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5 août 2017 6 05 /08 /août /2017 07:53
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3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 23:45

   Jupiter et Mercure. Il sera donc dit que deux forces suprêmes dominent la France de ce mois d'août 2017. Jupiter, on le sait, c'est Emmanuel Macron. Un aigle autoproclamé qui, comme, dans le culte romain,  gouverne la terre et le ciel, ainsi que tous les êtres vivants qui s'y trouvent. Et Mercure alors, direz-vous? Mercure, vous l'aurez reconnu, c'est le dieu du thermomètre. Même à l'heure où l'on ne mesure plus guère les températures par ce biais chimique, il n'est en effet question que de lui dans les bulletins météorologiques de l'ère caniculaire que nous traversons.

   Or, cela ne vous aura pas échappé, plus Mercure monte, plus Jupiter descend. Là où le premier atteint les 40, le second tombe au-dessous. Certes, il serait bien hâtif d'en tirer des conclusions mais comment faire taire ceux qui ne peuvent s'empêcher de voir là quelque rapport secret? Si la cote de Jupiter fond au soleil trop brûlant de l'exercice du pouvoir, ce ne peut-être que la faute à Mercure sous le feu estival duquel se consument lentement au mieux les idéaux, au pire les illusions. Décidément, le réchauffement de la planète a des conséquences inattendues. Ce ne sont pas Jupiter et Mercure brûlent d'en découdre. D.P. 

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21 juillet 2017 5 21 /07 /juillet /2017 23:20

   On pensait la polémique entre Macron et l'armée éteinte. C'était aller trop vite en besogne. C'était surtout sans compter avec le sieur Christophe Castaner. Au moment où le président de la République tentait de se rabibocher avec les militaires à Istres, le porte-parole du gouvernement rallumait, lui, une mèche. À ses yeux, le général Pierre de Villiers, "déloyal" s'il en est, a tout simplement "mis en scène sa démission". Pis : en s'exprimant en "off" auprès de quelques journalistes, il s'est comporté en - tenez-vous bien - "poète revendicatif". Bigre! Le propos n'apparaîtra pas seulement méprisant pour l'ex-chef d'État-Major mais aussi - et peut-être surtout - pour bon nombre de nos plus grands écrivains rebelles.  On l'aura compris, pour Castaner, Villiers, c'est "Illuminations"  et compagnie, autant dire moins que rien. Le littéraire Macron appréciera. Et plus encore, on l'imagine, son épouse Brigitte qui, ex-prof de Lettres, œuvra en faveur de ces "zozos". À commencer peut-être par un dénommé Rimbaud dont on s'amusera, soit dit en passant, à rappeler ces vers bien connus : "Ceux qui disent : Cré nom, ceux qui disent macache, / Soldats, marins, débris d'Empire, retraités / Sont nuls, très nuls..."  D.P.

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15 juillet 2017 6 15 /07 /juillet /2017 22:05
La noria des bombardiers d'eau lors de leur ravitaillement dans le lac de Villeneuve-de-la-Raho, au sud de Perpignan. Photo Bernard Revel

La noria des bombardiers d'eau lors de leur ravitaillement dans le lac de Villeneuve-de-la-Raho, au sud de Perpignan. Photo Bernard Revel

   Qu'est-ce qui est rouge et qui attend? Pour un peu, ils se déclenchaient le jour du 14-Juillet. Mais non, tout de même, un peu de tenue. Ils ont patienté jusqu'au lendemain. Comme pour éviter la bousculade aux infos, les feux pas d'artifice ont fait leur apparition après les autres, après ceux de la Fête. Radical changement de décor. Finie la patrouille de France au-dessus des Champs-Élysées, place aux bombardiers d'eau dans la garrigue. Alerte dans les Pyrénées-Orientales, dans l'Hérault et les Bouches-du-Rhône où les images sont toujours aussi impressionnantes.  Des scènes de panique et de désolation sans cesse recommencées. On dirait que l'été a besoin de ça pour exister, pour dire : voilà, je suis là, c'est allumé. Quelque chose comme un rite initiatique que cette épreuve... du feu.

   Alors bien sûr, les histoires de combustion, c'est anodin quand c'est une métaphore ou un concept. C'est même carrément ludique quand c'est chanté par Johnny ou poétisé par Bachelard. Mais sur le terrain, ou dans cette espèce de retour de flammes qui nous frappe tous au moment des migrations vers le Sud, ce ne peut être que cauchemardesque. Et taraudant. La faute à quoi, à qui? Au réchauffement de la planète, au vent, à l'Homme qui démolit la nature, aux pyromanes? Éternelles questions, presque aussi vieilles que la première étincelle jaillie des silex frottés par nos ancêtres pas encore en marche.  Et le pire, c'est que, depuis le temps, on s'y est fait. Un peu comme si l'on s'était mis dans la tête, que ce serait toujours comme ça. Qu'il était "normal" que les vacances soient placées sous ce signe.  Qu'elles aient, en quelque sorte - pardon de jouer sur les mots en pareil cas - des ratés à l'allumage. D.P.

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11 juillet 2017 2 11 /07 /juillet /2017 23:04
Juge et parti

   On n'"interprète" pas un suicide. Cet appel de la nuit, ce choix définitif du renoncement ne s'accommoderont jamais d'une explication hâtive, même lorsqu'on la croit frappée au coin de l'évidence des vivants. Ceux qui optent pour l'effacement agissent pour des raisons qui n'appartiennent qu'à eux - ou plus exactement qu'à ce qu'ils furent à l'instant fatal - et il y a toujours de l'indécence à vouloir s'en mêler. Et pourtant... Qui, en apprenant hier soir la mort volontaire de Jean-Michel Lambert, aura pu s'empêcher d'y voir le énième rebondissement de ce que l'on désigne depuis si longtemps sous le nom d'"affaire Grégory", laquelle vient justement d'être relancée plus de trente ans après?

   Celui qui mit en prison Christine Villemin n'aura pas supporté ceci, il aura si mal vécu cela... On peut évidemment gloser à l'infini, supputant remords et conscience, énumérant les manquements passés, les forfanteries, les erreurs et, peut-être pire encore, la jeunesse fautive d'un magistrat de province aux allures de lycéen. Tout cela est possible, bien sûr, mais de grâce, un peu de pudeur, pour une fois, ne fera pas de mal dans ce monstrueux dossier qui en manqua tant. Trouver la vérité n'est pas tâche aisée, Jean-Michel Lambert le sut mieux que n'importe qui, alors nous qui ne le sommes pas, gardons-nous plus que jamais en pareil cas d'être... juges. D.P.

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7 juillet 2017 5 07 /07 /juillet /2017 23:03
"On avance on avance..."

   Ainsi donc, si l'on en croit Nicolas Hulot, il n'y aura plus de moteurs thermiques en l'an 2040. Bon, d'accord, ce n'est pas fait mais projetons nous un instant... Fichu tournant. D'abord sur un plan énergético-écologique, évidemment. Mais aussi - et à cela, on a moins songé, semble-t-il - d'un point de vue qu'on pourrait qualifier de sémantique. Imagine-t-on devoir se défaire un jour de tout un vocabulaire lié au vrombissant domaine de la sacro-sainte bagnole où "faire le plein"  est une sorte de métaphore nourricière aussi bien que "carburer"  peut désigner un surcroît d'activité?

   Sans parler de tout le reste. Tout ce qui, d'un seul coup, basculera dans une antiquité impromptue. Si la fameuse chanson de Sylvie Vartan, où un vieux beau fait le coup de la panne sèche à une gamine, ne risque rien pour cause de désuétude anticipée, les arrêts au "poste d'essence"  dans les polars de la Série noire ou dans romans de Sagan ou de Le Clézio demanderont, eux, une note en bas de page.

   Et le cinéma ne sera pas le moins concerné. Encore un peu plus vintage la fameuse scène du Corniaud à la station-service où Saroyan/De Funès se tasse dans sa voiture pour ne pas être vu par Marécha/Bourvil. Idem l'exhortation de Belmondo exigeant du garagiste affairé autour de la 404 bordeaux de Pierrot Le Fou un "tigre dans son moteur". Mystérieux ce seul mot sur l'affiche du vieux film en noir et blanc de Gilles Grangier (avec Gabin et Moreau) intitulé Gas-oil... Liste non limitative, on l'aura compris.

   Nicolas Hulot a-t-il pensé à ça? À ce grand chambardement "culturel" qui fera qu'un jour peut-être ce sera aux sociologues d'expliquer aux générations nouvelles en quoi consistait le job de nuit de Coluche dans Tchao Pantin. Et puis, tiens, en attendant, mine de rien, c'est peut-être Alain Souchon qui, sans le vouloir, a dit ce qu'il fallait là-dessus : "On avance on avance on avance / C'est une évidence / On n'a pas assez d'essence / pour faire la route dans l'autre sens..."D.P.

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9 juin 2017 5 09 /06 /juin /2017 21:56
Il est libre, Mathias

   C'est le genre d'info qui fait chaud au cœur à quelques jours de l'été et à J - 5 du bac philo où il est si souvent question de Liberté dans les sujets. Celle de Mathias Depardon n'est, elle, pas qu'un concept à soupeser. Elle est un sourire dans l'actu, elle luit comme les cerises dans les vergers, elle fait soudain battre les cœurs plus fort que les "ploc ploc"  des balles de Roland-Garros.

   La bonne nouvelle est tombée ce vendredi après-midi. Le photographe qui préparait un reportage sur le Tigre et l'Euphrate pour National Geographic a enfin pu quitter la geôle turque où il croupissait depuis un mois. La joie de Christophe Deloire, le secrétaire général de Reporters sans frontières annonçant la présence de l'ex-détenu à bord d'un avion volant de Gaziantep à Istanbul, avant son retour annoncé à Paris dans la soirée, a aussitôt été partagée sans modération. La visite, la veille, de sa mère, dans sa prison anatolienne, avait ému. Et même si tout le monde ne savait pas encore qui il était - quand on ne le confondait pas avec Raymond, son illustre aîné, simple homonyme -, l'annonce de la fin de son calvaire est un soulagement pour tous.

   Ainsi donc Mathias est de retour de ces contrées des confins de l'Europe où il n'y a pas si longtemps encore on se plaisait à passer des vacances sur les plages d'Izmir ou d'Antalya, entre deux escapades vers les sites mythiques d'Éphèse ou d'Aspendos. Reverrons-nous un jour ces paysages? Mathias Depardon, lui, retournera au pays d'Erdogan. Du moins, nous l'espérons. Pour l'instant, nous attendons ses images, nous autres désormais voyageurs par procuration. En saluant bien haut sa liberté retrouvée. Il se trouve, n'en déplaise à ceux qui souhaitaient la lui voler, que c'est aussi la nôtre. D.P. 

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3 juin 2017 6 03 /06 /juin /2017 21:38
 
À quoi mesure-t-on la véritable entrée en fonction d'un chef de l'État? Mais à son premier couac, bien sûr. La claquante onomatopée synonyme de bourde est en effet devenue, depuis belle lurette, l'unité de mesure de la désormais si scrutée posture présidentielle. Chirac n'était pas mauvais en la matière. Sarkozy excellait. Quant à Hollande, on aurait juré qu'il s'efforçait de faillir le moins possible à son railleur surnom de "Monsieur petites blagues".
   Et Macron, alors? Le fringant impétrant, incarnation même du renouveau, allait-il rompre avec la petite phrase de trop sur quoi se jettent des réseaux sociaux de plus en plus avides de transformer une bévue de quatre sous en ricanement mondialisé? On avait pu/voulu le croire, et puis non, semble-t-il. Voilà que, depuis quelques heures, il est à son tour largement moqué. Victime, comme ses prédécesseurs, d'un trait d'humour qui ne fait rire que lui-même.
  C'était il y a peu  au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage atlantique d'Étel, dans le Morbihan. La conversation maritime ne tanguait pas jusqu'à ce que, pof!, le chef des Armées s'embarque dans une plaisanterie sur les kwassas-kwassas. C'est quoi ça, les kwassas-kwassas? Ce sont les petits canots notamment utilisés honteusement par les passeurs de part et d'autre du canal de Mozambique. Se souvenant tout à coup qu'il était en Bretagne, Emmanuel Macron se reprend : "Ah non, c’est à Mayotte les kwassas-kwassas", avant d'ajouter : "Mais le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien!".
   Et bing, voilà le couac. Ou supposé tel. Parce qu'enfin quoi, si ce n'est évidemment pas très fut' fut' de dériver sur un sujet aux résonances aussi dramatiques, précisons tout de même que tout cela n'a duré qu'un instant. Suffisant, direz-vous, pour faire d'un bon mot un mauvais dont l'intéressé s'est, du reste, tout de suite excusé. Probablement. Mais cette allusion, pour maladroite qu'elle fût, méritait-elle le flot d'indignation d'une Nadine Morano - pour ne citer qu'elle - et une évocation aux journaux télévisés du soir avant le sujet sur Trump et le climat? Bon, bon, calmons-nous, mieux vaut sans doute ne s'étonner de rien. Et surtout ne pas s'interroger sur la hiérarchie de l'information. Quoique...  D.P.
 
 
 
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6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 22:46
C'est drôle, une soirée électorale

C'est drôle, quand on y pense, une soirée électorale. Ça commence généralement vers les dix-sept ou dix-huit heures. On parle encore d'autre chose, on fait comme si de rien n'était, mais on se dit que c'est pour bientôt. Qu'il va falloir être prêt. Prêt à s'asseoir tous ensemble devant la télévision, ce qui ne nous arrive plus guère. On est allé voter avant le déjeuner, ou juste après. On a échangé quelques mots avec les voisins. Parlé de la pluie et du beau temps mais surtout de la pluie. Ah! ce mois de mai pourri. Le jardin qui ne ressemble à rien. Les pêchers qui ont gelé. On a dîné un peu plus tôt que d'habitude. On est étrangement disponibles. Pas de météo marine ni de Masque et la plume  au studio Charles-Trenet de la Maison de la Radio. Non, juste une attente.

   Voilà, c'est ça, on attend. Avec cette nervosité mâtinée de crainte ou d'allégresse qui nous fait soudainement songer que tout est possible, y compris - c'est parfois le cas - lorsqu'il n'y a pas vraiment de surprise possible. Un peu comme un gosse qui a cru deviner la nature de son cadeau à la forme du paquet mal caché et qui se demande pourtant ce qu'on va lui offrir. Et puis vient l'heure fatidique. 4, 3, 2, 1... On se croirait à un lancement de fusée à Kourou. Et c'est là, dans la théâtralisation d'un instantané pixelisé, qu'un visage apparaît sur l'écran. Un visage qu'on a forcément beaucoup vu préalablement mais qui tout à coup semble nouveau. Il était multiple, le voilà tout seul. Il était affiche, le voilà icône..

   On n'éteint pas le poste avant longtemps. On regarde les courbes et les invités. On écoute les commentaires et les déclarations. "Pardon, je vous interromps, priorité au direct..." On sourit, on soupire, on monte un peu le son, on zappe, on s'autorise un cognac, on re-zappe, on reprend de la tisane. On vit "un moment historique". Le présentateur répète plusieurs fois la formule. On ne sait pas s'il a raison.  C'est un précipité de République sous l'œil pressé des caméras. C'est une  mythologie de Barthes happée par l'audimat. C'est un ersatz de Mai 81 et son miroir mité. C'est cinq ans à venir qui se croient éternels.

    C'est drôle, oui, vraiment, quand on y pense, une soirée électorale. D.P.

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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 23:36
Le rire de l'ogresse

On connaissait L'Homme qui rit de Victor Hugo. Hier soir, nous avons découvert la femme qui rit version Le Pen. Dans son choc frontal avec son rival, la candidate de l'extrême droite n'a cessé, en effet, de décliner toutes les expressions de ce registre. Gloussant, pouffant, persiflant à gorge déployée, on aura davantage vu ses dents que le fond de sa pensée. Certes, cette stratégie de la déstabilisation de l'adversaire par le jeu des zygomatiques n'est pas nouvelle chez elle et une telle attitude peut s'avérer efficace en certains cas. Mais lors d'un débat auquel on prête des vertus décisives pour le choix de la personne qui incarnera le pouvoir suprême, ce fut exactement l'inverse. Face à un Emmanuel Macron beaucoup plus posé, elle lui a finalement servi sur un plateau - c'est le cas de le dire - la stature présidentielle qu'il avait parfois du mal à affirmer lui-même jusque-là. On regrettera évidemment la dépréciation des vrais débats du fait de la ricanante et bassement insinuante agressivité permanente d'une ogresse contraignant son adversaire à se tenir sur une défensive a contrario la plus mesurée possible. Marine Le Pen s'est prise à son propre piège. Emmanuel Macron, lui, peut sourire. D.P. 

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Présentation

  • : Le blog de Didier Pobel
  • : L'usage des jours (livres, poésie, voyages, journal, impressions...)
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Texte Libre

Ces révolutions que

nous n'avons pas vu venir

   De retour à Bény, en ce bel hiver de givre, je relis cette carte postale que mon père garde, avec celles des étés précédents, sur le buffet de la cuisine. "Sous le ciel encore chaud de la Tunisie, nous pensons bien à toi. Ici, on ne se croirait pas à la veille de la Toussaint. À bientôt. On t'embrasse". Des mots tout simples, écrits comme toujours à la hâte, au moment de reprendre l'avion. 

   C'était à peine trois mois plus tôt. Du Cap Bon où nous faisions halte, nous avions effectué de cahotants trajets à travers le pays. Le Temple des eaux au pied du djebel Zaghouan. Le site romain de Dougga, pur poème de pierre, de vent et d'oliviers, où Abdallah, notre guide, nous avait imposé une visite pour le moins exhaustive. Les villages poussiéreux où la population s'ennuie sous les palmiers flétris. Les charrettes, les bourricots, les antiques mobylettes. La pauvreté, la dignité et, pensions-nous, la résignation.

     La résignation? Eh oui, même lorsqu'on est le témoin d'un régime sans ambiguïtés, il n'est pas toujours si simple de pressentir l'histoire en marche. Avec le recul, pourtant, il y avait eu des scènes éloquentes. Ces barrages de police un peu partout, justifiés alors par un enlèvement d'enfant. Ce jeune diplômé quêtant quelques dinars dans les majestueuses ruines de Thuburbo Majus et qui se cachait pour aborder les "nantis" que nous étions à ses yeux. Un feu couvait en lui, c'est sûr. Il n'aurait peut-être pas fallu grand-chose pour qu'il parle. Mais nous étions pressés, comme souvent.

     Et, disons-le aussi, la méfiance nous gagnait. Un soir, du côté de la cité viticole de Grombalia, un 4X4 aux vitres fumées avait rattrapé notre "Symbol" de location. Une impression se confirmait: nous étions suivis. Sans doute vaut-il mieux ne pas écrire "journaliste" à la rubrique "profession" sur les fiches de douanes à l'arrivée lorsque, quelques mois plus tôt, on a utilisé le mot "dictature" pour rendre compte de la dernière parodie de réélection présidentielle au palais de Carthage.

     Les touristes européens flânaient dans les souks. Les cornes de gazelles étaient sucrées, le vin gris de Mornag montait à la tête, octobre avait de superbes rousseurs de désert et la tiédeur des plages invitait à fermer à demi les yeux. Que voulez-vous, c'est comme ça: exportées sur place, les plus solides notions de droits de l'homme se dissolvent parfois dans le bleu de la mer...

     Pour notre part, nous aurions dû prêter davantage attention aux ardents regards noirs de toute une jeunesse rivés aux téléphones portables. La "génération Ben Ali dégage!" préparait, dans la retenue, le grand soir arabe. Le fantoche président de fer était encore omniprésent. Piètre sosie d'un acteur de série B aux cheveux teints, posant, la main sur le cœur à chaque coin de rue, dans chaque lieu public, à côté des pubs pour les biscuits "Tigato" et pour les firmes corrompues se partageant le gâteau.

     Et voilà. Maintenant nous sommes au début 2011. Dans l'odeur du jasmin et de la poudre, dans le bruit des youyous et des balles, la Tunisie a fait sa "Révolution Facebook". Bonheur de découvrir ces incroyables images à la télévision qui en rappellent d'autres. À Berlin non plus, nous n'avions rien vu venir en novembre 1989. Pas plus qu'à Bucarest le mois suivant. Pas plus qu'au Caire ces dernières semaines...

     Nous parlons de tout cela, ce soir, dans cette ferme de Bresse où, depuis plus de trois ans, mon père veille seul avec son chien et ses cartes postales. Celle-ci, un peu plus ancienne, a été postée de Louxor: "Le printemps égyptien est doux. De part et d'autre du Nil, des merveilles nous attendent. À bientôt. On t'embrasse". Tout à l'heure, il nous rappellera comment lui aussi a retrouvé un jour la liberté. C'était en janvier 1945. L'armée russe avançait. Les portes du stalag de Silésie où il venait de passer plus de cinq ans s'ouvraient. Il allait encore mettre plus de quatre mois pour traverser, à pied et la faim au ventre, un no man's land de charniers, de ruines et de spectres hagards.

     Mais ceci est une autre histoire, direz-vous. Bien sûr. N'empêche, la Liberté, d'où qu'elle vienne, d'où qu'elle revienne, est la même. Au Nord ou à l'Est hier. Au Sud aujourd'hui. Dans nos sursauts collectifs. Dans nos émois partagés. Par l'étroite fenêtre aussi, parfois, de nos petites perceptions occidentales. D.P.

(Cette chronique a été publiée

dans l'hebdomadaire "Voix de l'Ain",

n° 3433, semaine du 11 au 18 février 2011). 

  

La carte de la gloire,

le territoire de l'oubli

   Le triomphe de Michel Houellebecq nous réjouit. Nous fûmes suffisamment déçus par ses échecs au Goncourt en 1998, avec Les Particules élémentaires, et en 2005, avec La Possibilité d'une île, pour ne pas nous féliciter de sa victoire, lundi dernier, à la troisième "tentative". Et cela d'autant plus que La Carte et le territoire (Flammarion) est un roman, à la fois désenchanté et jubilatoire, qui s'inscrit à merveille dans l'air du temps de ce mois de novembre 2010 où, sous la résignation apparente, se profile une très énergique "extension du domaine de la lutte".
   Le lendemain du prix, nous écoutions l'"heureux"  lauréat, sur France Inter, exhorter les auditeurs à ne jamais baisser les bras. "Ne vous laissez pas emmerder, soyez libres!", clamait-il. Magnifique, Michel! comme dirait Drucker qui ne va sans doute pas tarder à programmer un"Vivement dimanche"  houellebecquien. Il faut dire que ce matin-là, le malicieux écrivain à la paupière lasse comme ses anoraks réussissait une sacrée performance. Il volait carrément la vedette au général de Gaulle dont on célébrait pourtant, un peu partout ailleurs, le quarantième anniversaire de la disparition. Et lorsque l'invité déclara un brin péremptoire: "On n'a pas de devoirs envers son pays, on est des individus, c'est tout!", on a bien cru entendre, en bruit de fond radiophonique, le héros de Colombey se retourner dans sa tombe, pour autant que sa gigantesque stature posthume le lui en laissait le loisir.
   Tant pis pour "l'homme du 18 juin", c'est celui du 8 novembre qui était ici à l'honneur! La gloire est ainsi faite. L'enthousiasme du moment peut balayer d'un insolent revers de manche de parka fripée la majestuosité d'un uniforme. Voilà bien à quoi nous songions en écoutant ce drôle de fan de Jean-Pierre Pernaud et de Julien Lepers nous rappeler que "la France est un hôtel, pas plus".
   Injustice? Affaire de circonstances, c'est tout, évitons les grands mots. D'ailleurs, s'il y en a un qui est déjà rompu aux fatals soubresauts de la renommée, c'est à l'évidence Michel Houellebecq lui-même. "C'est curieux comme les choses changent..." fait-il dire au père de son double, à la page 217 de son opus désormais ceint de la prestigieuse bande rouge. Oui, les choses changent vite et bien malin qui pourrait évaluer la durée du rayonnement de celui qui, il n'y a pas si longtemps encore, était conspué à l'unanimité, ou presque.
   Comment pouvait-on, dans un contexte analogue, ne pas penser, au moment de l'attribution du prix, à un lauréat précédent qui vient de disparaître dans une assez scandaleuse indifférence? Lorsqu'il fut sacré, en 1968, pour Les Fruits de l'hiver, lui aussi capta tous les regards. Lui aussi éclipsa momentanément de Gaulle, avant que la chienlit ne déferle. Lui aussi fit des déclarations brutes de décoffrage. Lui aussi pesta contre les travers de la société du moment. Lui aussi réhabilita l'âme des provinces et des bourgades. Lui aussi fut traité de populiste. Lui aussi aimait les chiens. Lui aussi lorgnait vers l'Irlande. Lui? Il s'appelait Bernard Clavel et il a signé plus de quatre-vingts ouvrages dévorés, loin des chapelles, sinon celles du Jura aux toits de pierre et de bois, par des millions de gens.
  Comprenons-nous bien: il ne s'agit pas de comparer les mérites respectifs du "dépressif" du Gâtinais et du bûcheron franc-comtois. Leurs oeuvres, pas plus que leurs démarches, leurs postures et leurs convictions - quoi que... - n'offrent de vraies similitudes. Qu'on nous permette simplement d'y mieux mesurer, parfois jusqu'au vertige, l'indécent grand écart auquel sont soumises, au fil des ans, ces notions floues que sont, en art, le goût et la reconnaissance, l'emballement et la postérité, le lâchage et la fidélité.
   Allez, terminons par une hypothèse. Et si, un de ces quatre, Michel Houellebecq rédigeait un vibrant éloge de Bernard Clavel? Dans La Carte et le territoire, il rend bien un hommage aussi inattendu sous sa plume que mérité pour l'intéressé, à un autre laissé-pour-compte de l'ingrat monde des Lettres: Jean-Louis Curtis (1917-1995). Curtis avait lui aussi obtenu le Goncourt. C'était en 1947 pour Les Forêts de la nuit. Ces forêts où il rôde aujourd'hui, si loin des splendeurs de chez Drouant, avec Clavel et tant d'autres, avant que l'histoire littéraire ne rende son jugement dernier. Au minimum dans un siècle ou deux, "particules élémentaires" comprises. D.P.
(Cette chronique a été publiée,

dans une version légèrement modifiée,

dans l'hebdomadaire "Voix du Jura",

n° 3452, semaine du 20 au 26 janvier 2011). 

 

Ferrat, Chabrol:

l'émotion consolatrice
   Drôles d'hommages, quand on y pense. Il y a quelques mois, la France, larme printanière à l'oeil et lyrisme aragonien aux lèvres, n'en finissait plus de saluer Jean Ferrat. La télévision nationale, on s'en souvient, n'hésita pas à retransmettre en direct les obsèques de l'"échappé"  ardéchois, un peu à la façon d'une étape de la "Grande boucle" dans un col cévenol. Et les foules bigarrées ne cessent, depuis, de se bousculer dans l'étroit cimetière basaltique, lors d'un fervent ballet qui ne manquerait pas d'agacer le discret compagnon des petites routes et des pensées rebelles.
   C'était en mars dernier, entre les deux tours d'une élection que les "bonnes gens"  boudèrent en une obstination inversement proportionnelle à celle qu'ils insufflèrent dans leur "au revoir" au chantre de La Montagne. Et voici donc qu'un semestre plus tard disparaît Claude Chabrol, sous un concert de louanges et face une émotion, certes pas tout à fait de la dimension de la précédente, mais néanmoins étonnante par son impact à la fois médiatique et intimiste.
   Holà, que se passe-t-il donc pour qu'un pays peu réputé pour aimer ses artistes - c'est un euphémisme - manifeste ainsi, coup sur coup, sa sympathie et son chagrin? Un tel engouement se justifie évidemment, au-delà de la force des couplets ou des films des deux créateurs, par la somme d'admiration et de proximité qu'ils inspiraient, chacun de son côté. Le premier par son insolente tendresse et ses engagements jamais feints. Le second par son observation espiègle et grinçante de la société. Mais sans doute faut-il voir également, dans ces effets conjugués de complicité populaire, des éléments d'ordre plus circonstantiels. L'interprète de Ma Môme et le cinéaste du Boucher, dans des registres répétons-le fort différents, n'en incarnaient pas moins l'un et l'autre, y compris sans doute jusque dans les propres limites de certaines de leurs oeuvres, une honnêteté, un goût du travail bien fait, un attachement à la mémoire et un indéfectible respect des individus. Autant de valeurs, faut-il le rappeler, qui font particulièrement défaut en une époque de cynisme roi, de politique dévoyée, de chasse aux minorités ethniques, de charters vrombissant d'indécence sur le tarmac glissant des campagnes électorales...
   Impossible de réécouter une chanson de Ferrat ou de se "repasser" un film de Chabrol sans s'imprégner des bénéfiques célébrations de la patience, de la malice, de la tolérance et de la liberté. Et puis, avons-le, nous ressentions une vraie consolation à les voir l'un et l'autre, moustache frémissante ou pipe en bouche, parler soupes d'autrefois, vins de terroir et pourfendre en se marrant "les cons qui n'arrêtent pas de voler et les autres de les regarder", cela en une époque où la fumée conviviale, le verre entre amis et l'humour décapant tombent sous le coup de la loi, alors que la "bêtise d'Etat" entache le pays du droit de Roms. 
   Entre "ombre faite humaine" et "oeil de Vichy", entre "amour cerise"  et adultères provinciales, Jean Ferrat et Claude Chabrol étaient tous deux, à leur manière, d'Antraigues à Sardent, d'éloquents refrains en travellings suggestifs, inscrits à l'inventaire de nos monuments historiques familiers. Continuons à nous précipiter pour la visite en groupes de leurs battements de coeur, de leurs ricanements, de leurs univers, de leur exemplarité. Alléluia et Moteur! D.P.

   

 La rentrée littéraire,

quelle vacherie!
 Elle est retrouvée. Quoi? La rentrée littéraire qui n'a, avouons-le, pas grand'chose à voir avec l'éternité rimbaldienne. Les libraires transpirent. Les attachées de presse s'enfièvrent. Les chroniqueurs frottent leurs lunettes et affûtent leur sens critique. Un peu partout on compte, on compare, on spécule. Au juste, 701 romans, dont 497 français, ça fait combien de plus, de moins ou de pile poil pareil que l'année dernière qui, elle-même, etc. Drôle de phénomène bien de chez nous que cette espèce de foire d'automne où l'on remplace les bestiaux par des bouquins et les viriles clameurs des enchères par des maquignonnages autour des prix. Palpez un peu cette Nothomb, vous m'en direz des nouvelles. Et le dernier fleuron de la race Houellebecq, visez-moi cette encolure. 
   S'il y en a une qui ne risque pas de s'offusquer de la métaphore bovine, c'est bien Claudie Gallay. La petite femme aux yeux bleu pervenche, propulsée directement de ses terreuses origines nord-iséroises aux "déferlantes" du succès, a écrit son nouvel opus, L'Amour est une île, (Actes Sud), dans sa bergerie du Charolais. Avec des broutards crème meuglant sous sa fenêtre. Avec un ciel pluvieux comme vache qui pisse. La-bas, du côté de La Clayette et de Semur, il y a les prés sans Saint-Germain. Et les éleveurs, qui tordent leurs casquettes à l'heure d'écorner leurs troupeaux, se fichent de l'embouche romanesque comme de la première litière de leur stabulation.
   Ils ne dévoreront ni Despentes, ni Forest, ni Volodine. Ni Linda Lê, ni Adam, ni Claudel. Et encore moins Breat Easton Ellis et J.M. Cootzee. Pas le temps. Propos un brin savants. Bref, un monde qui n'est pas le leur. Claudie, ce n'est pas pareil. Elle est presque d'ici. Elle cause comme l'ultime épicière du coin qui fait dépôt de pain et de journaux. Pas mince, le compliment.
    Cette fois-ci, c'est vrai, elle s'est embarquée du côté du festival d'Avignon l'année de la grève des intermittents. Evidemment, on s'en fiche un peu sur les rives de la Grosne, de la Guye ou du Grison. Mais sûr, la prochaine fois, elle parlera des gens du cru. A commencer, peut-être, par les habitants de Saint-Ythaire. Saint-Ythaire, c'est entre Bonnay et Curtil-sous-Burnand. 122 âmes en colère contre le projet d'implantation de cinq éoliennes. Un super sujet pour l'écrivain qu'on a même aperçue l'autre soir au "Vingt heures" de TF1.
    Les révoltés de Saint-Ythaire? A moins que ce ne soient les Don Quichotte de Bény. Bény, c'est au coeur de la Bresse, de l'autre côté de la Saône. Là, c'est contre la future Ligne à grande vitesse qu'on se mobilise à coups de calicots et de banderoles accrochés aux barrières des fermes et des villas avec, parfois, des slogans en patois: "LGV, to ka t'nallo!" ("LGV, tu n'as qu'à t'en aller"!).
   Des hélices géantes bientôt essaimées dans le paysage si cher jadis aux abbés de Cluny ou des trains fous écrasant prochainement l'AOC des célèbres volailles aux pattes bleues. Fichue alternative, quand on y pense. D'autant plus que, dans ce décor de pseudo-polar rural, on ne discerne pas la moindre librairie à l'horizon. Alors, dites, où c'est qu'on va les trouver, à Saint-Ythaire, à Bény ou ailleurs, les 701 titres annoncés? Houellebecq a raison: il convient de revoir de toute urgence "La carte et le territoire". Ah! quelle vacherie, par ici, la rentrée littéraire. (Fin août 2010). D.P.

 

Quelques nouvelles de par ici
 
 
    Je vais vous donner un peu des nouvelles de par ici. C'est où par ici? C'est chez moi. Enfin, je veux dire pas loin. A la rigueur juste à côté. Le décor, vous le connaissez. Il y a un village avec son clocher vaguement roman. Le presbytère transformé en gîte rural. L'épicerie où l'on vend des caramels pour les gosses et des asticots pour la pêche. Le calme règne jusqu'au milieu de l'après-midi. C'est à ce moment-là que les tracteurs ramènent les voitures de foin dans les fermes. Les travaux agricoles, cette année, quelle galère: on est passé directement de l'hiver du mois de mai à la canicule du solstice! Vers dix-huit heures, dix-huit heure trente, les gosses font des pirouettes à bécane et les ados, sur la placette, gloussent dans leurs téléphones portables sans jamais déclarer forfait. Ensuite, le boulodrome de fortune prend  doucement des allures de petit G20 provincial.
    Imperturbable, l'employé municipal arrose les fleurs. Ou ce qu'il en reste. Le week-end dernier, des dadais en goguette ont piétiné les terre-pleins. "Saloperie de désoeuvrés!" maugrée Jean en lisant l'entrefilet dans la chronique locale. Jean, c'est le facteur. Après sa tournée, il aime bien prendre un verre. Le seul café qui n'a pas encore baissé rideau aligne trois tables sur le trottoir. Les autres troquets ont tous fermé. Trop de travaux pour se mettre aux normes. En sirotant son panaché, le préposé s'attarde sur le journal du coin. Les décès, les mariages, les naissances, les accidents... Il lit aussi le billet, en haut à gauche de la page 2. Il y a même la photo du chroniqueur qui tient un bouquin dans ses mains. En regardant de près, on découvre le titre et l'auteur. C'est Après beaucoup d'années de Philippe Jaccottet.
    Jaccottet est un immense poète qui vit dans les parages. Mais personne ne le connaît vraiment. Jean s'en fiche. Lui, ce qu'il recherche dans son canard, ce sont les infos pratiques. Ou les échos du conseil municipal. L'annonce des fêtes d'été. Les vide-greniers des alentours. Mais à la Une, il y a cette photo. Un ministre et sa femme "dans la tourmente". Eric et Florence Woerth, ils s'appellent. Pierrot, le patron du café, qui vient faire un brin de causette à Jean, prononce ce nom à sa façon. Il dit "Voerte" et ça sonne un peu comme un hommage aux absinthes verlainiennes d'autrefois. "Tous pareils, hein, y'en a pas un pour racheter l'autre!". Jean, le regard rivé aux résultats du "Mondial" de foot et au classement général du Tour de France, ne répond rien. Ou alors il fait "hum hum" et bien malin qui pourrait comprendre si c'est une approbation ou l'inverse. 
  Rien ne bouge, ou presque. Il y a juste un soupçon d'électricité dans l'air. La grêle est annoncée pour le soir mais, c'est bien connu, "à la météo, ils se trompent tout le temps...". N'empêche, il faut hâter la fenaison. Demain à l'aube, les fourches hydrauliques des colossaux Renault ou John Deere payés à crédit planteront leurs dents dans ces rouleaux herbeux qui, au mitan des parcelles de la PAC, ressemblent aux chignons lavande des aïeules de ce "pays". Ce "pays" qui pleure et qui rit, qui meurt et qui vit. Ce "pays" qui attend les touristes. Ce "pays" en jachère où, dans les villas des lotissements en extension, Internet remplace désormais l'épicier qui faisait jadis sa tournée en klaxonnant à travers des hameaux pleins de vieux taiseux et de chiens tout en gueule. 
  Voilà, ça se passe par ici un jour brûlant de juillet. Plus tard, peut-être, je vous donnerai des nouvelles de par là-bas. C'est où par là-bas? C'est du côté de par ici. Si jamais, un de ces quatre, vous avez l'occasion, arrêtez vous quelques instants, on parlera un peu de Jaccottet. "Faites passer, disait la terre elle-même, ce matin-là, de sa voix qui n'en est pas une. Mais quoi encore? Quelle consigne?" (Juillet 2010). D.P.
 

    

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