L'usage des jours (livres, poésie, voyages, journal, impressions...)
Par dpobel.over-blog.com
Donald s'en va-t-en guerre. Ça sonne comme le titre d'un vieux film de Dalton Trumbo. Sauf que là, ce n'est pas du cinéma. En un grand écart spectaculaire, le président américain, jusque-là non-interventionniste auto-proclamé, a lancé une preste opération de représailles contre la Syrie. Cinquante-neuf missiles Tomahawk ont été tirés, à l'aube hier matin, contre la base de Shayrat, là d’où auraient décollé les avions responsables de l’attaque de Khan Cheikhoun, au tragique bilan d'au moins 86 morts dont 27 enfants. Le successeur d'Obama aurait été, comme nous tous en Occident, bouleversé par l'image de ces corps convulsés suffoquant sous l'effet du gaz sarin, semblables, à la Une de Libération jeudi matin, aux petits suppliciés d'un tableau de Goya.
Ne serait-ce que pour cela, ajouté à la fermeté justifiée dont cette réplique témoigne - détermination saluée notamment par François Hollande et Angela Merkel -, nous devrions nous réjouir de ce sursaut d'humanité chez un dirigeant qui n'avait pas jusque là, et c'est un euphémisme, donné beaucoup de preuves en ce sens. Et pourtant, pourquoi le cacher, nous sommes plus inquiets que rassurés, tant nous redoutons les conséquences d'un tel acte, lorsque l'on sait la Russie de Poutine aux aguets derrière Bachar al-Assad. Car tel est bien le propre des personnages aussi imprévisibles que Donald Trump : là où ils paraissent donner des gages de "normalisation", ils font aussitôt craindre une appétence au combat poreuse aux pires dérives.
Les crimes de Bachar - et surtout celui-là - ne doivent certes pas rester impunis, mais pas au prix de cette résurgence du spectre d'une Troisième guerre mondiale dont on n'est jamais sûr qu'il ne soit pas le jouet du Docteur Folamour de la Maison-Blanche, y compris lorsqu'à l'occasion, il se pare - jusqu'à quand? - des vertus d'un vrai responsable. D.P.
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