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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 22:33

      Trois minutes vingt-cinq, pas une de plus. C'est court, trois minutes vingt-cinq. C'est court et c'est interminable. Une semaine après l'enlèvement au Cameroun de la famille d'expatriés français de retour d'une visite dans un parc animalier au nord du pays, les ravisseurs ont, en quelque sorte, donné des nouvelles. De celles des captifs d'une certaine façon, mais surtout des leurs.

   Et ce qu'il y a de plus insoutenable dans cette vidéo floutée pour des évidentes raisons de dignité, c'est ce qu'on pourrait appeler sa dramaturgie affective détournée. Les enfants sont au premier plan et les parents derrière, comme sur des photos de vacances. Sauf qu'en scrutant le document diffusé ce lundi sur Internet, on en découvre vite toute la violence et l'horreur. Des types armés et masqués veillent sur leur "butin humain". La mère a été voilée. Le père lit les revendications guerrières imposées. Et l'absence de date inscrit la scène dans tout l'intemporel de l'angoisse.

   Ainsi donc, à travers cette iconographie de la cruauté, le forfait est signé, les menaces estampillées et l'action de la secte islamiste Boko Hara atteint son but: faire en sorte que tout le monde regarde ces images pourtant, littéralement, impossible à regarder. Cela porte un nom: la barbarie pixelisée. Autant dire, on l'aura compris, la barbarie tout court. D.P.

 

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 14:07

    Le Salon de l'Agriculture, en général, tout le monde en croque. A commencer par les hommes et les femmes politiques qui, de dégustations de fromages en palpations de bestiaux bien ciblées, voudraient tous nous faire croire que la belle campagne dont ils se gargarisent sous l'oeil gourmant des caméras n'a rien de politique. Bah! Nul n'est dupe, mais tout de même... Il y a quelque chose de reposant dans ce tour des provinces façon Jean-Pierre Pernaud, avec commentaires cuits au feu de bois et sursaut d'unanimisme à la Jules Romains sur l'air moderne du "Tout le monde il est bio, tout le monde il est gentil".
   L'édition inaugurée ce samedi a tout pour se surpasser. Pensez: le cru 2013 va célébrer son demi-siècle! Une opportunité comme celle-là, ça ne se trouve pas sous le pas d'un cheval. Sauf que, zut, voilà, par les temps qui piaffent, le mot qui fâche. L'affaire Spanghero sera évidemment présente dans les allées du parc des expositions de la porte de Versailles. Entre deux palmarès de races laitières, il est plus que probable qu'on ruminera amèrement cette si récurrente antienne de la mal bouffe qui ne passe pas.

   Mais comme l'actualité va plus vite qu'un alezan au galop, un autre sujet de conversation risque bien de se faire une petite place entre caquètements de poules et rengorgements de pigeons. Lequel? Mais le nouvel avatar du feuilleton DSK, bien sûr. Car qu'apprend-on, paraît-il, dans le livre de la "belle"  Marcela Iacub? Que son personnage est à la fois un "cochon"  et un "caniche". Avouez qu'avec un portrait aussi vache, le héros malgré lui du nouveau bouquin sulfureux à paraître chez Stock mériterait d'être la vedette à part entière de ce 50e Salon de l'Agriculture. D.P.     
 

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 21:54

      Alors que notre pays est en guerre au Mali et que - probable incidence de ce conflit - une famille de la région lyonnaise a été prise en otage au Cameroun, elle a l'air de quoi, dites, cette passe d'armes d'enfants énervés américano-française? Rappelons les faits. C'est Maurice Taylor Jr qui a dégainé le premier. Faut pas compter sur lui pour sauver Goodyear because, entre autres amabilités, à Amiens Nord "les ouvriers ne travaillent que trois heures par jour". Le boss de l'Illinois auto-surnommé "Le Grizzly"  préfère "acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins d'un euro l'heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin".

   Une insupportable provocation selon Arnaud Montebourg qui, promu ministre du Redressement épistolaire, s'est fendu à son tour d'une lettre dans laquelle lui non plus n'y va pas de main morte, mêlant La Fayette et le souvenir du Débarquement et clamant en substance à son destinataire: "Vos propos sont aussi extrémistes qu'insultants".

   Alors évidemment, cette querelle de grands gosses courroucés prêterait à sourire si leur empoignade de cour de récréation industrielle ne transformait en méchant jeu verbal des milliers d'emplois. Répliquer ainsi à Maurice Taylor, aussi tristement arrogant soit-il, c'est au fond lui accorder beaucoup d'importance et, in fine, se mettre à son "niveau". Non, décidément par les temps qui courent, il y a mieux, entre gens (supposés) bien élevés, que de s'envoyer des noms d'oiseaux par-dessus l'Atlantique. Et hélas, il faut bien l'admettre, ce combat de Titan(s) n'est qu'une guerre picrocholine. De plus. D.P.

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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 23:05

Oprah Winfrey a vanté sur son fil Twitter les mérites de la friteuse Seb   En France, on n'a peut-être pas de croissance mais on a une sacrée friteuse. C'est Oprah Winfrey, "même pas payée"  pour ça, qui est venue nous le rappeler sur son compte Twitter. "Cette machine... T-Fal Actifry a changé ma vie"  a déclaré, bouche béante, la star de la télé américaine avant de préciser qu'elle avait préparé un plat entier de son mets favori avec une seule cuillerée d'huile et que c'était "délicieux avec son burger végétarien". Rien qu'à lire le message, on en a salivé. A commencer par le ministre du Redressement productif qui n'a pas manqué d'ajouter que le produit glorifié par l'ambassadrice US improvisée est une "innovation made in France de Seb, fabriquée à Is-sur-Tille en Bourgogne".
   Et le miracle, c'est qu'instantanément la bourse a bondi presque aussi fort que le coeur d'Arnaud Montebourg sous sa marinière. Anecdote, évidemment, que tout cela. Ephiphénomène de cette "société du spectacle" dénoncée déjà jadis par Guy Debord. Mais notre époque, davantage estampillée merde in France qu'autre chose, a désormais besoin de se consoler dans cette imagerie people futile. Certes, ce n'est pas très nouveau et Seb s'est souvenu que, dans les années 60, Jackie Kennedy avait vanté une poêle Tefal, à tel point qu'il s'en était vendu un million d'exemplaires. Mais ce qui nous sépare de cette pré-histoire-là, c'est que nous savons désormais le rêve durable impossible. Aussi positif apparaisse-t-il, le dernier gadget anti-crise du jour ne relève que de l'instantané et le goût d'Oprah Winfrey pour les frites tricolores ne nous sauvera pas, hélas, de la purée. D.P.

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18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 22:07

  Ah! les "allocs". Il suffit de deux toutes petites syllabes pour les désigner. Comme la "sécu". Comme un prénom populaire. Gare, avec ça, à celui qui y touche! Jospin y avait songé. Mauvaise pioche, passons à autre chose. Sarkozy proposait de s'en servir de monnaie d'échange pour lutter contre l'absentéisme scolaire. Tonitruante levée de boucliers. Or, c'est maintenant au tour de François Hollande de s'y coller. Faut-il les fiscaliser, ou simplement les moduler?
   L'idée a été lancée par Didier Migaud, le premier président de la Cour des comptes. Ce n'est pas à lui qu'on va rappeler à quel point sont symboliques ces prestations, nées en 1916, dans son département de l'Isère, sous l'impulsion d'un patron chrétien-démocrate grenoblois, Emile Romanet. Sauf que nous sommes en 2013 et qu'il faut trouver pour l'an prochain cinq milliards d'économie à réaliser. Alors pourquoi pas des "allocs"  rabotées, en plus des pensions de retraite désindexées de l'inflation?

   Un oeil sur l'implacable calculette sociale et l'autre planté dans le coeur des Français, le chef de l'Etat, maître d'oeuvre attendu de l'acte 2 du plan de rigueur, aura du mal à trancher, à plus forte raison face à un gouvernement divisé sur la question. C'est que, plus que jamais, on l'attend là, tous, parents ou pas, au coin de nos signes identaires tricolores en péril. Les "allocs"  sont peut-être familiales, mais elles sont surtout et avant tout familières. Et ça, mes enfants, c'est une autre histoire. La nôtre. D.P.   

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17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 21:19

       Ce week-end qui s'achève avait, cela n'a pas pu vous échapper, un arrière-goût de bourrin. D'abord parce qu'on n'en finit plus avec cette histoire de lasagnes qui contiennent un peu plus de canasson roumain que leurs étiquettes le suggèrent. Mais aussi à cause d'un cheval de retour nommé Nicolas Sarkozy. Les bookmakers sont en effet de sortie. Et dans un contexte où l'UMP joue volontiers à se prendre pour le PMU, la moindre petite phrase a valeur de pronostic officiel. Après Alain Juppé, c'est Bernadette Chirac qui y est allée de sa mise. Toujours en avance d'une pièce jaune, l'ex-première dame de Corrèze et du pays prépare déjà le prochain Grand prix de France.
   Bon, c'est vrai, sauf ruade dans le calendrier politique, c'est pour 2017, y'a quand même pas le feu à l'hippodrome. N'empêche, il paraît que l'intéressé, qui ne dit mot, piaffe sans discrétion dans son paddock. Oh, tout doux, d'ici le départ, de l'eau aura coulé sous les tribunes et des tonnes de steacks suspects auront été avalés. Celui qui a le mieux commenté cette précipitation, c'est Daniel Cohn-Bendit. Interrogé ce dimanche soir, lors du "20 heures"  de France 2, il a, un brin cavalier, déclaré que de l'éventuel retour de Sarkozy, il s'en tapait. Propos définitifs qui, aux oreilles des jockeys trop pressés, ne pouvaient résonner qu'à la manière d'une belle avoinée. D.P.         

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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 22:40

  Décidément, l'affaire du boeuf qui n'en est pas avance à la vitesse d'un cheval. Après avoir pris son galop roumain et, via un crochet par la Grande-Bretagne, la voilà désormais piaffant dans l'écurie française. "Spanghero savait". La mise au ban de la société d'agroalimentaire audoise, authentifiée par le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, sonne pour nous comme une défaite, en dépit des dénégations de l'entreprise concernée.

   Ainsi donc, et sauf nouveau rebondissement, plus question de mettre en cause, avec haussement d'épaules affligé, l'Europe et sa gabegie. Nous sommes à nous seuls capables, dans notre beau pays surcontrolé, d'une effrontée tromperie sur la marchandise. Et le fait que l'enseigne incriminée porte le nom qui fut emblématique du rugby tricolore d'antan en rajoute évidemment une ruade de honte nationale.

   Comment ne pas être émus, en effet, en découvrant les larmes de "Oualtère", alors que ni lui ni ses frères, qui ont cédé depuis longtemps leur affaire, ne portent la moindre responsabilité dans cette affligeante histoire? C'est bien la première fois que les Spanghero, les vrais, ceux qui jouaient franc jeu, attendent avec autant d'avidité le coup de pied de pénalité. D.P. 

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 21:57

   On n'en finissait plus de compter les passes d'armes diurnes et les nuits fiévreuses à l'Assemblée, on a décortiqué jusqu'à l'épuisement les quelque 5000 amendements, on a répété à l'envi le mot "marathon"... Trop long le débat autour du "mariage pour tous"?  Mais non, trop court, au contraire. Trop court de deux jours. Cela n'aurait pas manqué de sel, en effet, si cette adoption du projet par 239 voix contre 229, avait eu lieu, non pas le 12 février, mais le 14. Christine Taubira, qui a décoché ses flèches de guerrière avec la maestria de Cupidon, aurait pu parler avec davantage de coeur encore. Car ce que l'on retiendra, en effet, de cette bataille parlementaire historique, c'est bien la façon dont la ministre a su alterner gravité et fous rires, pertinence et ironie, fermeté et douceur.

   Il y a des choses que ce texte ne pourra pas accomplir. Il ne supprimera pas le jeu amoureux, ni chez les homosexuels ni chez les hétérosexuels", a-t-elle notamment ponctué le vote avant de rajouter, tout sourire et en citant Machado: "Il restera toujours beaucoup de femmes pour vous regarder messieurs, pour vous observez, pour essayer d'apercevoir derrière la carapace, la tendresse qui parfois vous habite, pour essayer de percer les défauts qui se cachent parfois sous vos dehors affables, et pour discerner dans l'entrelac de vos talents et de vos faiblesses, si vous êtes capables de tracer des chemins sur la mer".
   Trop forte, Christine Taubira! Sur fond de clivage bien marqué de notre société, elle est non seulement parvenue à réécrire, façon Barthes, les Fragments d'un discours amoureux, mais elle a instauré, à J - 2, la Saint Valentin pour tous. D.P.

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 00:14

   Chapeau, le Pape! Sauf à apprendre qu'il y ait été "poussé", ce qui ne semble pas être le cas, cette démission - du jamais vu ou presque dans l'histoire pontificale - force en effet le respect. Il est tellement rare d'avoir affaire à un grand de ce monde qui ne s'accroche pas à son (saint) siège au moment où il estime ne plus avoir "les forces nécessaires" pour exercer son ministère...

   Espérons qu'un tel acte de lucidité montre la voie à tous ceux qui n'ont pas su - pas osé - dire un jour: stop, je ne peux plus, j'arrête, je suis si fatigué que j'en perds, en quelque sorte, mon latin. Avec cette annonce surprise urbi et orbi, Benoît XVI, "infaillible" par ses fonctions, a tout simplement voulu rappeler qu'il n'était qu'un homme, à peu de choses près comme les autres.

    Le récent adepte des réseaux sociaux, qui n'a tout de même pas poussé le "vice" à faire part de son "renoncement"  en twittant, avait presque 86 ans. Un bel âge pour laisser les clefs de Saint-Pierre à un cadet, non?

   Ah oui, encore un détail. Le "départ" de Joseh Ratzinger, qui laisse un bilan plutôt contrasté, sera effectif à partir du 28 février. Le jour de la saint Romain. Cela ne s'invente pas. D.P.

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 01:04

  

   Tiens, voilà que l'actualité emprunte des airs à la plus loufoque des chansons de Boby Lapointe. Vous savez, celle où toutes les phrases s'achèvent sur la rime "de ch'val". Une de ces rengaines que l'on ne peut ouïr distinctement  que si l'on a les paroles sous les yeux. "Quel est cet aztèque de ch'val / Qu´on vient de voir filer de ch'val"...

   Eh bien, pour comprendre l'inquiétante histoire de lasagnes et de moussaka dans lesquelles le boeuf ne serait pas du boeuf, c'est pareil, il faut vraiment que quelqu'un nous explique. Comment est-ce encore possible, à l'heure où l'on croyait les règles sanitaires plus strictes que jamais, d'être amené à douter de ce que les grandes enseignes nous font mettre dans nos assiettes?

    Evidemment, chacun défend son (mauvais) bifteack dans cette affaire mais, il faut bien l'avouer, sans convaincre personne. Pis: plus les acteurs suspectés de la filière tentent de se justifier, plus la rumeur de galop équestre malsain venue des Carpates trouble nos casse-croûte.
   Après cette cavalcade de dénégations et d'hypocrisies, je ne sais pas vous, mais moi je n'ai plus guère faim. Sauf de chansons, of course (de ch'val). Allez, vous reprendrez bien une tranche Boby pour commencer la semaine:"Ah! l´beau saucisson de ch´val / Ah! chanson de saillies de ch´val / Ah! je trouve ça beau de ch'val / Car je suis esthète... / Esthète de quoi... / Esthète de cheval".  

D.P.


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Texte Libre

Ces révolutions que

nous n'avons pas vu venir

   De retour à Bény, en ce bel hiver de givre, je relis cette carte postale que mon père garde, avec celles des étés précédents, sur le buffet de la cuisine. "Sous le ciel encore chaud de la Tunisie, nous pensons bien à toi. Ici, on ne se croirait pas à la veille de la Toussaint. À bientôt. On t'embrasse". Des mots tout simples, écrits comme toujours à la hâte, au moment de reprendre l'avion. 

   C'était à peine trois mois plus tôt. Du Cap Bon où nous faisions halte, nous avions effectué de cahotants trajets à travers le pays. Le Temple des eaux au pied du djebel Zaghouan. Le site romain de Dougga, pur poème de pierre, de vent et d'oliviers, où Abdallah, notre guide, nous avait imposé une visite pour le moins exhaustive. Les villages poussiéreux où la population s'ennuie sous les palmiers flétris. Les charrettes, les bourricots, les antiques mobylettes. La pauvreté, la dignité et, pensions-nous, la résignation.

     La résignation? Eh oui, même lorsqu'on est le témoin d'un régime sans ambiguïtés, il n'est pas toujours si simple de pressentir l'histoire en marche. Avec le recul, pourtant, il y avait eu des scènes éloquentes. Ces barrages de police un peu partout, justifiés alors par un enlèvement d'enfant. Ce jeune diplômé quêtant quelques dinars dans les majestueuses ruines de Thuburbo Majus et qui se cachait pour aborder les "nantis" que nous étions à ses yeux. Un feu couvait en lui, c'est sûr. Il n'aurait peut-être pas fallu grand-chose pour qu'il parle. Mais nous étions pressés, comme souvent.

     Et, disons-le aussi, la méfiance nous gagnait. Un soir, du côté de la cité viticole de Grombalia, un 4X4 aux vitres fumées avait rattrapé notre "Symbol" de location. Une impression se confirmait: nous étions suivis. Sans doute vaut-il mieux ne pas écrire "journaliste" à la rubrique "profession" sur les fiches de douanes à l'arrivée lorsque, quelques mois plus tôt, on a utilisé le mot "dictature" pour rendre compte de la dernière parodie de réélection présidentielle au palais de Carthage.

     Les touristes européens flânaient dans les souks. Les cornes de gazelles étaient sucrées, le vin gris de Mornag montait à la tête, octobre avait de superbes rousseurs de désert et la tiédeur des plages invitait à fermer à demi les yeux. Que voulez-vous, c'est comme ça: exportées sur place, les plus solides notions de droits de l'homme se dissolvent parfois dans le bleu de la mer...

     Pour notre part, nous aurions dû prêter davantage attention aux ardents regards noirs de toute une jeunesse rivés aux téléphones portables. La "génération Ben Ali dégage!" préparait, dans la retenue, le grand soir arabe. Le fantoche président de fer était encore omniprésent. Piètre sosie d'un acteur de série B aux cheveux teints, posant, la main sur le cœur à chaque coin de rue, dans chaque lieu public, à côté des pubs pour les biscuits "Tigato" et pour les firmes corrompues se partageant le gâteau.

     Et voilà. Maintenant nous sommes au début 2011. Dans l'odeur du jasmin et de la poudre, dans le bruit des youyous et des balles, la Tunisie a fait sa "Révolution Facebook". Bonheur de découvrir ces incroyables images à la télévision qui en rappellent d'autres. À Berlin non plus, nous n'avions rien vu venir en novembre 1989. Pas plus qu'à Bucarest le mois suivant. Pas plus qu'au Caire ces dernières semaines...

     Nous parlons de tout cela, ce soir, dans cette ferme de Bresse où, depuis plus de trois ans, mon père veille seul avec son chien et ses cartes postales. Celle-ci, un peu plus ancienne, a été postée de Louxor: "Le printemps égyptien est doux. De part et d'autre du Nil, des merveilles nous attendent. À bientôt. On t'embrasse". Tout à l'heure, il nous rappellera comment lui aussi a retrouvé un jour la liberté. C'était en janvier 1945. L'armée russe avançait. Les portes du stalag de Silésie où il venait de passer plus de cinq ans s'ouvraient. Il allait encore mettre plus de quatre mois pour traverser, à pied et la faim au ventre, un no man's land de charniers, de ruines et de spectres hagards.

     Mais ceci est une autre histoire, direz-vous. Bien sûr. N'empêche, la Liberté, d'où qu'elle vienne, d'où qu'elle revienne, est la même. Au Nord ou à l'Est hier. Au Sud aujourd'hui. Dans nos sursauts collectifs. Dans nos émois partagés. Par l'étroite fenêtre aussi, parfois, de nos petites perceptions occidentales. D.P.

(Cette chronique a été publiée

dans l'hebdomadaire "Voix de l'Ain",

n° 3433, semaine du 11 au 18 février 2011). 

  

La carte de la gloire,

le territoire de l'oubli

   Le triomphe de Michel Houellebecq nous réjouit. Nous fûmes suffisamment déçus par ses échecs au Goncourt en 1998, avec Les Particules élémentaires, et en 2005, avec La Possibilité d'une île, pour ne pas nous féliciter de sa victoire, lundi dernier, à la troisième "tentative". Et cela d'autant plus que La Carte et le territoire (Flammarion) est un roman, à la fois désenchanté et jubilatoire, qui s'inscrit à merveille dans l'air du temps de ce mois de novembre 2010 où, sous la résignation apparente, se profile une très énergique "extension du domaine de la lutte".
   Le lendemain du prix, nous écoutions l'"heureux"  lauréat, sur France Inter, exhorter les auditeurs à ne jamais baisser les bras. "Ne vous laissez pas emmerder, soyez libres!", clamait-il. Magnifique, Michel! comme dirait Drucker qui ne va sans doute pas tarder à programmer un"Vivement dimanche"  houellebecquien. Il faut dire que ce matin-là, le malicieux écrivain à la paupière lasse comme ses anoraks réussissait une sacrée performance. Il volait carrément la vedette au général de Gaulle dont on célébrait pourtant, un peu partout ailleurs, le quarantième anniversaire de la disparition. Et lorsque l'invité déclara un brin péremptoire: "On n'a pas de devoirs envers son pays, on est des individus, c'est tout!", on a bien cru entendre, en bruit de fond radiophonique, le héros de Colombey se retourner dans sa tombe, pour autant que sa gigantesque stature posthume le lui en laissait le loisir.
   Tant pis pour "l'homme du 18 juin", c'est celui du 8 novembre qui était ici à l'honneur! La gloire est ainsi faite. L'enthousiasme du moment peut balayer d'un insolent revers de manche de parka fripée la majestuosité d'un uniforme. Voilà bien à quoi nous songions en écoutant ce drôle de fan de Jean-Pierre Pernaud et de Julien Lepers nous rappeler que "la France est un hôtel, pas plus".
   Injustice? Affaire de circonstances, c'est tout, évitons les grands mots. D'ailleurs, s'il y en a un qui est déjà rompu aux fatals soubresauts de la renommée, c'est à l'évidence Michel Houellebecq lui-même. "C'est curieux comme les choses changent..." fait-il dire au père de son double, à la page 217 de son opus désormais ceint de la prestigieuse bande rouge. Oui, les choses changent vite et bien malin qui pourrait évaluer la durée du rayonnement de celui qui, il n'y a pas si longtemps encore, était conspué à l'unanimité, ou presque.
   Comment pouvait-on, dans un contexte analogue, ne pas penser, au moment de l'attribution du prix, à un lauréat précédent qui vient de disparaître dans une assez scandaleuse indifférence? Lorsqu'il fut sacré, en 1968, pour Les Fruits de l'hiver, lui aussi capta tous les regards. Lui aussi éclipsa momentanément de Gaulle, avant que la chienlit ne déferle. Lui aussi fit des déclarations brutes de décoffrage. Lui aussi pesta contre les travers de la société du moment. Lui aussi réhabilita l'âme des provinces et des bourgades. Lui aussi fut traité de populiste. Lui aussi aimait les chiens. Lui aussi lorgnait vers l'Irlande. Lui? Il s'appelait Bernard Clavel et il a signé plus de quatre-vingts ouvrages dévorés, loin des chapelles, sinon celles du Jura aux toits de pierre et de bois, par des millions de gens.
  Comprenons-nous bien: il ne s'agit pas de comparer les mérites respectifs du "dépressif" du Gâtinais et du bûcheron franc-comtois. Leurs oeuvres, pas plus que leurs démarches, leurs postures et leurs convictions - quoi que... - n'offrent de vraies similitudes. Qu'on nous permette simplement d'y mieux mesurer, parfois jusqu'au vertige, l'indécent grand écart auquel sont soumises, au fil des ans, ces notions floues que sont, en art, le goût et la reconnaissance, l'emballement et la postérité, le lâchage et la fidélité.
   Allez, terminons par une hypothèse. Et si, un de ces quatre, Michel Houellebecq rédigeait un vibrant éloge de Bernard Clavel? Dans La Carte et le territoire, il rend bien un hommage aussi inattendu sous sa plume que mérité pour l'intéressé, à un autre laissé-pour-compte de l'ingrat monde des Lettres: Jean-Louis Curtis (1917-1995). Curtis avait lui aussi obtenu le Goncourt. C'était en 1947 pour Les Forêts de la nuit. Ces forêts où il rôde aujourd'hui, si loin des splendeurs de chez Drouant, avec Clavel et tant d'autres, avant que l'histoire littéraire ne rende son jugement dernier. Au minimum dans un siècle ou deux, "particules élémentaires" comprises. D.P.
(Cette chronique a été publiée,

dans une version légèrement modifiée,

dans l'hebdomadaire "Voix du Jura",

n° 3452, semaine du 20 au 26 janvier 2011). 

 

Ferrat, Chabrol:

l'émotion consolatrice
   Drôles d'hommages, quand on y pense. Il y a quelques mois, la France, larme printanière à l'oeil et lyrisme aragonien aux lèvres, n'en finissait plus de saluer Jean Ferrat. La télévision nationale, on s'en souvient, n'hésita pas à retransmettre en direct les obsèques de l'"échappé"  ardéchois, un peu à la façon d'une étape de la "Grande boucle" dans un col cévenol. Et les foules bigarrées ne cessent, depuis, de se bousculer dans l'étroit cimetière basaltique, lors d'un fervent ballet qui ne manquerait pas d'agacer le discret compagnon des petites routes et des pensées rebelles.
   C'était en mars dernier, entre les deux tours d'une élection que les "bonnes gens"  boudèrent en une obstination inversement proportionnelle à celle qu'ils insufflèrent dans leur "au revoir" au chantre de La Montagne. Et voici donc qu'un semestre plus tard disparaît Claude Chabrol, sous un concert de louanges et face une émotion, certes pas tout à fait de la dimension de la précédente, mais néanmoins étonnante par son impact à la fois médiatique et intimiste.
   Holà, que se passe-t-il donc pour qu'un pays peu réputé pour aimer ses artistes - c'est un euphémisme - manifeste ainsi, coup sur coup, sa sympathie et son chagrin? Un tel engouement se justifie évidemment, au-delà de la force des couplets ou des films des deux créateurs, par la somme d'admiration et de proximité qu'ils inspiraient, chacun de son côté. Le premier par son insolente tendresse et ses engagements jamais feints. Le second par son observation espiègle et grinçante de la société. Mais sans doute faut-il voir également, dans ces effets conjugués de complicité populaire, des éléments d'ordre plus circonstantiels. L'interprète de Ma Môme et le cinéaste du Boucher, dans des registres répétons-le fort différents, n'en incarnaient pas moins l'un et l'autre, y compris sans doute jusque dans les propres limites de certaines de leurs oeuvres, une honnêteté, un goût du travail bien fait, un attachement à la mémoire et un indéfectible respect des individus. Autant de valeurs, faut-il le rappeler, qui font particulièrement défaut en une époque de cynisme roi, de politique dévoyée, de chasse aux minorités ethniques, de charters vrombissant d'indécence sur le tarmac glissant des campagnes électorales...
   Impossible de réécouter une chanson de Ferrat ou de se "repasser" un film de Chabrol sans s'imprégner des bénéfiques célébrations de la patience, de la malice, de la tolérance et de la liberté. Et puis, avons-le, nous ressentions une vraie consolation à les voir l'un et l'autre, moustache frémissante ou pipe en bouche, parler soupes d'autrefois, vins de terroir et pourfendre en se marrant "les cons qui n'arrêtent pas de voler et les autres de les regarder", cela en une époque où la fumée conviviale, le verre entre amis et l'humour décapant tombent sous le coup de la loi, alors que la "bêtise d'Etat" entache le pays du droit de Roms. 
   Entre "ombre faite humaine" et "oeil de Vichy", entre "amour cerise"  et adultères provinciales, Jean Ferrat et Claude Chabrol étaient tous deux, à leur manière, d'Antraigues à Sardent, d'éloquents refrains en travellings suggestifs, inscrits à l'inventaire de nos monuments historiques familiers. Continuons à nous précipiter pour la visite en groupes de leurs battements de coeur, de leurs ricanements, de leurs univers, de leur exemplarité. Alléluia et Moteur! D.P.

   

 La rentrée littéraire,

quelle vacherie!
 Elle est retrouvée. Quoi? La rentrée littéraire qui n'a, avouons-le, pas grand'chose à voir avec l'éternité rimbaldienne. Les libraires transpirent. Les attachées de presse s'enfièvrent. Les chroniqueurs frottent leurs lunettes et affûtent leur sens critique. Un peu partout on compte, on compare, on spécule. Au juste, 701 romans, dont 497 français, ça fait combien de plus, de moins ou de pile poil pareil que l'année dernière qui, elle-même, etc. Drôle de phénomène bien de chez nous que cette espèce de foire d'automne où l'on remplace les bestiaux par des bouquins et les viriles clameurs des enchères par des maquignonnages autour des prix. Palpez un peu cette Nothomb, vous m'en direz des nouvelles. Et le dernier fleuron de la race Houellebecq, visez-moi cette encolure. 
   S'il y en a une qui ne risque pas de s'offusquer de la métaphore bovine, c'est bien Claudie Gallay. La petite femme aux yeux bleu pervenche, propulsée directement de ses terreuses origines nord-iséroises aux "déferlantes" du succès, a écrit son nouvel opus, L'Amour est une île, (Actes Sud), dans sa bergerie du Charolais. Avec des broutards crème meuglant sous sa fenêtre. Avec un ciel pluvieux comme vache qui pisse. La-bas, du côté de La Clayette et de Semur, il y a les prés sans Saint-Germain. Et les éleveurs, qui tordent leurs casquettes à l'heure d'écorner leurs troupeaux, se fichent de l'embouche romanesque comme de la première litière de leur stabulation.
   Ils ne dévoreront ni Despentes, ni Forest, ni Volodine. Ni Linda Lê, ni Adam, ni Claudel. Et encore moins Breat Easton Ellis et J.M. Cootzee. Pas le temps. Propos un brin savants. Bref, un monde qui n'est pas le leur. Claudie, ce n'est pas pareil. Elle est presque d'ici. Elle cause comme l'ultime épicière du coin qui fait dépôt de pain et de journaux. Pas mince, le compliment.
    Cette fois-ci, c'est vrai, elle s'est embarquée du côté du festival d'Avignon l'année de la grève des intermittents. Evidemment, on s'en fiche un peu sur les rives de la Grosne, de la Guye ou du Grison. Mais sûr, la prochaine fois, elle parlera des gens du cru. A commencer, peut-être, par les habitants de Saint-Ythaire. Saint-Ythaire, c'est entre Bonnay et Curtil-sous-Burnand. 122 âmes en colère contre le projet d'implantation de cinq éoliennes. Un super sujet pour l'écrivain qu'on a même aperçue l'autre soir au "Vingt heures" de TF1.
    Les révoltés de Saint-Ythaire? A moins que ce ne soient les Don Quichotte de Bény. Bény, c'est au coeur de la Bresse, de l'autre côté de la Saône. Là, c'est contre la future Ligne à grande vitesse qu'on se mobilise à coups de calicots et de banderoles accrochés aux barrières des fermes et des villas avec, parfois, des slogans en patois: "LGV, to ka t'nallo!" ("LGV, tu n'as qu'à t'en aller"!).
   Des hélices géantes bientôt essaimées dans le paysage si cher jadis aux abbés de Cluny ou des trains fous écrasant prochainement l'AOC des célèbres volailles aux pattes bleues. Fichue alternative, quand on y pense. D'autant plus que, dans ce décor de pseudo-polar rural, on ne discerne pas la moindre librairie à l'horizon. Alors, dites, où c'est qu'on va les trouver, à Saint-Ythaire, à Bény ou ailleurs, les 701 titres annoncés? Houellebecq a raison: il convient de revoir de toute urgence "La carte et le territoire". Ah! quelle vacherie, par ici, la rentrée littéraire. (Fin août 2010). D.P.

 

Quelques nouvelles de par ici
 
 
    Je vais vous donner un peu des nouvelles de par ici. C'est où par ici? C'est chez moi. Enfin, je veux dire pas loin. A la rigueur juste à côté. Le décor, vous le connaissez. Il y a un village avec son clocher vaguement roman. Le presbytère transformé en gîte rural. L'épicerie où l'on vend des caramels pour les gosses et des asticots pour la pêche. Le calme règne jusqu'au milieu de l'après-midi. C'est à ce moment-là que les tracteurs ramènent les voitures de foin dans les fermes. Les travaux agricoles, cette année, quelle galère: on est passé directement de l'hiver du mois de mai à la canicule du solstice! Vers dix-huit heures, dix-huit heure trente, les gosses font des pirouettes à bécane et les ados, sur la placette, gloussent dans leurs téléphones portables sans jamais déclarer forfait. Ensuite, le boulodrome de fortune prend  doucement des allures de petit G20 provincial.
    Imperturbable, l'employé municipal arrose les fleurs. Ou ce qu'il en reste. Le week-end dernier, des dadais en goguette ont piétiné les terre-pleins. "Saloperie de désoeuvrés!" maugrée Jean en lisant l'entrefilet dans la chronique locale. Jean, c'est le facteur. Après sa tournée, il aime bien prendre un verre. Le seul café qui n'a pas encore baissé rideau aligne trois tables sur le trottoir. Les autres troquets ont tous fermé. Trop de travaux pour se mettre aux normes. En sirotant son panaché, le préposé s'attarde sur le journal du coin. Les décès, les mariages, les naissances, les accidents... Il lit aussi le billet, en haut à gauche de la page 2. Il y a même la photo du chroniqueur qui tient un bouquin dans ses mains. En regardant de près, on découvre le titre et l'auteur. C'est Après beaucoup d'années de Philippe Jaccottet.
    Jaccottet est un immense poète qui vit dans les parages. Mais personne ne le connaît vraiment. Jean s'en fiche. Lui, ce qu'il recherche dans son canard, ce sont les infos pratiques. Ou les échos du conseil municipal. L'annonce des fêtes d'été. Les vide-greniers des alentours. Mais à la Une, il y a cette photo. Un ministre et sa femme "dans la tourmente". Eric et Florence Woerth, ils s'appellent. Pierrot, le patron du café, qui vient faire un brin de causette à Jean, prononce ce nom à sa façon. Il dit "Voerte" et ça sonne un peu comme un hommage aux absinthes verlainiennes d'autrefois. "Tous pareils, hein, y'en a pas un pour racheter l'autre!". Jean, le regard rivé aux résultats du "Mondial" de foot et au classement général du Tour de France, ne répond rien. Ou alors il fait "hum hum" et bien malin qui pourrait comprendre si c'est une approbation ou l'inverse. 
  Rien ne bouge, ou presque. Il y a juste un soupçon d'électricité dans l'air. La grêle est annoncée pour le soir mais, c'est bien connu, "à la météo, ils se trompent tout le temps...". N'empêche, il faut hâter la fenaison. Demain à l'aube, les fourches hydrauliques des colossaux Renault ou John Deere payés à crédit planteront leurs dents dans ces rouleaux herbeux qui, au mitan des parcelles de la PAC, ressemblent aux chignons lavande des aïeules de ce "pays". Ce "pays" qui pleure et qui rit, qui meurt et qui vit. Ce "pays" qui attend les touristes. Ce "pays" en jachère où, dans les villas des lotissements en extension, Internet remplace désormais l'épicier qui faisait jadis sa tournée en klaxonnant à travers des hameaux pleins de vieux taiseux et de chiens tout en gueule. 
  Voilà, ça se passe par ici un jour brûlant de juillet. Plus tard, peut-être, je vous donnerai des nouvelles de par là-bas. C'est où par là-bas? C'est du côté de par ici. Si jamais, un de ces quatre, vous avez l'occasion, arrêtez vous quelques instants, on parlera un peu de Jaccottet. "Faites passer, disait la terre elle-même, ce matin-là, de sa voix qui n'en est pas une. Mais quoi encore? Quelle consigne?" (Juillet 2010). D.P.
 

    

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