grondein 2017
"Maman aime danser", prix Danielle-Grondein 2017
"Maman aime danser", prix Danielle-Grondein 2017
"Maman aime danser", prix Danielle-Grondein 2017
"Maman aime danser", prix Danielle-Grondein 2017
"Maman aime danser", prix Danielle-Grondein 2017
"Maman aime danser", prix Danielle-Grondein 2017
"Maman aime danser", prix Danielle-Grondein 2017
"Maman aime danser", prix Danielle-Grondein 2017
"Maman aime danser", prix Danielle-Grondein 2017
"Maman aime danser", prix Danielle-Grondein 2017
"Maman aime danser", prix Danielle-Grondein 2017
"Maman aime danser", prix Danielle-Grondein 2017

C'était au cours de ce week-end des 25 et 26 novembre, sous le soleil et le mistral des Pennes-Mirabeau, près d'Aix-en-Provence, les Journées du Livre jeunesse 2017. Merci à Anne-Marie Germain, responsable de la médiathèque Albert-Camus ainsi qu'aux autres organisateurs et membres du jury qui ont bien voulu m'accorder leur prix Danielle-Grondein (*) pour Maman aime danser, en partage avec l'ami éditeur Jean René, fondateur de l'enseigne Bulles de savon. Le jury a également remis un prix spécial conjointement à Virginie Bergeret, auteure-illustratrice, et Anne Leloup, responsable des éditions Esperluète pour un livre-accordéon intitulé Là-bas, au loin. D.P.

______

(*) L'Association des amis de Danielle Grondein (enseignante et écrivain, 1940-2012) décerne chaque année, en partenariat avec la médiathèque Albert-Camus des Pennes-Mirabeau (13170), le Prix Danielle Grondein à un auteur vivant, d'expression française et à son éditeur, maison indépendante, française ou francophone, pour une œuvre de littérature jeunesse : une fiction, de la maternelle au lycée, tous genres littéraires confondus.

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19 novembre 2017 7 19 /11 /novembre /2017 10:32

Dans Le Progrès de ce dimanche 19 novembre... Merci à Jean-François Supié pour son article.

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16 novembre 2017 4 16 /11 /novembre /2017 11:59
Plaisir de lire ce cet écho à mon tout nouveau roman sur le blog belge "Books & Boom". Merci à Mathilde Bosly :
 


 
DIDIER POBEL
Je volais je le jure
EDITIONS Bulles de Savon - PARU EN 2017 - 89 PAGES 
 
Un matin, au sortir d’ un rêve agité, Grégoire se retrouve transformé en oiseau. Pas facile de prendre ses aises là-haut quand on était, l’ instant d’ avant, un simple lycéen de 17 ans. Mais quel exaltant sentiment de liberté lorsque, sur terre, tout n’ est que menace et violence ! Récit d’ une métamorphose moderne, ce nouveau roman de Didier Pobel est aussi un hymne à tout ce qui donne des ailes. Le sourire d’ une petite amie. Un air de guitare. Quelques vers d’ un poème. Ou la voix de Jacques Brel qui chante « Je volais je le jure, je jure que je volais […] Mon cœur ouvrait les bras, je n’ étais plus barbare… »
                                         

La chronique de Mathilde Bosly :


Magnifique roman ! J'ai été emportée dés les premières pages dans ce fabuleux rêve que vit Grégoire, ce rêve où il est un oiseau. Celui que vous voulez, que vous aimez, vous pouvez choisir ! L'important est ce sentiment de liberté, de légèreté que l'on vit à travers ces quelques pages. Avec cette touche de poésie tout au long de l'écriture, l'auteur pousse à la réflexion sur le quotidien qui nous entoure, sur ce monde qui se brise, pour revivre ou juste s'effondrer un peu plus. Sur la pollution, la nourriture pleine de produits toxiques, sur les attentats, sur l'état, les partis d'extrême droite qui montent, le racisme, et j'en passe. Toutes ces choses qui nous entourent et qui, en tant qu'oiseau, n'ont plus aucune importance. Qui n'a jamais voulu se libérer la tête, ne plus penser, ni se soucier de rien? Grégoire a la solution. J'ai adoré cette échappée, cette bouffée d'oxygène, composée d'une petite centaine de pages qui se dévorent. Je vais conserver précieusement ce court ouvrage, et le ressortir quand besoin il y aura. Un roman qui fait du bien ! Douceur et tendresse sont au rendez-vous à travers les mots d'un adolescent de 17 ans qui devient adulte et qui doit quitter le nid de l'enfance où il fait si bon. La réalité lui explose à la figure et il faut faire face malgré les doutes et les craintes. Il faut vivre, au mieux et profitez. Envolez-vous à ses côtés, vous allez redécouvrir le goût du grand air et de la liberté.

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9 novembre 2017 4 09 /11 /novembre /2017 11:02
Salut à deux "veilleurs"
Salut à deux "veilleurs"

Roger Grenier, le dernier "historique" de chez Gallimard, avait 98 ans. Beaucoup plus jeune, Gérard Bourgadier, le créateur, dans la même maison, de la belle collection L'Arpenteur publiait Calaferte, Magris, Philippe Delerm et le cher et regretté Pierre Autin-Grenier. Comment, en apprenant leur disparition, ne pas poser ce matin un regard embué sur deux titres de Grenier, Le Veilleur (2000) et Le Temps des séparations (2006)? Tellement de circonstance, tout autant pour l'aîné que pour l'autre.

   Et - j'ajoute encore un mot -, pour dire l'importance d'un Bourgadier, me revient à l'esprit ce constat d'Autin-Grenier évoquant quelques années après le changement de directeur à L'Arpenteur : "Tu sais, si c'était aujourd'hui, je ne serai tout bonnement pas publié" (*). D.P.

________

 

(*) Sous-entendu dans une grande maison. Ce serait en effet très injuste d'oublier les premières "petites" enseignes qui donnèrent vie aux premiers recueils de PAG : Louis Dubost au Dé Bleu ou Jean Le Mauve à L'Arbre, pour ne citer qu'eux.

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6 novembre 2017 1 06 /11 /novembre /2017 14:17

Éric Vuillard vient d'obtenir le prix Goncourt pour son roman, paru en mai dernier, L'Ordre du jour, chez Actes Sud. Un très bon choix. On retrouvera ici une interview de l'auteur réalisée par Nadja Pobel en octobre 2016 pour l'hebdomadaire culturel lyonnais Le Petit Bulletin. À noter, pour rester dans la même actualité, que le prix Renaudot est revenu, lui, à Olivier Guez auteur des Derniers jours de Josef Mengele (Seuil). Un retour à une époque sombre dont sont empreints les deux ouvrages sélectionnés. D.P.

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28 octobre 2017 6 28 /10 /octobre /2017 10:08
Dans "La Voix de l'Ain"
Dans "La Voix de l'Ain"
Dans "La Voix de l'Ain"
Dans "La Voix de l'Ain"
Dans "La Voix de l'Ain"

Petite rétrospective d'un mois de billets parus dans l'hebdomadaire La Voix de l'Ain, du 22 septembre au 20 octobre.

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28 octobre 2017 6 28 /10 /octobre /2017 09:44

À Lyon, le festival "Sens interdit" (avec parfois un "s", on ne sait pas trop) touche à sa fin. C'est demain 29 octobre, en effet, que retombera le rideau talentueusement levé depuis dix jours. Pour ceux qui n'ont pas eu l'occasion d'y aller - et pour qu'ils regrettent ou, soyons gentils, afin qu'ils prennent de bonnes résolutions pour la prochaine édition -, on écoute - et regarde - Nadja dans sa vidéo de l'"Épisode 2". Magnéto Serge!

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21 octobre 2017 6 21 /10 /octobre /2017 15:00
Un nouvel oiseau
Un nouvel oiseau
Un nouvel oiseau
Un nouvel oiseau
Un nouvel oiseau

Voilà, c'est fait, le petit oiseau vient de sortir... Du moins les premiers exemplaires avaient-ils niché tout à l'heure dans la boîte aux lettres. Pour l'envol en librairie, il faudra encore attendre jusqu'au 1er novembre. Je volais je le jure, un nouveau roman, lisible dès l'adolescence, est publié aux éditions Bulles de savon (distribution Flammarion) où est déjà paru l'année dernière, dans une veine très proche,  Maman aime danser. D.P.

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16 octobre 2017 1 16 /10 /octobre /2017 13:14
Regard(s) sur la rentrée littéraire
Regard(s) sur la rentrée littéraire

On lira ci-dessous l'article, paru sous une forme légèrement différente, dans l'hebdomadaire La Voix de l'Ain dans son n° 3781 du 13 au 19 octobre.

 

  Livres d'ici et d'ailleurs

 

   Brève sélection à travers géographie sensible et paysages régionaux pour tenter de se repérer dans les dédales d'une rentrée littéraire pléthorique.

 

   La Lyonnaise Brigitte Giraud obtiendra-t-elle cette année un grand prix? Un loup pour l'homme (Flammarion),son douzième livre, le mérite en tout cas plus que jamais. L'histoire d'Antoine, devenu infirmier dans l'Algérie en guerre de 1960 après avoir refusé de porter une arme, est aussi, en effet, celle de toute une génération meurtrie. Une évocation d'autant plus touchante que, sous l'illusoire prisme de la fiction, c'est du propre père de l'auteur dont il est question, un soldat rebelle que, fait rare, sa femme Lila rejoindra bientôt... Brigitte Giraud, née à Sidi-Bel-Abbès - on aura donc compris pourquoi - excelle dans ces pages littéralement fondatrices pour elle.

   On retrouve l'Algérie au temps de l'OAS sous la plume d'un autre "régional" de cette rentrée aux 581 romans (dont 390 étrangers), Yves Bichet, dont Indocile (Mercure de France), le titre de son nouvel opus est tout simplement le qualificatif qui définit son personnage. Révolté par la blessure d'un de ses amis, Théo va en effet basculer vers la résistance civique, symbolisant par son attitude le soubresaut moral collectif en gestation. Comme souvent chez Bichet, né à Jallieu en 1951, les paysages du Nord Isère, mêlés ici à ceux des Aurès, offrent aux saisissantes descriptions la sauvagerie quasi organique qui imprègne une œuvre amorcée avec La part animale en 1994.

   On ne s'éloigne guère des "Terres froides" chères au précédent (installé aujourd'hui à Grignan, dans la Drôme) avec Claudie Gallay. Originaire de Saint-Savin, dans l'Isère, aux confins de l'Ain, celle qui rencontra une très large audience avec Les Déferlantes en 2008 est toujours restée fidèle à son enfance rurale. C'est d'ailleurs dans cet univers-là encore que commence La Beauté des jours (Actes Sud) qui vient de paraître. L'histoire de Jeanne, solitaire et fantasque, est aussi une quête de l'inattendu et de l'art. Claudie Gallay, que l'on a eu l'occasion de rencontrer dans les bibliothèques de Bourg, pas très loin de la bergerie charolaise où elle aime se réfugier, ne devrait pas décevoir son public avec ce subtil canevas de tourments et de paix intérieure.

   Dans un tout autre genre, c'est à un jeune auteur, dont la famille paternelle a son berceau du côté de Châtillon-sur-Chalaronne, que l'on doit sans doute le roman le plus novateur de cette rentrée. En signant, à 35 ans, L'invention des corps (Actes Sud), Pierre Ducrozet entraîne ses lecteurs dans un vertigineux voyage qui mène des prémisses d'Internet à son paroxysme. Loin du simple précis technique, cette exploration d'un monde en constante évolution mêle "l'horreur de l'histoire" (la scène initiale d'un massacre d'étudiants au Mexique en 2014 est glaçante d'effroi) à l'utopie de la "connaissance universelle".

   Les docteurs Folamour de la Silicon Valley parviendront-ils un jour à faire en sorte que leurs machines, détournées de leur projet initial au service de la Liberté, soient directement reliées à nos cerveaux? Le spectre de "l'homme-ordinateur" hante ce livre tentaculaire à mi-chemin du road book visionnaire et de la parodie de polar. Auteur jusque-là de trois romans, chez Grasset, qu'on pourrait qualifier de "poétiques" ("Requiem pour Lola rouge" en 2010, "La vie qu'on voulait" en 2013 et "Éroica" en 2015), Pierre Ducrozet vient à coup sûr d'entrer dans une nouvelle dimension narrative.

   Enfin, quitte à se répéter, impossible, parmi nos coups de sonde dans cette rentrée 2017, de ne pas recommander le neuvième tome du "Journal" de Charles Juliet. Comme son titre le suggère, Gratitude (P.O.L.) est presque tout entier l'expression d'une reconnaissance envers les personnes ayant permis à l'écrivain de Jujurieux, ex-enfant de troupe sauvé par l'écriture, de traverser les ténèbres pour aboutir à cette plénitude que ses mots rendent aujourd'hui si communicative.

Une sorte de "remède à la mélancolie" pourrait-on dire en adressant justement un clin d'œil à l'émission dominicale de France Inter dont l'auteur de "L'Année de l'éveil" était l'invité ce 15 octobre, de 10 à 11 heures. Mais chaque livre prescrit, chaque livre aimé et partagé, n'est-il pas au fond un de ces salutaires remèdes? On ose l'espérer.

    Didier POBEL

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Présentation

  • : Le blog de Didier Pobel
  • : L'usage des jours (livres, poésie, voyages, journal, impressions...)
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Texte Libre

Ces révolutions que

nous n'avons pas vu venir

   De retour à Bény, en ce bel hiver de givre, je relis cette carte postale que mon père garde, avec celles des étés précédents, sur le buffet de la cuisine. "Sous le ciel encore chaud de la Tunisie, nous pensons bien à toi. Ici, on ne se croirait pas à la veille de la Toussaint. À bientôt. On t'embrasse". Des mots tout simples, écrits comme toujours à la hâte, au moment de reprendre l'avion. 

   C'était à peine trois mois plus tôt. Du Cap Bon où nous faisions halte, nous avions effectué de cahotants trajets à travers le pays. Le Temple des eaux au pied du djebel Zaghouan. Le site romain de Dougga, pur poème de pierre, de vent et d'oliviers, où Abdallah, notre guide, nous avait imposé une visite pour le moins exhaustive. Les villages poussiéreux où la population s'ennuie sous les palmiers flétris. Les charrettes, les bourricots, les antiques mobylettes. La pauvreté, la dignité et, pensions-nous, la résignation.

     La résignation? Eh oui, même lorsqu'on est le témoin d'un régime sans ambiguïtés, il n'est pas toujours si simple de pressentir l'histoire en marche. Avec le recul, pourtant, il y avait eu des scènes éloquentes. Ces barrages de police un peu partout, justifiés alors par un enlèvement d'enfant. Ce jeune diplômé quêtant quelques dinars dans les majestueuses ruines de Thuburbo Majus et qui se cachait pour aborder les "nantis" que nous étions à ses yeux. Un feu couvait en lui, c'est sûr. Il n'aurait peut-être pas fallu grand-chose pour qu'il parle. Mais nous étions pressés, comme souvent.

     Et, disons-le aussi, la méfiance nous gagnait. Un soir, du côté de la cité viticole de Grombalia, un 4X4 aux vitres fumées avait rattrapé notre "Symbol" de location. Une impression se confirmait: nous étions suivis. Sans doute vaut-il mieux ne pas écrire "journaliste" à la rubrique "profession" sur les fiches de douanes à l'arrivée lorsque, quelques mois plus tôt, on a utilisé le mot "dictature" pour rendre compte de la dernière parodie de réélection présidentielle au palais de Carthage.

     Les touristes européens flânaient dans les souks. Les cornes de gazelles étaient sucrées, le vin gris de Mornag montait à la tête, octobre avait de superbes rousseurs de désert et la tiédeur des plages invitait à fermer à demi les yeux. Que voulez-vous, c'est comme ça: exportées sur place, les plus solides notions de droits de l'homme se dissolvent parfois dans le bleu de la mer...

     Pour notre part, nous aurions dû prêter davantage attention aux ardents regards noirs de toute une jeunesse rivés aux téléphones portables. La "génération Ben Ali dégage!" préparait, dans la retenue, le grand soir arabe. Le fantoche président de fer était encore omniprésent. Piètre sosie d'un acteur de série B aux cheveux teints, posant, la main sur le cœur à chaque coin de rue, dans chaque lieu public, à côté des pubs pour les biscuits "Tigato" et pour les firmes corrompues se partageant le gâteau.

     Et voilà. Maintenant nous sommes au début 2011. Dans l'odeur du jasmin et de la poudre, dans le bruit des youyous et des balles, la Tunisie a fait sa "Révolution Facebook". Bonheur de découvrir ces incroyables images à la télévision qui en rappellent d'autres. À Berlin non plus, nous n'avions rien vu venir en novembre 1989. Pas plus qu'à Bucarest le mois suivant. Pas plus qu'au Caire ces dernières semaines...

     Nous parlons de tout cela, ce soir, dans cette ferme de Bresse où, depuis plus de trois ans, mon père veille seul avec son chien et ses cartes postales. Celle-ci, un peu plus ancienne, a été postée de Louxor: "Le printemps égyptien est doux. De part et d'autre du Nil, des merveilles nous attendent. À bientôt. On t'embrasse". Tout à l'heure, il nous rappellera comment lui aussi a retrouvé un jour la liberté. C'était en janvier 1945. L'armée russe avançait. Les portes du stalag de Silésie où il venait de passer plus de cinq ans s'ouvraient. Il allait encore mettre plus de quatre mois pour traverser, à pied et la faim au ventre, un no man's land de charniers, de ruines et de spectres hagards.

     Mais ceci est une autre histoire, direz-vous. Bien sûr. N'empêche, la Liberté, d'où qu'elle vienne, d'où qu'elle revienne, est la même. Au Nord ou à l'Est hier. Au Sud aujourd'hui. Dans nos sursauts collectifs. Dans nos émois partagés. Par l'étroite fenêtre aussi, parfois, de nos petites perceptions occidentales. D.P.

(Cette chronique a été publiée

dans l'hebdomadaire "Voix de l'Ain",

n° 3433, semaine du 11 au 18 février 2011). 

  

La carte de la gloire,

le territoire de l'oubli

   Le triomphe de Michel Houellebecq nous réjouit. Nous fûmes suffisamment déçus par ses échecs au Goncourt en 1998, avec Les Particules élémentaires, et en 2005, avec La Possibilité d'une île, pour ne pas nous féliciter de sa victoire, lundi dernier, à la troisième "tentative". Et cela d'autant plus que La Carte et le territoire (Flammarion) est un roman, à la fois désenchanté et jubilatoire, qui s'inscrit à merveille dans l'air du temps de ce mois de novembre 2010 où, sous la résignation apparente, se profile une très énergique "extension du domaine de la lutte".
   Le lendemain du prix, nous écoutions l'"heureux"  lauréat, sur France Inter, exhorter les auditeurs à ne jamais baisser les bras. "Ne vous laissez pas emmerder, soyez libres!", clamait-il. Magnifique, Michel! comme dirait Drucker qui ne va sans doute pas tarder à programmer un"Vivement dimanche"  houellebecquien. Il faut dire que ce matin-là, le malicieux écrivain à la paupière lasse comme ses anoraks réussissait une sacrée performance. Il volait carrément la vedette au général de Gaulle dont on célébrait pourtant, un peu partout ailleurs, le quarantième anniversaire de la disparition. Et lorsque l'invité déclara un brin péremptoire: "On n'a pas de devoirs envers son pays, on est des individus, c'est tout!", on a bien cru entendre, en bruit de fond radiophonique, le héros de Colombey se retourner dans sa tombe, pour autant que sa gigantesque stature posthume le lui en laissait le loisir.
   Tant pis pour "l'homme du 18 juin", c'est celui du 8 novembre qui était ici à l'honneur! La gloire est ainsi faite. L'enthousiasme du moment peut balayer d'un insolent revers de manche de parka fripée la majestuosité d'un uniforme. Voilà bien à quoi nous songions en écoutant ce drôle de fan de Jean-Pierre Pernaud et de Julien Lepers nous rappeler que "la France est un hôtel, pas plus".
   Injustice? Affaire de circonstances, c'est tout, évitons les grands mots. D'ailleurs, s'il y en a un qui est déjà rompu aux fatals soubresauts de la renommée, c'est à l'évidence Michel Houellebecq lui-même. "C'est curieux comme les choses changent..." fait-il dire au père de son double, à la page 217 de son opus désormais ceint de la prestigieuse bande rouge. Oui, les choses changent vite et bien malin qui pourrait évaluer la durée du rayonnement de celui qui, il n'y a pas si longtemps encore, était conspué à l'unanimité, ou presque.
   Comment pouvait-on, dans un contexte analogue, ne pas penser, au moment de l'attribution du prix, à un lauréat précédent qui vient de disparaître dans une assez scandaleuse indifférence? Lorsqu'il fut sacré, en 1968, pour Les Fruits de l'hiver, lui aussi capta tous les regards. Lui aussi éclipsa momentanément de Gaulle, avant que la chienlit ne déferle. Lui aussi fit des déclarations brutes de décoffrage. Lui aussi pesta contre les travers de la société du moment. Lui aussi réhabilita l'âme des provinces et des bourgades. Lui aussi fut traité de populiste. Lui aussi aimait les chiens. Lui aussi lorgnait vers l'Irlande. Lui? Il s'appelait Bernard Clavel et il a signé plus de quatre-vingts ouvrages dévorés, loin des chapelles, sinon celles du Jura aux toits de pierre et de bois, par des millions de gens.
  Comprenons-nous bien: il ne s'agit pas de comparer les mérites respectifs du "dépressif" du Gâtinais et du bûcheron franc-comtois. Leurs oeuvres, pas plus que leurs démarches, leurs postures et leurs convictions - quoi que... - n'offrent de vraies similitudes. Qu'on nous permette simplement d'y mieux mesurer, parfois jusqu'au vertige, l'indécent grand écart auquel sont soumises, au fil des ans, ces notions floues que sont, en art, le goût et la reconnaissance, l'emballement et la postérité, le lâchage et la fidélité.
   Allez, terminons par une hypothèse. Et si, un de ces quatre, Michel Houellebecq rédigeait un vibrant éloge de Bernard Clavel? Dans La Carte et le territoire, il rend bien un hommage aussi inattendu sous sa plume que mérité pour l'intéressé, à un autre laissé-pour-compte de l'ingrat monde des Lettres: Jean-Louis Curtis (1917-1995). Curtis avait lui aussi obtenu le Goncourt. C'était en 1947 pour Les Forêts de la nuit. Ces forêts où il rôde aujourd'hui, si loin des splendeurs de chez Drouant, avec Clavel et tant d'autres, avant que l'histoire littéraire ne rende son jugement dernier. Au minimum dans un siècle ou deux, "particules élémentaires" comprises. D.P.
(Cette chronique a été publiée,

dans une version légèrement modifiée,

dans l'hebdomadaire "Voix du Jura",

n° 3452, semaine du 20 au 26 janvier 2011). 

 

Ferrat, Chabrol:

l'émotion consolatrice
   Drôles d'hommages, quand on y pense. Il y a quelques mois, la France, larme printanière à l'oeil et lyrisme aragonien aux lèvres, n'en finissait plus de saluer Jean Ferrat. La télévision nationale, on s'en souvient, n'hésita pas à retransmettre en direct les obsèques de l'"échappé"  ardéchois, un peu à la façon d'une étape de la "Grande boucle" dans un col cévenol. Et les foules bigarrées ne cessent, depuis, de se bousculer dans l'étroit cimetière basaltique, lors d'un fervent ballet qui ne manquerait pas d'agacer le discret compagnon des petites routes et des pensées rebelles.
   C'était en mars dernier, entre les deux tours d'une élection que les "bonnes gens"  boudèrent en une obstination inversement proportionnelle à celle qu'ils insufflèrent dans leur "au revoir" au chantre de La Montagne. Et voici donc qu'un semestre plus tard disparaît Claude Chabrol, sous un concert de louanges et face une émotion, certes pas tout à fait de la dimension de la précédente, mais néanmoins étonnante par son impact à la fois médiatique et intimiste.
   Holà, que se passe-t-il donc pour qu'un pays peu réputé pour aimer ses artistes - c'est un euphémisme - manifeste ainsi, coup sur coup, sa sympathie et son chagrin? Un tel engouement se justifie évidemment, au-delà de la force des couplets ou des films des deux créateurs, par la somme d'admiration et de proximité qu'ils inspiraient, chacun de son côté. Le premier par son insolente tendresse et ses engagements jamais feints. Le second par son observation espiègle et grinçante de la société. Mais sans doute faut-il voir également, dans ces effets conjugués de complicité populaire, des éléments d'ordre plus circonstantiels. L'interprète de Ma Môme et le cinéaste du Boucher, dans des registres répétons-le fort différents, n'en incarnaient pas moins l'un et l'autre, y compris sans doute jusque dans les propres limites de certaines de leurs oeuvres, une honnêteté, un goût du travail bien fait, un attachement à la mémoire et un indéfectible respect des individus. Autant de valeurs, faut-il le rappeler, qui font particulièrement défaut en une époque de cynisme roi, de politique dévoyée, de chasse aux minorités ethniques, de charters vrombissant d'indécence sur le tarmac glissant des campagnes électorales...
   Impossible de réécouter une chanson de Ferrat ou de se "repasser" un film de Chabrol sans s'imprégner des bénéfiques célébrations de la patience, de la malice, de la tolérance et de la liberté. Et puis, avons-le, nous ressentions une vraie consolation à les voir l'un et l'autre, moustache frémissante ou pipe en bouche, parler soupes d'autrefois, vins de terroir et pourfendre en se marrant "les cons qui n'arrêtent pas de voler et les autres de les regarder", cela en une époque où la fumée conviviale, le verre entre amis et l'humour décapant tombent sous le coup de la loi, alors que la "bêtise d'Etat" entache le pays du droit de Roms. 
   Entre "ombre faite humaine" et "oeil de Vichy", entre "amour cerise"  et adultères provinciales, Jean Ferrat et Claude Chabrol étaient tous deux, à leur manière, d'Antraigues à Sardent, d'éloquents refrains en travellings suggestifs, inscrits à l'inventaire de nos monuments historiques familiers. Continuons à nous précipiter pour la visite en groupes de leurs battements de coeur, de leurs ricanements, de leurs univers, de leur exemplarité. Alléluia et Moteur! D.P.

   

 La rentrée littéraire,

quelle vacherie!
 Elle est retrouvée. Quoi? La rentrée littéraire qui n'a, avouons-le, pas grand'chose à voir avec l'éternité rimbaldienne. Les libraires transpirent. Les attachées de presse s'enfièvrent. Les chroniqueurs frottent leurs lunettes et affûtent leur sens critique. Un peu partout on compte, on compare, on spécule. Au juste, 701 romans, dont 497 français, ça fait combien de plus, de moins ou de pile poil pareil que l'année dernière qui, elle-même, etc. Drôle de phénomène bien de chez nous que cette espèce de foire d'automne où l'on remplace les bestiaux par des bouquins et les viriles clameurs des enchères par des maquignonnages autour des prix. Palpez un peu cette Nothomb, vous m'en direz des nouvelles. Et le dernier fleuron de la race Houellebecq, visez-moi cette encolure. 
   S'il y en a une qui ne risque pas de s'offusquer de la métaphore bovine, c'est bien Claudie Gallay. La petite femme aux yeux bleu pervenche, propulsée directement de ses terreuses origines nord-iséroises aux "déferlantes" du succès, a écrit son nouvel opus, L'Amour est une île, (Actes Sud), dans sa bergerie du Charolais. Avec des broutards crème meuglant sous sa fenêtre. Avec un ciel pluvieux comme vache qui pisse. La-bas, du côté de La Clayette et de Semur, il y a les prés sans Saint-Germain. Et les éleveurs, qui tordent leurs casquettes à l'heure d'écorner leurs troupeaux, se fichent de l'embouche romanesque comme de la première litière de leur stabulation.
   Ils ne dévoreront ni Despentes, ni Forest, ni Volodine. Ni Linda Lê, ni Adam, ni Claudel. Et encore moins Breat Easton Ellis et J.M. Cootzee. Pas le temps. Propos un brin savants. Bref, un monde qui n'est pas le leur. Claudie, ce n'est pas pareil. Elle est presque d'ici. Elle cause comme l'ultime épicière du coin qui fait dépôt de pain et de journaux. Pas mince, le compliment.
    Cette fois-ci, c'est vrai, elle s'est embarquée du côté du festival d'Avignon l'année de la grève des intermittents. Evidemment, on s'en fiche un peu sur les rives de la Grosne, de la Guye ou du Grison. Mais sûr, la prochaine fois, elle parlera des gens du cru. A commencer, peut-être, par les habitants de Saint-Ythaire. Saint-Ythaire, c'est entre Bonnay et Curtil-sous-Burnand. 122 âmes en colère contre le projet d'implantation de cinq éoliennes. Un super sujet pour l'écrivain qu'on a même aperçue l'autre soir au "Vingt heures" de TF1.
    Les révoltés de Saint-Ythaire? A moins que ce ne soient les Don Quichotte de Bény. Bény, c'est au coeur de la Bresse, de l'autre côté de la Saône. Là, c'est contre la future Ligne à grande vitesse qu'on se mobilise à coups de calicots et de banderoles accrochés aux barrières des fermes et des villas avec, parfois, des slogans en patois: "LGV, to ka t'nallo!" ("LGV, tu n'as qu'à t'en aller"!).
   Des hélices géantes bientôt essaimées dans le paysage si cher jadis aux abbés de Cluny ou des trains fous écrasant prochainement l'AOC des célèbres volailles aux pattes bleues. Fichue alternative, quand on y pense. D'autant plus que, dans ce décor de pseudo-polar rural, on ne discerne pas la moindre librairie à l'horizon. Alors, dites, où c'est qu'on va les trouver, à Saint-Ythaire, à Bény ou ailleurs, les 701 titres annoncés? Houellebecq a raison: il convient de revoir de toute urgence "La carte et le territoire". Ah! quelle vacherie, par ici, la rentrée littéraire. (Fin août 2010). D.P.

 

Quelques nouvelles de par ici
 
 
    Je vais vous donner un peu des nouvelles de par ici. C'est où par ici? C'est chez moi. Enfin, je veux dire pas loin. A la rigueur juste à côté. Le décor, vous le connaissez. Il y a un village avec son clocher vaguement roman. Le presbytère transformé en gîte rural. L'épicerie où l'on vend des caramels pour les gosses et des asticots pour la pêche. Le calme règne jusqu'au milieu de l'après-midi. C'est à ce moment-là que les tracteurs ramènent les voitures de foin dans les fermes. Les travaux agricoles, cette année, quelle galère: on est passé directement de l'hiver du mois de mai à la canicule du solstice! Vers dix-huit heures, dix-huit heure trente, les gosses font des pirouettes à bécane et les ados, sur la placette, gloussent dans leurs téléphones portables sans jamais déclarer forfait. Ensuite, le boulodrome de fortune prend  doucement des allures de petit G20 provincial.
    Imperturbable, l'employé municipal arrose les fleurs. Ou ce qu'il en reste. Le week-end dernier, des dadais en goguette ont piétiné les terre-pleins. "Saloperie de désoeuvrés!" maugrée Jean en lisant l'entrefilet dans la chronique locale. Jean, c'est le facteur. Après sa tournée, il aime bien prendre un verre. Le seul café qui n'a pas encore baissé rideau aligne trois tables sur le trottoir. Les autres troquets ont tous fermé. Trop de travaux pour se mettre aux normes. En sirotant son panaché, le préposé s'attarde sur le journal du coin. Les décès, les mariages, les naissances, les accidents... Il lit aussi le billet, en haut à gauche de la page 2. Il y a même la photo du chroniqueur qui tient un bouquin dans ses mains. En regardant de près, on découvre le titre et l'auteur. C'est Après beaucoup d'années de Philippe Jaccottet.
    Jaccottet est un immense poète qui vit dans les parages. Mais personne ne le connaît vraiment. Jean s'en fiche. Lui, ce qu'il recherche dans son canard, ce sont les infos pratiques. Ou les échos du conseil municipal. L'annonce des fêtes d'été. Les vide-greniers des alentours. Mais à la Une, il y a cette photo. Un ministre et sa femme "dans la tourmente". Eric et Florence Woerth, ils s'appellent. Pierrot, le patron du café, qui vient faire un brin de causette à Jean, prononce ce nom à sa façon. Il dit "Voerte" et ça sonne un peu comme un hommage aux absinthes verlainiennes d'autrefois. "Tous pareils, hein, y'en a pas un pour racheter l'autre!". Jean, le regard rivé aux résultats du "Mondial" de foot et au classement général du Tour de France, ne répond rien. Ou alors il fait "hum hum" et bien malin qui pourrait comprendre si c'est une approbation ou l'inverse. 
  Rien ne bouge, ou presque. Il y a juste un soupçon d'électricité dans l'air. La grêle est annoncée pour le soir mais, c'est bien connu, "à la météo, ils se trompent tout le temps...". N'empêche, il faut hâter la fenaison. Demain à l'aube, les fourches hydrauliques des colossaux Renault ou John Deere payés à crédit planteront leurs dents dans ces rouleaux herbeux qui, au mitan des parcelles de la PAC, ressemblent aux chignons lavande des aïeules de ce "pays". Ce "pays" qui pleure et qui rit, qui meurt et qui vit. Ce "pays" qui attend les touristes. Ce "pays" en jachère où, dans les villas des lotissements en extension, Internet remplace désormais l'épicier qui faisait jadis sa tournée en klaxonnant à travers des hameaux pleins de vieux taiseux et de chiens tout en gueule. 
  Voilà, ça se passe par ici un jour brûlant de juillet. Plus tard, peut-être, je vous donnerai des nouvelles de par là-bas. C'est où par là-bas? C'est du côté de par ici. Si jamais, un de ces quatre, vous avez l'occasion, arrêtez vous quelques instants, on parlera un peu de Jaccottet. "Faites passer, disait la terre elle-même, ce matin-là, de sa voix qui n'en est pas une. Mais quoi encore? Quelle consigne?" (Juillet 2010). D.P.
 

    

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