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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 21:27

 

   C'était la semaine dernière sur Télégrenoble. Didier Pobel était l'invité du "JT des Voironnais", au côté d'Arlette Gervasi, adjointe à la culture à Voiron et conseillère régionale, pour évoquer le Festival "Livres à vous", le week-end suivant à Voiron. 
25 OCTOBRE 2012 AVEC A. GERVASI ET D. POBEL - Ma-Tvideo France2
JT DES VOIRONNAIS DU 25 OCTOBRE 2012 AVEC A. GERVASI ET D. POBEL
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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 12:37
 Bonhomme-neige.jpg1er-nov.-2012--Gr.-013.jpg
   Deux images captées en cet après-midi de Toussaint. Deux protubérances. Deux élévations. Deux lampes. L'une qui s'éteint doucement aux lendemains de luminescents jours d'hiver précoce. L'autre qui s'allume à l'heure où le soir de novembre appuie sur le commutateur des embrasements magnifiques. L'une qui garde le reflet des jeux d'enfants passés. L'autre qui veille sur la ville le temps d'une très passagère éternité. Deux images, à la fois si opposées et si proches. L'une qui tente de retenir ce qui s'en va. L'autre qui capte ce qu'il advient. Le minus et le costaud. L'infime et le géant. C'était, ce mercredi à Grenoble, un vestige de bonhomme de neige dans une cour. C'était, un peu plus tard, le Néron qui brasillait comme une cime d'Orient à l'instant où les rues, en bas, s'emplissaient déjà d'ombres errantes. Deux images, deux univers, deux instants. Ce qui fond et ce qui surgit. Ce qui se dérobe et ce qui nous enrobe. Le fugitif et le l'apparu. L'éclipse et l'éclat.
 Photos D.P.  (cliquez pour agrandir)
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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 22:29
  Bon, d'accord, on ne va pas aller jusqu'à comparer la tempête Ayrault à l'ouragan Sandy, mais tout de même... Le Premier ministre français n'en finit pas, lui non plus, de propager un vent dévastateur. Après l'annonce anticipée de l'annulation de la loi sur le logement social, l'absence de "tabou"  sur les trente-cinq heures! A chacune de ses interventions, ou presque, il provoque des courts-circuits. Il plonge le gouvernement dans le noir. Il fait se répandre des flots de sarcasmes à l'Assemblée. Impossible d'évaluer avec exactitude les dégats tant que le bilan est provisoire. Mais une chose est sûre: à ce train-là, l'état de catastrophe naturelle ne va pas tarder à être déclenché, sinon au sommet du pouvoir, du moins à celui de sa com'. Pourvu que François Hollande, grand météorologue en chef, impose de toute urgence le retour à la... "normale"! D.P.  
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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 23:23

 

    Il aimait le verbe et la peinture, les embrasures et le silence, l'Ephémère et l'intouchable. Il aimait le granit des monts d'Ardèche de son enfance et les arides chemins de crête de la langue des hommes. Il écrivait comme on marche, le souffle suspendu aux aspérités de la rude paroi des jours, le pas mesurant les plus infimes "escarpements intérieurs". Il ne cessait de relire Rimbaud, Char ou Celan. Il admirait Giacometti, Miro et Tapiès.

   Jacques Dupin s'est éteint samedi à l'âge de 85 ans. On vient seulement de l'apprendre. Ca ne fait pas de bruit la mort d'un arpenteur d'émotions dans notre époque de cacophonie vaniteuse, d'ouragans et d'hivers précoces. Il était l'un des derniers très grands poètes contemporains, avec Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet et quelques autres. Les titres de ses recueils, disponibles chez Gallimard, Fata Morgana ou POL, tiennent dans la main comme un caillou, dans le coeur comme un caillot: Gravir (1963) Dehors (1975), Contumace (1986), Echancré (1991)...

   Relisons-le comme on part randonner au profond de soi-même: "Même mort, rester à l'écoute. Rester inhumain. A l'exception de la voix. Comme la bogue d'une châtaigne. La flamme du coquelicot..." (in Le Corps clairvoyant, 1963-1982, Poésie/Gallimard). D.P. 

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 17:51

   Oct.-2012--Livres-a-vous---Premiere-neige-038.jpg                           Quint.jpg                             Molle.jpg                           Oct. 2012, Livres à vous + Première neige 018                            Oct. 2012, Livres à vous + Pignon Ernest 017                                                       Oct. 2012, Livres à vous + Pignon Ernest 045Oct. 2012, Livres à vous + Pignon Ernest 005Jourde.jpg            "Livres à vous", à nous, à eux... Pour sa quatrième édition, le Festival "Livres à vous" de Voiron s'est en effet conjugué, au cours du week-end dernier (26, 27 et 28 octobre), à toutes les personnes. Celles qui, malgré la plus inattendue des neiges, sont venues en nombre rencontrer les quelque trente écrivains, tous publics ou pour la jeunesse, rassemblés le dimanche au Grand Angle lors d'un vaste rendez-vous de signatures collectives. Celles, aussi, qui ont pris place à bord de ces drôles de bus de la culture roulant, le samedi, de ravissement en ravissement.

   Le premier itinéraire permettait ainsi d'aller écouter Pierre Jourde à "L'Estancot"  (il y lisait un extrait de son dernier roman, Le Maréchal absolu, avec  les complicités pianistique de John Cuny et artistique de Kristian Desailly), puis de filer à Saint-Geoire-en-Valdaine où Clothilde Berger-Sabatel réglait sa chorégraphie sur les mots de L'Invention du désir de Carole Zalberg, avant d'assister, sous les ferventes voûtes de l'église de Massieu, à la lecture d'un fragment de La Double vie d'Anna Song par son auteur Mingh Tran Huy, avec les improvisations au piano de Karol Beffa.
   Lors de la sortie, sous le porche, à l'heure de l'angélus, papillonnaient les premiers flocons qui, dans le même temps, jalonnaient le parcours du second bus programmé également pour trois stations. A Coublevie, le temps d'une escale scénique au cours de laquelle la compagnie Apethi proposait une adaptation de Du Domaine des murmures de Carole Martinez, invitée d'honneur de la manifestation, avec Bruno Heitz. A Saint-Blaise-du-Buis où les notes du violon d'Agnès Pereira se mêlaient aux mots d'une nouvelle de Jean-Claude Mourlevat. A la gare de Tullins, enfin, lieu propice s'il en est à une lecture d'extraits de Trains de vie et de Matins bleus  par leur auteur, Jean-Marie Laclavetine, dans le compagnonnage du pianiste Hugues de Nolly.
   Il faudrait, bien sûr, parler de toutes les rencontres qui, chacune à son niveau, ont su susciter une large audience. Dans les librairies, les bibliothèques, les écoles, les cafés, les hôpitaux, les maisons de retraite, les musées, les caves de la Chartreuse... Ou, de façon plus insolite, à bord des "voitures avec chauffeurs". Mais aussi, évidemment, sur scène. Des spectateurs particulièrement enthousiastes n'ont pas manqué de saluer la performance de Jacques Weber dans Eclats de vie, coup d'envoi du programme, le vendredi soir au Grand angle. Et la magnifique adaptation d'Effroyables jardins, le best seller de Michel Quint, par André Salzet du théâtre Carpe Diem d'Argenteuil, fut incontestablement, le samedi soir à la salle des fêtes, un moment exceptionnel de ce quatrième "Livres à vous" qui a rayonné - et c'est l'une de ses originalités - autour de pas moins de vingt-neuf autres communes du Voironnais.
   Un grand bravo à Marie-Lys, à Stéphanie, à Bernard, à Vincent, à toute l'équipe qui, dans le sillage du maire Roland Revil, et de l'ajointe à la culture et conseillère régionale Arlette Gervasi, est à l'origine de la programmation et de l'organisation de ce quatrième "Livres à vous"  pleinement réussi. "Livres à vous", à nous, à eux, à tous. D.P.
________________________
D'une image à l'autre : Carole Martinez, invitée d'honneur (avec l'illustrateur Bruno Heitz) ; Michel Quint avant le spectacle tiré de son livre le plus connu ; la surprise de Bernard Molle face aux premiers flocons à la sortie de l'église de Massieu ; Philippe Mouche, l'un des invités, debout devant la table où signent Didier Pobel  et Pierre Jourde ;  la lecture de Minh Tran Huy, avec le pianiste Karol Beffa, à l'église de Massieu ; André Salzet, interprétant Effroyables Jardins, seul sur la scène de la salle des fêtes de Voiron ; discussion entre Pierre Péju, Jean-Marie Laclavetine et Didier Pobel ; Pierre Jourde lors de sa lecture-performance à "L'Estancot" de Voiron. Photos D.P  (Cliquez pour agrandir).  
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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 20:45
Oct. 2012, Livres à vous + Première neige 001                                                      Oct.-2012--Livres-a-vous---Premiere-neige-006.jpg Oct. 2012, Livres à vous + Première neige 004                                                      On Oct. 2012, Livres à vous + Première neige 047s'apprêtait ce dimanche matin, à Grenoble, à retarder nos montres de soixante minutes. Or, il a fallu les avancer de deux mois. C'est, en effet, au coeur de la saison froide que nous fûmes, ainsi, projetés sans transition aucune. Leure d'été, leurre d'hiver... On ne dira jamais assez à quel point le ciel joue à la perfection les grands illusionnistes. Photos D.P. (cliquez pour agrandir) 
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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 22:00

        Deux couleurs se partagent l'actualité en cette dernière ligne droite - et gauche - d'octobre: le rose et le bleu.

   Le rose? Ce sera à partir d'aujourd'hui jusqu'à dimanche dans la ville marquée de la teinte brique où se tiendra le premier congrès du PS de l'ère Désir. Le rendez-vous de toute une nouvelle génération de socialistes soucieux de briser la trompe des "éléphants" qui ont pourtant permis le retour au pouvoir de la gauche. Avec un dilemme quasi shakespearien pour Jean-Marc Ayrault: y être ou ne pas y être. Soit, dans le premier cas, l'occasion de se voir taxé d'interventionnisme et dans le second de lâcheté. Résultats du brain storming de l'hôte de Matignon: il y sera. Et c'est dans cette bonne ville de Toulouse qui, comme l'a si bien chanté Nougaro, aime la castagne, qu'il prononcera, samedi, un discours, juste après celui de la sortante Martine Aubry. Aïe, aïe, aïe, pourvu que - pour une fois - il ne commette pas de bourde!
   Le bleu? C'était ce jeudi soir sur France 2, dans l'émission Des paroles et des actes, un prologue, plus courtois que musclé, à l'élection du successeur de Sarkozy à la tête de l'UMP le 18 novembre. A droite, François Fillon. Et, encore un peu plus à droite, Jean-François Copé. A première vue, un débat un peu mièvre, rien de plus, entre les deux prétendants à la direction du principal parti d'opposition. Mais à y regarder de plus près, la confrontation avait bien, à sa manière, valeur de primaire pour 2017. A certains moments, on pouvait même se croire ramené à la campagne présidentielle d'hier avec un Fillon cultivant stratégiquement des (faux airs) de "Hollande de droite"  et un Copé jouant d'une "droitisation" dont on n'a oublié ni les ressorts, ni les acteurs passés.
   Un rendez-vous sans vainqueur ni vaincu, mais qui aura au moins prouvé que, au-delà des similitudes sur lesquelles chacun s'est forcé d'appuyer pour éviter le piège de la bagarre, les deux candidats sont bel et bien différents en cet automne où les roses ont des bleus et où tout n'est pas rose pour le bleu. D.P.
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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 21:07

 "Cafouillages" et "couacs"  seraient-ils devenus les deux mamelles de la République? Très tendance sous l'ère Sarkozy, ces deux mots-là n'ont rien perdu de leur force récurrente depuis l'élection de François Hollande. Ainsi, l'actuel Premier ministre, invité ce mercredi matin de la matinale de France Inter, a d'abord justifié l'annulation de la loi sur le logement social par  un "cafouillage parlementaire". Sauf que, zut, le Conseil constitutionnel ne s'était pas encore prononcé. Du coup, voilà Jean-Marc Ayrault, flashé en excès de vitesse langagière, accusé bien haut d'avoir commis un "couac".

   Un de plus, n'a pas manqué de ricaner l'opposition qui, elle-même, était à peu près de façon quotidienne en proie au même reproche lorsqu'elle était au pouvoir. "C'est une gigantesque bévue" a renchéri Jean-François Copé, d'ailleurs récemment moqué pour son "couac"  sur les pains au chocolat, à l'origine, soit dit en passant, d'un beau "cafouillage".
   Bon, c'est sûr, Jean-Marc Ayrault est allé un peu vite en besogne lors de son intervention radiophonique. C'est même carrément du jamais vu sous la 5e République. Mais faut savoir ce qu'on veut, après tout. Il y a quelques jours encore, tout le monde dénonçait son immobilisme. On ne va tout de même pas, au moment où il accélère, regretter sa lenteur. Quoique... D.P.
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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 21:43

   

      Certes, il y a beaucoup d'autres mots sur lesquels on pourrait s'attarder en ce mercredi d'octobre. Le mot "absurdité"  en référence à l'incroyable condamnation qui vient de frapper, en Italie, les experts qui n'ont pas prévu le séisme de L'Aquila. Ou alors le mot "élection", histoire de se projeter vers la dernière ligne droite de la présidentielle américaine au lendemain du dernier débat remporté par Obama. Ou bien encore le mot "marinière"  puisqu'il paraît que le coup de com' d'Arnaud Montebourg a relancé les ventes de ce nouveau symbole du "produire français".

   Mais non, tant pis pour ces mots-là, optons pour un autre. Le plus beau peut-être de la langue française. Le plus vibrant, le plus fragile aussi. Profitons du fait qu'il soit à l'affiche des cinémas. Un mot de cinq lettres qui dit tout, qui tait tout. Un mot qui a ici les yeux bouleversants de Jean-Louis Trintignant. Un mot qui a la pâleur et la force d'Emmanuelle Riva. Un mot qui a leurs mains enchassant les visages. Un mot de gestes extrêmes et de puissances occultes. Un mot qui dit ce qui se passe dans le coeur des humains quand il ne se passe presque plus rien dans leurs corps. Un mot qui dit le temps qui passe. Un mot qui dit le temps qui reste. Un mot qui noue un ruban blanc sur la vie, à moins que ce ne soit déjà sur la mort. Un mot, tout simple, tout nu, pur come une palme d'or.

   Un mot signé Michael Hanecke: "Amour". D.P.  

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 21:11

    Petite question à trois millions d'euros: qui a gagné le Tour de France entre 1999 et 2005? La réponse est simple: c'est Mister Nobody. Vous ne vous souvenez plus de lui? Mais si, réfléchissez un instant. Vous l'avez applaudi à l'Alpe-d'Huez, vous l'avez porté aux nues sur le sommet lunaire du Ventoux, vous l'avez acclamé sur les Champs. A l'époque, il revêtait la casaque dorée, il avait une aura, une légende et même un nom de cosmonaute. Il s'appelait Lance Armstrong. Et parfois, on lui collait un sobriquet qui lui allait comme une mitaine de sprinter céleste: "la Fusée".

   Certes, en creusant un peu, on aurait pu se douter que le "champion d'exception" ne tournait pas à l'eau de sources d'Auvergne. Mais voilà, on ne creusait pas. "On", c'est-à-dire nous tous. Passe encore pour les éternels gosses que nous sommes lorsque nous rêvons de grimper comme nos idoles avant de se résigner à devenir de simples humains sans ailes. Mais que penser des instances du cyclisme pour qui l'impérieux besoin d'avoir un Dieu reléguait au second plan les soupçons inhérents à des "performances hors norme"?
   En détrônant à vie le coureur texan, l'UCI ne pose pas seulement un voile noir (de plus) sur l'un des sports les plus populaires, elle vient aussi chambouler une mémoire collective riche de tous nos petits albums à mythologies privées. Quand on aura fini de réécrire l'histoire du vélo - si tant est qu'on y arrive -, il faudra encore penser à réactualiser les définitions du "Petit Larousse", les réponses du "Jeu des mille euros" et de tous ces quizz familiers qu'on imprime sur les emballages de fromage ou de biscuits. Soyons-en sûrs, on fera moins vite le ménage dans les esprits que dans les palmarès. Vouloir éliminer Armstrong fait quelque part songer à Amédée ou comment s'en débarrasser, cette pièce absurde d'Ionesco où un cadavre se fait de plus en plus encombrant.  
   Le héros d'hier, survivant de surcroît d'un cancer, est devenu un salaud tombé d'une bécane chimique gonflée à la pompe à fric et à la seringue d'EPO et lancée sans scrupules sur la piste à chimères. En se félicitant évidemment de voir ainsi le dopage condamné, on peut néanmoins rester perplexes en constatant à quel point ceux qui accablent aujourd'hui le désormais fantomatique vainqueur de sept grandes boucles "blanches" mettent à peu près autant d'énergie qu'ils en déployaient jadis en aveugle complaisance. D.P. 
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Texte Libre

Ces révolutions que

nous n'avons pas vu venir

   De retour à Bény, en ce bel hiver de givre, je relis cette carte postale que mon père garde, avec celles des étés précédents, sur le buffet de la cuisine. "Sous le ciel encore chaud de la Tunisie, nous pensons bien à toi. Ici, on ne se croirait pas à la veille de la Toussaint. À bientôt. On t'embrasse". Des mots tout simples, écrits comme toujours à la hâte, au moment de reprendre l'avion. 

   C'était à peine trois mois plus tôt. Du Cap Bon où nous faisions halte, nous avions effectué de cahotants trajets à travers le pays. Le Temple des eaux au pied du djebel Zaghouan. Le site romain de Dougga, pur poème de pierre, de vent et d'oliviers, où Abdallah, notre guide, nous avait imposé une visite pour le moins exhaustive. Les villages poussiéreux où la population s'ennuie sous les palmiers flétris. Les charrettes, les bourricots, les antiques mobylettes. La pauvreté, la dignité et, pensions-nous, la résignation.

     La résignation? Eh oui, même lorsqu'on est le témoin d'un régime sans ambiguïtés, il n'est pas toujours si simple de pressentir l'histoire en marche. Avec le recul, pourtant, il y avait eu des scènes éloquentes. Ces barrages de police un peu partout, justifiés alors par un enlèvement d'enfant. Ce jeune diplômé quêtant quelques dinars dans les majestueuses ruines de Thuburbo Majus et qui se cachait pour aborder les "nantis" que nous étions à ses yeux. Un feu couvait en lui, c'est sûr. Il n'aurait peut-être pas fallu grand-chose pour qu'il parle. Mais nous étions pressés, comme souvent.

     Et, disons-le aussi, la méfiance nous gagnait. Un soir, du côté de la cité viticole de Grombalia, un 4X4 aux vitres fumées avait rattrapé notre "Symbol" de location. Une impression se confirmait: nous étions suivis. Sans doute vaut-il mieux ne pas écrire "journaliste" à la rubrique "profession" sur les fiches de douanes à l'arrivée lorsque, quelques mois plus tôt, on a utilisé le mot "dictature" pour rendre compte de la dernière parodie de réélection présidentielle au palais de Carthage.

     Les touristes européens flânaient dans les souks. Les cornes de gazelles étaient sucrées, le vin gris de Mornag montait à la tête, octobre avait de superbes rousseurs de désert et la tiédeur des plages invitait à fermer à demi les yeux. Que voulez-vous, c'est comme ça: exportées sur place, les plus solides notions de droits de l'homme se dissolvent parfois dans le bleu de la mer...

     Pour notre part, nous aurions dû prêter davantage attention aux ardents regards noirs de toute une jeunesse rivés aux téléphones portables. La "génération Ben Ali dégage!" préparait, dans la retenue, le grand soir arabe. Le fantoche président de fer était encore omniprésent. Piètre sosie d'un acteur de série B aux cheveux teints, posant, la main sur le cœur à chaque coin de rue, dans chaque lieu public, à côté des pubs pour les biscuits "Tigato" et pour les firmes corrompues se partageant le gâteau.

     Et voilà. Maintenant nous sommes au début 2011. Dans l'odeur du jasmin et de la poudre, dans le bruit des youyous et des balles, la Tunisie a fait sa "Révolution Facebook". Bonheur de découvrir ces incroyables images à la télévision qui en rappellent d'autres. À Berlin non plus, nous n'avions rien vu venir en novembre 1989. Pas plus qu'à Bucarest le mois suivant. Pas plus qu'au Caire ces dernières semaines...

     Nous parlons de tout cela, ce soir, dans cette ferme de Bresse où, depuis plus de trois ans, mon père veille seul avec son chien et ses cartes postales. Celle-ci, un peu plus ancienne, a été postée de Louxor: "Le printemps égyptien est doux. De part et d'autre du Nil, des merveilles nous attendent. À bientôt. On t'embrasse". Tout à l'heure, il nous rappellera comment lui aussi a retrouvé un jour la liberté. C'était en janvier 1945. L'armée russe avançait. Les portes du stalag de Silésie où il venait de passer plus de cinq ans s'ouvraient. Il allait encore mettre plus de quatre mois pour traverser, à pied et la faim au ventre, un no man's land de charniers, de ruines et de spectres hagards.

     Mais ceci est une autre histoire, direz-vous. Bien sûr. N'empêche, la Liberté, d'où qu'elle vienne, d'où qu'elle revienne, est la même. Au Nord ou à l'Est hier. Au Sud aujourd'hui. Dans nos sursauts collectifs. Dans nos émois partagés. Par l'étroite fenêtre aussi, parfois, de nos petites perceptions occidentales. D.P.

(Cette chronique a été publiée

dans l'hebdomadaire "Voix de l'Ain",

n° 3433, semaine du 11 au 18 février 2011). 

  

La carte de la gloire,

le territoire de l'oubli

   Le triomphe de Michel Houellebecq nous réjouit. Nous fûmes suffisamment déçus par ses échecs au Goncourt en 1998, avec Les Particules élémentaires, et en 2005, avec La Possibilité d'une île, pour ne pas nous féliciter de sa victoire, lundi dernier, à la troisième "tentative". Et cela d'autant plus que La Carte et le territoire (Flammarion) est un roman, à la fois désenchanté et jubilatoire, qui s'inscrit à merveille dans l'air du temps de ce mois de novembre 2010 où, sous la résignation apparente, se profile une très énergique "extension du domaine de la lutte".
   Le lendemain du prix, nous écoutions l'"heureux"  lauréat, sur France Inter, exhorter les auditeurs à ne jamais baisser les bras. "Ne vous laissez pas emmerder, soyez libres!", clamait-il. Magnifique, Michel! comme dirait Drucker qui ne va sans doute pas tarder à programmer un"Vivement dimanche"  houellebecquien. Il faut dire que ce matin-là, le malicieux écrivain à la paupière lasse comme ses anoraks réussissait une sacrée performance. Il volait carrément la vedette au général de Gaulle dont on célébrait pourtant, un peu partout ailleurs, le quarantième anniversaire de la disparition. Et lorsque l'invité déclara un brin péremptoire: "On n'a pas de devoirs envers son pays, on est des individus, c'est tout!", on a bien cru entendre, en bruit de fond radiophonique, le héros de Colombey se retourner dans sa tombe, pour autant que sa gigantesque stature posthume le lui en laissait le loisir.
   Tant pis pour "l'homme du 18 juin", c'est celui du 8 novembre qui était ici à l'honneur! La gloire est ainsi faite. L'enthousiasme du moment peut balayer d'un insolent revers de manche de parka fripée la majestuosité d'un uniforme. Voilà bien à quoi nous songions en écoutant ce drôle de fan de Jean-Pierre Pernaud et de Julien Lepers nous rappeler que "la France est un hôtel, pas plus".
   Injustice? Affaire de circonstances, c'est tout, évitons les grands mots. D'ailleurs, s'il y en a un qui est déjà rompu aux fatals soubresauts de la renommée, c'est à l'évidence Michel Houellebecq lui-même. "C'est curieux comme les choses changent..." fait-il dire au père de son double, à la page 217 de son opus désormais ceint de la prestigieuse bande rouge. Oui, les choses changent vite et bien malin qui pourrait évaluer la durée du rayonnement de celui qui, il n'y a pas si longtemps encore, était conspué à l'unanimité, ou presque.
   Comment pouvait-on, dans un contexte analogue, ne pas penser, au moment de l'attribution du prix, à un lauréat précédent qui vient de disparaître dans une assez scandaleuse indifférence? Lorsqu'il fut sacré, en 1968, pour Les Fruits de l'hiver, lui aussi capta tous les regards. Lui aussi éclipsa momentanément de Gaulle, avant que la chienlit ne déferle. Lui aussi fit des déclarations brutes de décoffrage. Lui aussi pesta contre les travers de la société du moment. Lui aussi réhabilita l'âme des provinces et des bourgades. Lui aussi fut traité de populiste. Lui aussi aimait les chiens. Lui aussi lorgnait vers l'Irlande. Lui? Il s'appelait Bernard Clavel et il a signé plus de quatre-vingts ouvrages dévorés, loin des chapelles, sinon celles du Jura aux toits de pierre et de bois, par des millions de gens.
  Comprenons-nous bien: il ne s'agit pas de comparer les mérites respectifs du "dépressif" du Gâtinais et du bûcheron franc-comtois. Leurs oeuvres, pas plus que leurs démarches, leurs postures et leurs convictions - quoi que... - n'offrent de vraies similitudes. Qu'on nous permette simplement d'y mieux mesurer, parfois jusqu'au vertige, l'indécent grand écart auquel sont soumises, au fil des ans, ces notions floues que sont, en art, le goût et la reconnaissance, l'emballement et la postérité, le lâchage et la fidélité.
   Allez, terminons par une hypothèse. Et si, un de ces quatre, Michel Houellebecq rédigeait un vibrant éloge de Bernard Clavel? Dans La Carte et le territoire, il rend bien un hommage aussi inattendu sous sa plume que mérité pour l'intéressé, à un autre laissé-pour-compte de l'ingrat monde des Lettres: Jean-Louis Curtis (1917-1995). Curtis avait lui aussi obtenu le Goncourt. C'était en 1947 pour Les Forêts de la nuit. Ces forêts où il rôde aujourd'hui, si loin des splendeurs de chez Drouant, avec Clavel et tant d'autres, avant que l'histoire littéraire ne rende son jugement dernier. Au minimum dans un siècle ou deux, "particules élémentaires" comprises. D.P.
(Cette chronique a été publiée,

dans une version légèrement modifiée,

dans l'hebdomadaire "Voix du Jura",

n° 3452, semaine du 20 au 26 janvier 2011). 

 

Ferrat, Chabrol:

l'émotion consolatrice
   Drôles d'hommages, quand on y pense. Il y a quelques mois, la France, larme printanière à l'oeil et lyrisme aragonien aux lèvres, n'en finissait plus de saluer Jean Ferrat. La télévision nationale, on s'en souvient, n'hésita pas à retransmettre en direct les obsèques de l'"échappé"  ardéchois, un peu à la façon d'une étape de la "Grande boucle" dans un col cévenol. Et les foules bigarrées ne cessent, depuis, de se bousculer dans l'étroit cimetière basaltique, lors d'un fervent ballet qui ne manquerait pas d'agacer le discret compagnon des petites routes et des pensées rebelles.
   C'était en mars dernier, entre les deux tours d'une élection que les "bonnes gens"  boudèrent en une obstination inversement proportionnelle à celle qu'ils insufflèrent dans leur "au revoir" au chantre de La Montagne. Et voici donc qu'un semestre plus tard disparaît Claude Chabrol, sous un concert de louanges et face une émotion, certes pas tout à fait de la dimension de la précédente, mais néanmoins étonnante par son impact à la fois médiatique et intimiste.
   Holà, que se passe-t-il donc pour qu'un pays peu réputé pour aimer ses artistes - c'est un euphémisme - manifeste ainsi, coup sur coup, sa sympathie et son chagrin? Un tel engouement se justifie évidemment, au-delà de la force des couplets ou des films des deux créateurs, par la somme d'admiration et de proximité qu'ils inspiraient, chacun de son côté. Le premier par son insolente tendresse et ses engagements jamais feints. Le second par son observation espiègle et grinçante de la société. Mais sans doute faut-il voir également, dans ces effets conjugués de complicité populaire, des éléments d'ordre plus circonstantiels. L'interprète de Ma Môme et le cinéaste du Boucher, dans des registres répétons-le fort différents, n'en incarnaient pas moins l'un et l'autre, y compris sans doute jusque dans les propres limites de certaines de leurs oeuvres, une honnêteté, un goût du travail bien fait, un attachement à la mémoire et un indéfectible respect des individus. Autant de valeurs, faut-il le rappeler, qui font particulièrement défaut en une époque de cynisme roi, de politique dévoyée, de chasse aux minorités ethniques, de charters vrombissant d'indécence sur le tarmac glissant des campagnes électorales...
   Impossible de réécouter une chanson de Ferrat ou de se "repasser" un film de Chabrol sans s'imprégner des bénéfiques célébrations de la patience, de la malice, de la tolérance et de la liberté. Et puis, avons-le, nous ressentions une vraie consolation à les voir l'un et l'autre, moustache frémissante ou pipe en bouche, parler soupes d'autrefois, vins de terroir et pourfendre en se marrant "les cons qui n'arrêtent pas de voler et les autres de les regarder", cela en une époque où la fumée conviviale, le verre entre amis et l'humour décapant tombent sous le coup de la loi, alors que la "bêtise d'Etat" entache le pays du droit de Roms. 
   Entre "ombre faite humaine" et "oeil de Vichy", entre "amour cerise"  et adultères provinciales, Jean Ferrat et Claude Chabrol étaient tous deux, à leur manière, d'Antraigues à Sardent, d'éloquents refrains en travellings suggestifs, inscrits à l'inventaire de nos monuments historiques familiers. Continuons à nous précipiter pour la visite en groupes de leurs battements de coeur, de leurs ricanements, de leurs univers, de leur exemplarité. Alléluia et Moteur! D.P.

   

 La rentrée littéraire,

quelle vacherie!
 Elle est retrouvée. Quoi? La rentrée littéraire qui n'a, avouons-le, pas grand'chose à voir avec l'éternité rimbaldienne. Les libraires transpirent. Les attachées de presse s'enfièvrent. Les chroniqueurs frottent leurs lunettes et affûtent leur sens critique. Un peu partout on compte, on compare, on spécule. Au juste, 701 romans, dont 497 français, ça fait combien de plus, de moins ou de pile poil pareil que l'année dernière qui, elle-même, etc. Drôle de phénomène bien de chez nous que cette espèce de foire d'automne où l'on remplace les bestiaux par des bouquins et les viriles clameurs des enchères par des maquignonnages autour des prix. Palpez un peu cette Nothomb, vous m'en direz des nouvelles. Et le dernier fleuron de la race Houellebecq, visez-moi cette encolure. 
   S'il y en a une qui ne risque pas de s'offusquer de la métaphore bovine, c'est bien Claudie Gallay. La petite femme aux yeux bleu pervenche, propulsée directement de ses terreuses origines nord-iséroises aux "déferlantes" du succès, a écrit son nouvel opus, L'Amour est une île, (Actes Sud), dans sa bergerie du Charolais. Avec des broutards crème meuglant sous sa fenêtre. Avec un ciel pluvieux comme vache qui pisse. La-bas, du côté de La Clayette et de Semur, il y a les prés sans Saint-Germain. Et les éleveurs, qui tordent leurs casquettes à l'heure d'écorner leurs troupeaux, se fichent de l'embouche romanesque comme de la première litière de leur stabulation.
   Ils ne dévoreront ni Despentes, ni Forest, ni Volodine. Ni Linda Lê, ni Adam, ni Claudel. Et encore moins Breat Easton Ellis et J.M. Cootzee. Pas le temps. Propos un brin savants. Bref, un monde qui n'est pas le leur. Claudie, ce n'est pas pareil. Elle est presque d'ici. Elle cause comme l'ultime épicière du coin qui fait dépôt de pain et de journaux. Pas mince, le compliment.
    Cette fois-ci, c'est vrai, elle s'est embarquée du côté du festival d'Avignon l'année de la grève des intermittents. Evidemment, on s'en fiche un peu sur les rives de la Grosne, de la Guye ou du Grison. Mais sûr, la prochaine fois, elle parlera des gens du cru. A commencer, peut-être, par les habitants de Saint-Ythaire. Saint-Ythaire, c'est entre Bonnay et Curtil-sous-Burnand. 122 âmes en colère contre le projet d'implantation de cinq éoliennes. Un super sujet pour l'écrivain qu'on a même aperçue l'autre soir au "Vingt heures" de TF1.
    Les révoltés de Saint-Ythaire? A moins que ce ne soient les Don Quichotte de Bény. Bény, c'est au coeur de la Bresse, de l'autre côté de la Saône. Là, c'est contre la future Ligne à grande vitesse qu'on se mobilise à coups de calicots et de banderoles accrochés aux barrières des fermes et des villas avec, parfois, des slogans en patois: "LGV, to ka t'nallo!" ("LGV, tu n'as qu'à t'en aller"!).
   Des hélices géantes bientôt essaimées dans le paysage si cher jadis aux abbés de Cluny ou des trains fous écrasant prochainement l'AOC des célèbres volailles aux pattes bleues. Fichue alternative, quand on y pense. D'autant plus que, dans ce décor de pseudo-polar rural, on ne discerne pas la moindre librairie à l'horizon. Alors, dites, où c'est qu'on va les trouver, à Saint-Ythaire, à Bény ou ailleurs, les 701 titres annoncés? Houellebecq a raison: il convient de revoir de toute urgence "La carte et le territoire". Ah! quelle vacherie, par ici, la rentrée littéraire. (Fin août 2010). D.P.

 

Quelques nouvelles de par ici
 
 
    Je vais vous donner un peu des nouvelles de par ici. C'est où par ici? C'est chez moi. Enfin, je veux dire pas loin. A la rigueur juste à côté. Le décor, vous le connaissez. Il y a un village avec son clocher vaguement roman. Le presbytère transformé en gîte rural. L'épicerie où l'on vend des caramels pour les gosses et des asticots pour la pêche. Le calme règne jusqu'au milieu de l'après-midi. C'est à ce moment-là que les tracteurs ramènent les voitures de foin dans les fermes. Les travaux agricoles, cette année, quelle galère: on est passé directement de l'hiver du mois de mai à la canicule du solstice! Vers dix-huit heures, dix-huit heure trente, les gosses font des pirouettes à bécane et les ados, sur la placette, gloussent dans leurs téléphones portables sans jamais déclarer forfait. Ensuite, le boulodrome de fortune prend  doucement des allures de petit G20 provincial.
    Imperturbable, l'employé municipal arrose les fleurs. Ou ce qu'il en reste. Le week-end dernier, des dadais en goguette ont piétiné les terre-pleins. "Saloperie de désoeuvrés!" maugrée Jean en lisant l'entrefilet dans la chronique locale. Jean, c'est le facteur. Après sa tournée, il aime bien prendre un verre. Le seul café qui n'a pas encore baissé rideau aligne trois tables sur le trottoir. Les autres troquets ont tous fermé. Trop de travaux pour se mettre aux normes. En sirotant son panaché, le préposé s'attarde sur le journal du coin. Les décès, les mariages, les naissances, les accidents... Il lit aussi le billet, en haut à gauche de la page 2. Il y a même la photo du chroniqueur qui tient un bouquin dans ses mains. En regardant de près, on découvre le titre et l'auteur. C'est Après beaucoup d'années de Philippe Jaccottet.
    Jaccottet est un immense poète qui vit dans les parages. Mais personne ne le connaît vraiment. Jean s'en fiche. Lui, ce qu'il recherche dans son canard, ce sont les infos pratiques. Ou les échos du conseil municipal. L'annonce des fêtes d'été. Les vide-greniers des alentours. Mais à la Une, il y a cette photo. Un ministre et sa femme "dans la tourmente". Eric et Florence Woerth, ils s'appellent. Pierrot, le patron du café, qui vient faire un brin de causette à Jean, prononce ce nom à sa façon. Il dit "Voerte" et ça sonne un peu comme un hommage aux absinthes verlainiennes d'autrefois. "Tous pareils, hein, y'en a pas un pour racheter l'autre!". Jean, le regard rivé aux résultats du "Mondial" de foot et au classement général du Tour de France, ne répond rien. Ou alors il fait "hum hum" et bien malin qui pourrait comprendre si c'est une approbation ou l'inverse. 
  Rien ne bouge, ou presque. Il y a juste un soupçon d'électricité dans l'air. La grêle est annoncée pour le soir mais, c'est bien connu, "à la météo, ils se trompent tout le temps...". N'empêche, il faut hâter la fenaison. Demain à l'aube, les fourches hydrauliques des colossaux Renault ou John Deere payés à crédit planteront leurs dents dans ces rouleaux herbeux qui, au mitan des parcelles de la PAC, ressemblent aux chignons lavande des aïeules de ce "pays". Ce "pays" qui pleure et qui rit, qui meurt et qui vit. Ce "pays" qui attend les touristes. Ce "pays" en jachère où, dans les villas des lotissements en extension, Internet remplace désormais l'épicier qui faisait jadis sa tournée en klaxonnant à travers des hameaux pleins de vieux taiseux et de chiens tout en gueule. 
  Voilà, ça se passe par ici un jour brûlant de juillet. Plus tard, peut-être, je vous donnerai des nouvelles de par là-bas. C'est où par là-bas? C'est du côté de par ici. Si jamais, un de ces quatre, vous avez l'occasion, arrêtez vous quelques instants, on parlera un peu de Jaccottet. "Faites passer, disait la terre elle-même, ce matin-là, de sa voix qui n'en est pas une. Mais quoi encore? Quelle consigne?" (Juillet 2010). D.P.
 

    

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