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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 22:03

   Le jour d'après fut donc un dimanche. Ciel grisailleux, 6 ou 7 petits degrés, odeur de poudre et de fumée. La veille, tout a basculé. Au lendemain des scènes de guerre qui ont fait plus de quatre-vingts morts, l'opposante Ioula Timochenko a recouvré la liberté et Viktor Ianoukovitch a été destitué. Où est-il, dès lors? Là. Ailleurs. Peut-être nulle part. Petite fugue en lâche majeur. Sauve-qui-peut avec corruption en bandoulière.  A Kiev, après le champ de bataille, le Maïdan s'est transformé en une sorte d'immense oratoire païen ou non, par-delà les vestiges de barricades calcinées. On y est venu en larmes, en colère, en famille, se recueillir devant les portraits des "héros"  assassinés. Bouquets, îcones,"âmes envolées des combattants", chapelets blancs dans les arbres de la place de l'Indépendance ou de la rue Instituska qui fut un peu plus tôt un vaste tombeau à ciel ouvert.

  Et ces scènes de ferveur massive, de chagrin collectif et de rage mêlés en rappelaient évidemment d'autres. Surtout lorsque, tout à coup, les palaces des tyrans déchus s'ouvrent. Avec leur luxe provoquant. Avec leurs folles richesses. L'inatteignable d'hier brutalement à portée de regard et d'indignation. A une heure de la capitale ukrainienne, des milliers de personnes sont allées ce dimanche découvrir la résidence du président en cavale, ses fastes, son parc de 53 hectares avec étang, son manège, sa clinique privée, tout ce dont le peuple, même le plus imaginatif, a du mal à se représenter.

   Evidemment, cela ne change rien à la situation du moment, au flou, à l'incertitude. Cela n'apporte pas la moindre esquisse d'avenir concret, mais ça reste un temps fort. Le symbole de la fin d'un état policier que seules des élections démocratiques - prévues pour le 25 mai - pourront cependant véritablement effacer. On a vu ça - ou cru ça - à Bucarest en 1989, à Bagdad en 2003, à Tunis en 2011...  Oui, ça: soudain, une porte ouverte. Fascinants et taraudants bégaiements de l'histoire en marche les "jours d'après".  D.P.

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22 février 2014 6 22 /02 /février /2014 15:30

   DSCN5592.JPG   Après des mois d'inquiétude et de mobilisation, le dossier des librairies Chapitre.com est clos. Certains ont pu se féliciter que, sur les 57 enseignes initialement menacées, 34 aient pu être reprises, comme c'est notamment le cas de la vénérable maison Arthaud de Grenoble. Reste que 23 ont disparu, parmi lesquelles des institutions comme "Les Volcans"  à Clermont-Ferrand ou l'ex-Flammarion de la place Bellecour à Lyon. Un désardre culturel quoi qu'on en dise. Parmi les sacrifiées, une librairie de Romans, dans la Drôme, où travaillait mon ami Jean-Claude. Puisse mon billet, paru dans Voix de l'Ain du 31 janvier, lui apporter un peu de réconfort. A lui et à tous ses collègues "jetés"  par un fonds de pension américain. D.P.

   (Cliquer sur l'image pour l'agrandir).

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19 février 2014 3 19 /02 /février /2014 22:05

   Jaccottet-1.jpgJaccottet-2.jpgpleiade.jpgC'est un de ces micro-événements qui ne font pas de bruit mais qui aident à vivre. La reconnaissance suprême pour l'un des poètes les plus importants et les plus discrets de son temps. A 88 ans, Philippe Jaccottet entre en ce jeudi 20 février dans la Pléiade, la prestigieuse collection de Gallimard à laquelle bien peu d'écrivains ont eu droit eux aussi de leur vivant. L'heureux élu, inscrit ainsi dans la lignée de Saint-John Perse, de René Char et de Julien Gracq, est un contemplatif qui se méfie plus que tout des envolées lyriques. "Il ne faut ni orner, ni troubler", met-il en garde dans Après beaucoup d'années. La nature est son domaine. Celle de son jardin drômois de Grignan où lui, le Suisse né à Moudon le 30 juin 1925, a trouvé refuge auprès d'Anne-Marie, à qui l'on doit de magnifiques aquarelles, au début des années cinquante, après un bref passage à Paris.

   Sous sa plume précise et témoignant d'une très orientale attention au monde, les violettes ont une âme, tout comme les pivoines et la rose trémière jamais avare d'une "leçon [...] comme en défi à la rouille des feuilles", à plus forte raison lorsque la lampe du Ventoux au couchant les éclaire de biais. Conscient au plus haut point de nos précarités, l'auteur de L'ignorant, de L'Entretien des muses ou de Pensées sous les nuages, aura jalonné sa quête - toute de célébrations, de visions oniriques et de reconnaissances - de recueils dont les seuls titres retracent l'un des plus intimistes parcours rivés à l'universel qui soient. Des Paysages avec figures absentes à La Promenade sous les arbres, en passant par de récurrents retours au patient et fécond royaume de La Semaison.
   Grand mélomane - "Schubert, La Sonate pour piano en si bémol majeur dans l'interprétation de Clara Haskil: l'oeuvre à laquelle je reviens toujours, mais comment en parler?" -, complice de l'univers des peintres (notamment de Morandi) et magistral traducteur - de Thomas Mann et de Rilke, entre autres -, le nouvel adoubé sur papier bible a sans doute donné la meilleure définition de la poésie dans un essai paru en 1987: Une transaction secrète. Puisse la Pléiade offrir au murmure jaccottetien l'infini vibrato et la pleine émotion "reliée peau" qui en soutiennent chaque vers ou phrase. D.P.

   "Oeuvres" de Philippe Jaccottet, édition établie par José-Flore Tappy, avec Hervé Ferrage, Doris Jakubec et Jean-Marc Sourdillon, La Pléiade n ° 594, Gallimard, 1728 p., 59 euros jusqu'au 30 juin.
   (Rappelons que la plupart des livres de Jaccottet ont été auparavant, dès les années 50, publiés par Gallimard, avec quelques exceptions chez Fata Morgana, Le Temps qu'il fait, La Dogana ou Le Bruit du temps).

   Sur les photos, Philippe et Anne-Marie Jaccottet en 2008 à Grignan. © Didier Pobel
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19 février 2014 3 19 /02 /février /2014 09:05

   Faut-il relire au petit matin ce que l'on a écrit le soir? Pas sûr. Ou plutôt si. Aussi cruel que cela puisse paraître. La "belle"  journée de médailles d'hier n'aurait pas dû pouvoir être décrite sans une évocation de ce qui se passait à Kiev, alors que se préparait l'assaut sanglant contre le marathon de la révolte amorcé il y a trois mois. Disons-le bien fort: à l'envers du décor de carton pâte olympique des rives de la mer Noire aux inflexions de Russie éternelle, le vrai visage de Poutine - ou celui de ses amis -, là-bas sur la place de l'Indépendance de la capitale ukrainienne, à moins de 1500 kilomètres de Sotchi, nous horrifie. D.P. 

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 21:40

     Voilà, c'est comme ça, Martin Fourcade n'est pas un Killy bis. Il y a forcément, ici ou là, une petite déception. Et pourtant, si l'on y réfléchit, le Pyrénéen a peut-être fait mieux. Il a prouvé qu'il était d'abord lui-même. Capable de ne pas égaler un record historique mais d'offrir l'une des plus belles images de ces jeux de Sotchi auxquels on peut pourtant reprocher tant de choses. Gagner, c'est bien, mais concéder, avec brio et élégance, la première place du podium pour quelques tout petits centimètres d'à peine la dimension d'une poignée de battements de coeur - et cela a fortiori lorsqu'on est malade -, c'est à coup sûr beaucoup plus humain.

   Ce mardi, sous la neige tchekhovienne succédant au théâtral brouillard de la veille, le champion de Font Romeu a dû se contenter de l'argent au terme de l'épreuve du mass-start 15 km, mais s'il existait une médaille d'or de l'épreuve du "final à couper le souffle", c'est lui qui l'aurait obtenue. Devant l'Anquetil du ski norvégien Emil Hegla Svendsen, Martin Fourcade n'aura été que cela: le Poulidor de la piste. Il y a plus déshonorant, on l'admettra. Et que, surtout, ces propos - qui n'oublient pas le triomphe inattendu de Pierre Vaultier, à peine remis de sa blessure de décembre et s'offrant le sacre suprême en snowboardcross, ou encore le bronze de Kevin Rolland en halfpipe -  ne paraissent pas chauvins. Il y a dans ces chorégraphies de l'effort et du dépassement de soi, (dé)réglées au millimètre près par le fatum, quelque chose d'apte à retenir l'attention des observateurs les moins impliqués. C'est qu'il s'agit là, non plus de sport proprement dit, mais de la geste aléatoire des hommes et de leur destin. D.P.
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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 21:59

   Un vrai brouillard comme on croyait qu'il n'en existait qu'à Londres. Ou à la rigueur au pont de Tolbiac dans les polars de Léo Malet. Mais le brouillard de Sotchi, c'est autre chose. Depuis dimanche, c'est lui qui tient la vedette aux Jeux d'hiver. En russe, TyMaH, proncer "tuman". Malgré quelques répits, tout juste propices à la montée du suspense, il a allègrement décroché ce lundi la médaille floue. Martin Fourcade allait-il être en or pour la troisième fois, égalant le record du triple champion de Grenoble en 1968? Un premier report. Puis un deuxième. Et l'épreuve de mass-start en biathlon a dû être repoussée à ce mardi. Comment dit-on "Aujourd'hui peut-être, ou alors demain..." dans la langue de Tchekhov?

   Bah! C'est le ciel qui décide dans cette zone climatique subtropicale d'entre Caucase et mer Noire. On imagine en tout cas la tension nerveuse pour les athlètes soumis à pareille incertitude. Mais le jeune skieur de Font-Romeu se découragerait-il qu'il faudrait peut-être lui rappeler ceci. Il y a quarante-six ans, sur les pentes de Chamrousse, Jean-Claude Killy ne dut pas seulement batailler avec l'Autrichien Karl Schranz mais contre un ennemi beaucoup plus pernicieux qui n'était autre, déjà, que la purée de pois dauphinoise. Et la suite, on la connaît.
   Brouillard d'hier, brouillard d'aujourd'hui... L'attente de Martin Fourcade a au moins ce mérite. Elle vient de rallumer un vieux souvenir dans le brouillard de nos mémoires. Gageons qu'il soit de bon augure. D.P.
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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 09:46

   DSCN5627.JPG   Dans mon billet de Voix de l'Ain du 7 février, l'insolite concurrence ailée d'Internet. Celui de cette semaine (14 - 21 février), lisible ici un peu plus tard, revient sur le "Dernier chapitre" de quelque vingt-trois librairies françaises.

   (Cliquez sur l'image pour l'agrandir).

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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 21:22

      A première vue, comme ça, c'est un hiver  

qui n'en est pas un. Les pâquerettes pointent,


les arbres bourgeonnent, on sent les abeilles 

prêtes à butiner... Mais gare aux apparences!


Ce faux hiver est plus que jamais en trompe-l'oeil. D'abord parce que  la neige est bel et bien


au rendez-vous des vacanciers des stations. Et puis, surtout,

là-bas, selon une expression


maintes fois entendue ces jours-ci, qu'est-ce qu'ils prennent!

 "Là-bas"? Sur la côte Atlantique,


bien sûr, où, de Dirk à Ulla, les tempêtes se suivent et

surpassent, sans épargner la


Grande-Bretagne. Un monde complètement à l'Ouest...

   A se demander ce qui se passe. Qui donc a détraqué le bastringue, où sont les


responsables... Eh bien non, apparemment, ce n'est pas eux. Nul n'a encore osé dire que c'était


la faute de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault, c'est déjà ça. Sarkozy? Arnaud


Montebourg  

n'était pas loin, ce dimanche, de lui mettre sur le dos tout le dérèglement climatique


de la maison France. C'est un vrai vent mauvais qu'il a fait souffler sur lui. En lui imputant


une "dette monstrueuse", il l'a éclaboussé comme un crachin en furie: "Dites-nous comment


vous feriez, puisque vous avez l'air si astucieux!", a-t-il lancé, en ironisant sur ses réapparitions


répétées. "Ce que vous avez laissé derrière vous est une catastrophe pour notre pays".

   Vous savez quoi. C'est fou comme on aimerait parfois que les hommes politiques se calment,
 que les plongées dans le noir soit moins fréquentes, que le courant, là aussi, se rétablisse.
 Pour un peu, si on osait, on se prendrait tous pour Renaud Lavillenie. Histoire de se hisser
au-dessus de l'écume et des vagues, histoire d'aller voir là-haut s'il y a l'air pur dont on rêve.
Chiche, on y va?
Celui qui vient de battre le record de Boubka à Donetz vient, en tout cas, de nous tendre
une sacrée perche. D.P.

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13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 23:53

DSCN5578.JPG   C'est quoi l'amour? Christian Bobin, qui était hier soir l'un des invités de La Grande librairie, a sa réponse: "Ce qu'on appelle l'amour est indéchiffrable - un morceau de soleil oublié sur un mur, une compréhension du mal si fine que seul l'exprime un silence, un fantôme en robe bleue".  Combien y aura-t-il de petits "morceaux de soleil oubliés sur un mur"  en ce jour de Saint-Valentin? On aimerait qu'il y en ait partout et que la parole de Bobin se propage en une vaste passion collective.

   Mais à chacun, bien sûr, de vivre à sa manière ce jour un peu particulier. En offrant des fleurs, du parfum, des chocolats, des rires, des désirs ou, qui sait, une course en taxi puisque la grève est levée. François Hollande, un peu en avance sur la date, a opté pour une lune de miel avec l'Amérique. Mais c'est Martin Fourcade qui, à coup sûr, s'est montré le plus fort. Il est parvenu à décrocher, la veille de la fête, une seconde médaille d'or dédiée à son amie. Ses tirs n'avaient rien à envier au lancer de flèches du dieu de l'amour, prétendront les plus imaginatifs.

   On peut se moquer d'eux. N'empêche, il y a des moments où, au royaume de l'infiniment épris, on aimerait tous vivre juchés - 14 février ou pas - sur les épaules de Cupidon. D.P. 

 

Christian Bobin, pour son livre La Grande vie, chez Gallimard, était hier soir à La Grande Librairie, sur la 5, au côté, notamment, de Jean-Pierre Ameisen venu présenter, lui, l'ouvrage qui porte le titre de son émission culte de France Inter, Sur les épaules de Darwin, paru aux éditions Les Liens qui libèrent. Photo D.P.

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12 février 2014 3 12 /02 /février /2014 22:43

   C'est un de ces chiffres qui bousculent. Comme celui de la force du vent annoncée lors d'un avis de tempête. 34% des Français adhéreraient aux idées du Front national, selon un récent sondage réalisé par TNS Sofres pour Le Monde, France Info et Canal+. Certes, on le pressentait, on le répétait, mais là on passe de la vague impression à quelque chose de plus concret. La raison principale de cette montée en puissance, on la connaît. Marine Le Pen est parvenue à dédiaboliser le parti créé par son père. Un ton au dessous dans l'extrémisme, du moins en apparence, une petite sourdine à la provoc et le tour paraît joué.

   Le tour? Oui, à défaut de magie pure, il entre à coup sûr une part d'irrationnel dans cette ascension. On ne prendra pour preuve qu'un exemple. Les personnes interrogées n'approuvent ni la sortie de l'euro ni la préférence nationale, thèmes chers à la patronne du FN, et ils sont pourtant de plus en plus nombreux à se revendiquer de son programme (si tant est que c'en soit un). En fait, il semble bien que ce soit davantage la personnalité de celle dont le prénom est aussi une manière picturale, plutôt que sa doctrine proprement dite, qui retient.

   Et puis un autre facteur joue à l'évidence dans cette progression. A l'heure où, après la droite, la gauche ne parvient pas elle non plus à redonner confiance au pays, il n'est pas surprenant qu'une autre aspiration se manifeste. Lorsque les méthodes traditionnelles échouent, on se tourne plus spontanément vers une médecine parallèle. Quitte à faire semblant d'oublier la part de charlatanisme de la guérisseuse supposée apte à soigner les bleus (marine) à l'âme. D.P.

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Texte Libre

Ces révolutions que

nous n'avons pas vu venir

   De retour à Bény, en ce bel hiver de givre, je relis cette carte postale que mon père garde, avec celles des étés précédents, sur le buffet de la cuisine. "Sous le ciel encore chaud de la Tunisie, nous pensons bien à toi. Ici, on ne se croirait pas à la veille de la Toussaint. À bientôt. On t'embrasse". Des mots tout simples, écrits comme toujours à la hâte, au moment de reprendre l'avion. 

   C'était à peine trois mois plus tôt. Du Cap Bon où nous faisions halte, nous avions effectué de cahotants trajets à travers le pays. Le Temple des eaux au pied du djebel Zaghouan. Le site romain de Dougga, pur poème de pierre, de vent et d'oliviers, où Abdallah, notre guide, nous avait imposé une visite pour le moins exhaustive. Les villages poussiéreux où la population s'ennuie sous les palmiers flétris. Les charrettes, les bourricots, les antiques mobylettes. La pauvreté, la dignité et, pensions-nous, la résignation.

     La résignation? Eh oui, même lorsqu'on est le témoin d'un régime sans ambiguïtés, il n'est pas toujours si simple de pressentir l'histoire en marche. Avec le recul, pourtant, il y avait eu des scènes éloquentes. Ces barrages de police un peu partout, justifiés alors par un enlèvement d'enfant. Ce jeune diplômé quêtant quelques dinars dans les majestueuses ruines de Thuburbo Majus et qui se cachait pour aborder les "nantis" que nous étions à ses yeux. Un feu couvait en lui, c'est sûr. Il n'aurait peut-être pas fallu grand-chose pour qu'il parle. Mais nous étions pressés, comme souvent.

     Et, disons-le aussi, la méfiance nous gagnait. Un soir, du côté de la cité viticole de Grombalia, un 4X4 aux vitres fumées avait rattrapé notre "Symbol" de location. Une impression se confirmait: nous étions suivis. Sans doute vaut-il mieux ne pas écrire "journaliste" à la rubrique "profession" sur les fiches de douanes à l'arrivée lorsque, quelques mois plus tôt, on a utilisé le mot "dictature" pour rendre compte de la dernière parodie de réélection présidentielle au palais de Carthage.

     Les touristes européens flânaient dans les souks. Les cornes de gazelles étaient sucrées, le vin gris de Mornag montait à la tête, octobre avait de superbes rousseurs de désert et la tiédeur des plages invitait à fermer à demi les yeux. Que voulez-vous, c'est comme ça: exportées sur place, les plus solides notions de droits de l'homme se dissolvent parfois dans le bleu de la mer...

     Pour notre part, nous aurions dû prêter davantage attention aux ardents regards noirs de toute une jeunesse rivés aux téléphones portables. La "génération Ben Ali dégage!" préparait, dans la retenue, le grand soir arabe. Le fantoche président de fer était encore omniprésent. Piètre sosie d'un acteur de série B aux cheveux teints, posant, la main sur le cœur à chaque coin de rue, dans chaque lieu public, à côté des pubs pour les biscuits "Tigato" et pour les firmes corrompues se partageant le gâteau.

     Et voilà. Maintenant nous sommes au début 2011. Dans l'odeur du jasmin et de la poudre, dans le bruit des youyous et des balles, la Tunisie a fait sa "Révolution Facebook". Bonheur de découvrir ces incroyables images à la télévision qui en rappellent d'autres. À Berlin non plus, nous n'avions rien vu venir en novembre 1989. Pas plus qu'à Bucarest le mois suivant. Pas plus qu'au Caire ces dernières semaines...

     Nous parlons de tout cela, ce soir, dans cette ferme de Bresse où, depuis plus de trois ans, mon père veille seul avec son chien et ses cartes postales. Celle-ci, un peu plus ancienne, a été postée de Louxor: "Le printemps égyptien est doux. De part et d'autre du Nil, des merveilles nous attendent. À bientôt. On t'embrasse". Tout à l'heure, il nous rappellera comment lui aussi a retrouvé un jour la liberté. C'était en janvier 1945. L'armée russe avançait. Les portes du stalag de Silésie où il venait de passer plus de cinq ans s'ouvraient. Il allait encore mettre plus de quatre mois pour traverser, à pied et la faim au ventre, un no man's land de charniers, de ruines et de spectres hagards.

     Mais ceci est une autre histoire, direz-vous. Bien sûr. N'empêche, la Liberté, d'où qu'elle vienne, d'où qu'elle revienne, est la même. Au Nord ou à l'Est hier. Au Sud aujourd'hui. Dans nos sursauts collectifs. Dans nos émois partagés. Par l'étroite fenêtre aussi, parfois, de nos petites perceptions occidentales. D.P.

(Cette chronique a été publiée

dans l'hebdomadaire "Voix de l'Ain",

n° 3433, semaine du 11 au 18 février 2011). 

  

La carte de la gloire,

le territoire de l'oubli

   Le triomphe de Michel Houellebecq nous réjouit. Nous fûmes suffisamment déçus par ses échecs au Goncourt en 1998, avec Les Particules élémentaires, et en 2005, avec La Possibilité d'une île, pour ne pas nous féliciter de sa victoire, lundi dernier, à la troisième "tentative". Et cela d'autant plus que La Carte et le territoire (Flammarion) est un roman, à la fois désenchanté et jubilatoire, qui s'inscrit à merveille dans l'air du temps de ce mois de novembre 2010 où, sous la résignation apparente, se profile une très énergique "extension du domaine de la lutte".
   Le lendemain du prix, nous écoutions l'"heureux"  lauréat, sur France Inter, exhorter les auditeurs à ne jamais baisser les bras. "Ne vous laissez pas emmerder, soyez libres!", clamait-il. Magnifique, Michel! comme dirait Drucker qui ne va sans doute pas tarder à programmer un"Vivement dimanche"  houellebecquien. Il faut dire que ce matin-là, le malicieux écrivain à la paupière lasse comme ses anoraks réussissait une sacrée performance. Il volait carrément la vedette au général de Gaulle dont on célébrait pourtant, un peu partout ailleurs, le quarantième anniversaire de la disparition. Et lorsque l'invité déclara un brin péremptoire: "On n'a pas de devoirs envers son pays, on est des individus, c'est tout!", on a bien cru entendre, en bruit de fond radiophonique, le héros de Colombey se retourner dans sa tombe, pour autant que sa gigantesque stature posthume le lui en laissait le loisir.
   Tant pis pour "l'homme du 18 juin", c'est celui du 8 novembre qui était ici à l'honneur! La gloire est ainsi faite. L'enthousiasme du moment peut balayer d'un insolent revers de manche de parka fripée la majestuosité d'un uniforme. Voilà bien à quoi nous songions en écoutant ce drôle de fan de Jean-Pierre Pernaud et de Julien Lepers nous rappeler que "la France est un hôtel, pas plus".
   Injustice? Affaire de circonstances, c'est tout, évitons les grands mots. D'ailleurs, s'il y en a un qui est déjà rompu aux fatals soubresauts de la renommée, c'est à l'évidence Michel Houellebecq lui-même. "C'est curieux comme les choses changent..." fait-il dire au père de son double, à la page 217 de son opus désormais ceint de la prestigieuse bande rouge. Oui, les choses changent vite et bien malin qui pourrait évaluer la durée du rayonnement de celui qui, il n'y a pas si longtemps encore, était conspué à l'unanimité, ou presque.
   Comment pouvait-on, dans un contexte analogue, ne pas penser, au moment de l'attribution du prix, à un lauréat précédent qui vient de disparaître dans une assez scandaleuse indifférence? Lorsqu'il fut sacré, en 1968, pour Les Fruits de l'hiver, lui aussi capta tous les regards. Lui aussi éclipsa momentanément de Gaulle, avant que la chienlit ne déferle. Lui aussi fit des déclarations brutes de décoffrage. Lui aussi pesta contre les travers de la société du moment. Lui aussi réhabilita l'âme des provinces et des bourgades. Lui aussi fut traité de populiste. Lui aussi aimait les chiens. Lui aussi lorgnait vers l'Irlande. Lui? Il s'appelait Bernard Clavel et il a signé plus de quatre-vingts ouvrages dévorés, loin des chapelles, sinon celles du Jura aux toits de pierre et de bois, par des millions de gens.
  Comprenons-nous bien: il ne s'agit pas de comparer les mérites respectifs du "dépressif" du Gâtinais et du bûcheron franc-comtois. Leurs oeuvres, pas plus que leurs démarches, leurs postures et leurs convictions - quoi que... - n'offrent de vraies similitudes. Qu'on nous permette simplement d'y mieux mesurer, parfois jusqu'au vertige, l'indécent grand écart auquel sont soumises, au fil des ans, ces notions floues que sont, en art, le goût et la reconnaissance, l'emballement et la postérité, le lâchage et la fidélité.
   Allez, terminons par une hypothèse. Et si, un de ces quatre, Michel Houellebecq rédigeait un vibrant éloge de Bernard Clavel? Dans La Carte et le territoire, il rend bien un hommage aussi inattendu sous sa plume que mérité pour l'intéressé, à un autre laissé-pour-compte de l'ingrat monde des Lettres: Jean-Louis Curtis (1917-1995). Curtis avait lui aussi obtenu le Goncourt. C'était en 1947 pour Les Forêts de la nuit. Ces forêts où il rôde aujourd'hui, si loin des splendeurs de chez Drouant, avec Clavel et tant d'autres, avant que l'histoire littéraire ne rende son jugement dernier. Au minimum dans un siècle ou deux, "particules élémentaires" comprises. D.P.
(Cette chronique a été publiée,

dans une version légèrement modifiée,

dans l'hebdomadaire "Voix du Jura",

n° 3452, semaine du 20 au 26 janvier 2011). 

 

Ferrat, Chabrol:

l'émotion consolatrice
   Drôles d'hommages, quand on y pense. Il y a quelques mois, la France, larme printanière à l'oeil et lyrisme aragonien aux lèvres, n'en finissait plus de saluer Jean Ferrat. La télévision nationale, on s'en souvient, n'hésita pas à retransmettre en direct les obsèques de l'"échappé"  ardéchois, un peu à la façon d'une étape de la "Grande boucle" dans un col cévenol. Et les foules bigarrées ne cessent, depuis, de se bousculer dans l'étroit cimetière basaltique, lors d'un fervent ballet qui ne manquerait pas d'agacer le discret compagnon des petites routes et des pensées rebelles.
   C'était en mars dernier, entre les deux tours d'une élection que les "bonnes gens"  boudèrent en une obstination inversement proportionnelle à celle qu'ils insufflèrent dans leur "au revoir" au chantre de La Montagne. Et voici donc qu'un semestre plus tard disparaît Claude Chabrol, sous un concert de louanges et face une émotion, certes pas tout à fait de la dimension de la précédente, mais néanmoins étonnante par son impact à la fois médiatique et intimiste.
   Holà, que se passe-t-il donc pour qu'un pays peu réputé pour aimer ses artistes - c'est un euphémisme - manifeste ainsi, coup sur coup, sa sympathie et son chagrin? Un tel engouement se justifie évidemment, au-delà de la force des couplets ou des films des deux créateurs, par la somme d'admiration et de proximité qu'ils inspiraient, chacun de son côté. Le premier par son insolente tendresse et ses engagements jamais feints. Le second par son observation espiègle et grinçante de la société. Mais sans doute faut-il voir également, dans ces effets conjugués de complicité populaire, des éléments d'ordre plus circonstantiels. L'interprète de Ma Môme et le cinéaste du Boucher, dans des registres répétons-le fort différents, n'en incarnaient pas moins l'un et l'autre, y compris sans doute jusque dans les propres limites de certaines de leurs oeuvres, une honnêteté, un goût du travail bien fait, un attachement à la mémoire et un indéfectible respect des individus. Autant de valeurs, faut-il le rappeler, qui font particulièrement défaut en une époque de cynisme roi, de politique dévoyée, de chasse aux minorités ethniques, de charters vrombissant d'indécence sur le tarmac glissant des campagnes électorales...
   Impossible de réécouter une chanson de Ferrat ou de se "repasser" un film de Chabrol sans s'imprégner des bénéfiques célébrations de la patience, de la malice, de la tolérance et de la liberté. Et puis, avons-le, nous ressentions une vraie consolation à les voir l'un et l'autre, moustache frémissante ou pipe en bouche, parler soupes d'autrefois, vins de terroir et pourfendre en se marrant "les cons qui n'arrêtent pas de voler et les autres de les regarder", cela en une époque où la fumée conviviale, le verre entre amis et l'humour décapant tombent sous le coup de la loi, alors que la "bêtise d'Etat" entache le pays du droit de Roms. 
   Entre "ombre faite humaine" et "oeil de Vichy", entre "amour cerise"  et adultères provinciales, Jean Ferrat et Claude Chabrol étaient tous deux, à leur manière, d'Antraigues à Sardent, d'éloquents refrains en travellings suggestifs, inscrits à l'inventaire de nos monuments historiques familiers. Continuons à nous précipiter pour la visite en groupes de leurs battements de coeur, de leurs ricanements, de leurs univers, de leur exemplarité. Alléluia et Moteur! D.P.

   

 La rentrée littéraire,

quelle vacherie!
 Elle est retrouvée. Quoi? La rentrée littéraire qui n'a, avouons-le, pas grand'chose à voir avec l'éternité rimbaldienne. Les libraires transpirent. Les attachées de presse s'enfièvrent. Les chroniqueurs frottent leurs lunettes et affûtent leur sens critique. Un peu partout on compte, on compare, on spécule. Au juste, 701 romans, dont 497 français, ça fait combien de plus, de moins ou de pile poil pareil que l'année dernière qui, elle-même, etc. Drôle de phénomène bien de chez nous que cette espèce de foire d'automne où l'on remplace les bestiaux par des bouquins et les viriles clameurs des enchères par des maquignonnages autour des prix. Palpez un peu cette Nothomb, vous m'en direz des nouvelles. Et le dernier fleuron de la race Houellebecq, visez-moi cette encolure. 
   S'il y en a une qui ne risque pas de s'offusquer de la métaphore bovine, c'est bien Claudie Gallay. La petite femme aux yeux bleu pervenche, propulsée directement de ses terreuses origines nord-iséroises aux "déferlantes" du succès, a écrit son nouvel opus, L'Amour est une île, (Actes Sud), dans sa bergerie du Charolais. Avec des broutards crème meuglant sous sa fenêtre. Avec un ciel pluvieux comme vache qui pisse. La-bas, du côté de La Clayette et de Semur, il y a les prés sans Saint-Germain. Et les éleveurs, qui tordent leurs casquettes à l'heure d'écorner leurs troupeaux, se fichent de l'embouche romanesque comme de la première litière de leur stabulation.
   Ils ne dévoreront ni Despentes, ni Forest, ni Volodine. Ni Linda Lê, ni Adam, ni Claudel. Et encore moins Breat Easton Ellis et J.M. Cootzee. Pas le temps. Propos un brin savants. Bref, un monde qui n'est pas le leur. Claudie, ce n'est pas pareil. Elle est presque d'ici. Elle cause comme l'ultime épicière du coin qui fait dépôt de pain et de journaux. Pas mince, le compliment.
    Cette fois-ci, c'est vrai, elle s'est embarquée du côté du festival d'Avignon l'année de la grève des intermittents. Evidemment, on s'en fiche un peu sur les rives de la Grosne, de la Guye ou du Grison. Mais sûr, la prochaine fois, elle parlera des gens du cru. A commencer, peut-être, par les habitants de Saint-Ythaire. Saint-Ythaire, c'est entre Bonnay et Curtil-sous-Burnand. 122 âmes en colère contre le projet d'implantation de cinq éoliennes. Un super sujet pour l'écrivain qu'on a même aperçue l'autre soir au "Vingt heures" de TF1.
    Les révoltés de Saint-Ythaire? A moins que ce ne soient les Don Quichotte de Bény. Bény, c'est au coeur de la Bresse, de l'autre côté de la Saône. Là, c'est contre la future Ligne à grande vitesse qu'on se mobilise à coups de calicots et de banderoles accrochés aux barrières des fermes et des villas avec, parfois, des slogans en patois: "LGV, to ka t'nallo!" ("LGV, tu n'as qu'à t'en aller"!).
   Des hélices géantes bientôt essaimées dans le paysage si cher jadis aux abbés de Cluny ou des trains fous écrasant prochainement l'AOC des célèbres volailles aux pattes bleues. Fichue alternative, quand on y pense. D'autant plus que, dans ce décor de pseudo-polar rural, on ne discerne pas la moindre librairie à l'horizon. Alors, dites, où c'est qu'on va les trouver, à Saint-Ythaire, à Bény ou ailleurs, les 701 titres annoncés? Houellebecq a raison: il convient de revoir de toute urgence "La carte et le territoire". Ah! quelle vacherie, par ici, la rentrée littéraire. (Fin août 2010). D.P.

 

Quelques nouvelles de par ici
 
 
    Je vais vous donner un peu des nouvelles de par ici. C'est où par ici? C'est chez moi. Enfin, je veux dire pas loin. A la rigueur juste à côté. Le décor, vous le connaissez. Il y a un village avec son clocher vaguement roman. Le presbytère transformé en gîte rural. L'épicerie où l'on vend des caramels pour les gosses et des asticots pour la pêche. Le calme règne jusqu'au milieu de l'après-midi. C'est à ce moment-là que les tracteurs ramènent les voitures de foin dans les fermes. Les travaux agricoles, cette année, quelle galère: on est passé directement de l'hiver du mois de mai à la canicule du solstice! Vers dix-huit heures, dix-huit heure trente, les gosses font des pirouettes à bécane et les ados, sur la placette, gloussent dans leurs téléphones portables sans jamais déclarer forfait. Ensuite, le boulodrome de fortune prend  doucement des allures de petit G20 provincial.
    Imperturbable, l'employé municipal arrose les fleurs. Ou ce qu'il en reste. Le week-end dernier, des dadais en goguette ont piétiné les terre-pleins. "Saloperie de désoeuvrés!" maugrée Jean en lisant l'entrefilet dans la chronique locale. Jean, c'est le facteur. Après sa tournée, il aime bien prendre un verre. Le seul café qui n'a pas encore baissé rideau aligne trois tables sur le trottoir. Les autres troquets ont tous fermé. Trop de travaux pour se mettre aux normes. En sirotant son panaché, le préposé s'attarde sur le journal du coin. Les décès, les mariages, les naissances, les accidents... Il lit aussi le billet, en haut à gauche de la page 2. Il y a même la photo du chroniqueur qui tient un bouquin dans ses mains. En regardant de près, on découvre le titre et l'auteur. C'est Après beaucoup d'années de Philippe Jaccottet.
    Jaccottet est un immense poète qui vit dans les parages. Mais personne ne le connaît vraiment. Jean s'en fiche. Lui, ce qu'il recherche dans son canard, ce sont les infos pratiques. Ou les échos du conseil municipal. L'annonce des fêtes d'été. Les vide-greniers des alentours. Mais à la Une, il y a cette photo. Un ministre et sa femme "dans la tourmente". Eric et Florence Woerth, ils s'appellent. Pierrot, le patron du café, qui vient faire un brin de causette à Jean, prononce ce nom à sa façon. Il dit "Voerte" et ça sonne un peu comme un hommage aux absinthes verlainiennes d'autrefois. "Tous pareils, hein, y'en a pas un pour racheter l'autre!". Jean, le regard rivé aux résultats du "Mondial" de foot et au classement général du Tour de France, ne répond rien. Ou alors il fait "hum hum" et bien malin qui pourrait comprendre si c'est une approbation ou l'inverse. 
  Rien ne bouge, ou presque. Il y a juste un soupçon d'électricité dans l'air. La grêle est annoncée pour le soir mais, c'est bien connu, "à la météo, ils se trompent tout le temps...". N'empêche, il faut hâter la fenaison. Demain à l'aube, les fourches hydrauliques des colossaux Renault ou John Deere payés à crédit planteront leurs dents dans ces rouleaux herbeux qui, au mitan des parcelles de la PAC, ressemblent aux chignons lavande des aïeules de ce "pays". Ce "pays" qui pleure et qui rit, qui meurt et qui vit. Ce "pays" qui attend les touristes. Ce "pays" en jachère où, dans les villas des lotissements en extension, Internet remplace désormais l'épicier qui faisait jadis sa tournée en klaxonnant à travers des hameaux pleins de vieux taiseux et de chiens tout en gueule. 
  Voilà, ça se passe par ici un jour brûlant de juillet. Plus tard, peut-être, je vous donnerai des nouvelles de par là-bas. C'est où par là-bas? C'est du côté de par ici. Si jamais, un de ces quatre, vous avez l'occasion, arrêtez vous quelques instants, on parlera un peu de Jaccottet. "Faites passer, disait la terre elle-même, ce matin-là, de sa voix qui n'en est pas une. Mais quoi encore? Quelle consigne?" (Juillet 2010). D.P.
 

    

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